Samedi 25 mai — 10 h 45 — ???

Dans un endroit sombre, inconnu de tous si l’on regarde par la géographie du continent où se situe Atmos, Tayla McKenzie marche d’un pas assuré. Elle se trouve dans un endroit fantôme, loin des bordures du pays.

Dans l’allée qu’elle traverse se trouve un paquet de points rouge en haut d’elle. Il s’agit de caméra de surveillance qui regarde Tayla marcher.

Dans les ombres sont dissimulés ces mêmes soldats blancs d’il y a deux jours. Ils regardent la femme d’affaires empiéter sur cette terre inconnue, un salut digne de l’armée à leur disposition pour la directrice.

Tayla approche une porte gargantuesque. La lourdeur des lumières artificielles frappe de plein fouet.

«Bon sang, on aurait du mettre ça moins fort», critique la directrice de Vil de Ville.

À côté de la porte se trouve un cadre où Tayla compose un code sans soucis. Un son positif retentit de l’appareil, qui se transforme en un test de sang par le biais de la paume. Tayla place sans hésiter sa paume. En seulement deux secondes, elle sent que sa main se fait piquer. Sur l’écran il est marqué «Analyse de sang complète — Tayla McKenzie, autorisé».

Les barrières s’ouvrent avec tout le suspense d’un film d’action.

Passé la porte se trouve une salle de contrôle, avec au moins une cinquantaine d’écrans qui regardent tous les recoins importants du pays. Un écran plus gros que les autres est placé au milieu de l’amalgame de moniteurs. Cela n’inclut pas les vingtaines d’ordinateurs postés qui servent de machine de télécommunication, d’espionnage et de piratage.

Toute cette technologie est en dessous de cette grande plateforme semi-circulaire, connectée à toutes les touches et contrôlée par le biais d’escaliers.

Lorsque Tayla met ses pieds dans la salle, une foulée de personnes habillées de ce même blanc de lait écrémé se tourne vers elle. Autant des techniciens que des scientifiques se trouvent dans la salle énigmatique. Ils envoient tout un chacun un salut militaire honorable envers la directrice.

«Bienvenu, Tayla McKenzie», s' exclame à cœur l’armée.

Tayla retourne leur salut militaire en guise de salutation formelle.

Deux personnes sur la plateforme piédestal performant le salut en l’a voyant arrivé :

Le premier est un vieil homme atteint de calvitie sur le top de sa tête, des lunettes de ski sur son visage qui complimente sa barbe exceptionnelle. Son manteau blanc est beaucoup trop grand pour la petitesse de sa taille, dépassant ses genoux. Il marche avec une canne, d’un air grognon malgré le salut militaire.

L’autre est une jeune femme, dans la même tranche d’âge que Riana et Geneviève, qui se garde des cheveux blancs courts et une chemise blanche de travail un peu lousse. Une robe d’un gris foncé lui arrive au niveau des genoux. Les runnings shoes qu’elle porte ne match pas son regard confrontant, presque irrité.

C’est en regardant cette femme que Tayla se rend compte de la sévérité de cette rencontre impromptue.

«Pinocchio. Lucia. Contente de vous revoir. Vous m’avez définitivement manqué», exprime Tayla sous un ton sarcastique.

Le célèbre Pinocchio Lavagabonde laisse une grimace emprunt de moquerie s’évader de sa gorge.

«Te fout pas de moi, McKenzie. On te manquera encore moins avec ce que nous avons à te dire», annonce froidement le vieux scientifique. «Imagine perdre des documents importants et garder ça dans une bibliothèque. Avoir su que j’aurais proposé une idée pareille j’aurais creuser ma propre tombe.»

«C’est assez, grand-père», intervient Lucia, toujours les yeux fixés sur Tayla. «Madame McKenzie, pouvez-vous nous donner des mises à jour sur la situation? Toska nous a révélé plus tôt ne pas avoir trouvé les documents que vous recherchez.»

«Navré, mais je n’ai pas plus de nouvelle là-dessus. J’ai mis Alex Crochart sur l’affaire. Il devrait me revenir sur quel document nous avons exactement perdu.»

«Comment ça tu ne sais pas qu’elle document tu as perdu!», conteste Pinocchio. «C’est un beau bordel. Le navire va bien naviguer en mer, avec ce trou tout en bas du vaisseau! Dites-nous que vous avez une bonne raison de faire partir cette réunion en présentiel!»

«En fait, oui, monsieur Lavagabonde», annonce Tayla. «J’ai retrouvé la cible.»

Lucia et Pinocchio sont bouche bée par cette nouvelle.

Au moins la moitié du personnel présent dans la salle arrête toutes leurs opérations. Cette nouvelle est incroyable.

«Alors ça, c’est à en réparer le navire», remarque le vieux scientifique en remplaçant ses lunettes de ski.

Lucia garde sa posture défensive, mais semble enchantée par la nouvelle, dans une joie muette et discrète.

«La vraie question maintenant», reprend Pinocchio. «Comment êtes-vous rentrés en contact avec la cible, mademoiselle Tayla? Sans vous offenser, nous avons passé les dix dernières années à la chercher sans succès, malgré toutes les caméras de surveillance placées dans la ville».

Tayla garde un sourire narquois proche d’elle.

De sa poche, Tayla sort un disque dur des quelques caméras de surveillance et le passe à un employé, qui sans tarder court vers un poste libre et le fait jouer sur son ordinateur.

«Tout le monde, je vais transférer au format XX large les données de McKenzie», crie l’employé.

De loin, Lucia lui donne l’accord de sa décision et l’employé déplace les fichiers vidéo vers l’écran géant. Tout le monde regarde attentivement.

Il y a effectivement Tayla McKenzie, à Vil de Ville, qui interagit à l’écran avec la jeune femme aux cheveux vert émeraude.

Lucia et Pinocchio restent abasourdis pour des raisons complètement différentes. Lucia regarde cette femme avec une sensation nostalgique. Pinocchio est accaparé par son propre dégoût.

«Seigneur. Cette femme a du culot de se masquer comme étant une citoyenne d’Atmos», insulte-t-il

De la rage s’infiltre chez Lucia Lavagabonde face au commentaire de son grand-père.

«La vérité, c’est qu’elle est venue à moi directement, dans notre bibliothèque, Jeudi 23 mai», continue Tayla. «Ma théorie est qu’elle a encore quelques souvenirs corporels de mon existence, et que quelqu’un l’aurait dirigée vers moi. Sa personnalité et son identité seraient complètement transformées».

«Étrange», admet Lucia.

«Plus comme impressionnant!», rétorque le grand-père.

«Dites-nous, McKenzie, l’identité courante de la cible.»

«Riana Perle Jr.», répond Tayla d’un ton franc et déçu. «J’ai aussi pu retirer quelques détails prêts. Il semblerait que le traître soit lié à ça.»

Les griffes sortent de la jeune femme.

«Bien sûr que le salaud est encore là», grogne Lucia.

«Ce qui est sûr et certain, c’est que nous avons une piste sur la cible. C’est déjà plus de progrès qu’il y a dix ans», s’exclame la directrice de Vil de Ville dans une tentative de mettre du positif dans la conversation.

«Très vrai!», sort avec extase Pinocchio. «Alors là, la couronne va se remplir d’eau. Cela arrive pile au moment où l’apparition des démons augmente gravement dans la populace. Si on peut retrouver la cible rapidement, la balance du pouvoir reviendra dans nos mains!»

«Dois-je rappeler que nous ne sommes pas là pour conquérir, mais pour sauver notre peuple, grand-père?», rétorque la jeune Lucia en colère.

Le vieux scientifique grimace en réponse.

«Ridicule! Ce peuple ne nous donnera pas cette reconnaissance tant qu’on ne les force pas à nous reconnaître! C’est le prix à payer pour n’être que des sans nom!», argumente Pinocchio, qui marche lentement vers la grande porte, laissant les deux femmes dans cette salle. «Nous devons reprendre la cible, et au plus vite!»