Épisode 1 – Le vide intérieur
Me voici, Henriel, 28 ans. Et toujours aussi triste… à l’intérieur.
J’aimerais que les choses soient claires : je ne suis pas une personne qui se victimise. Je suis juste une personne incomprise.
Bref.
Revenons au début. À l’époque où ce vide a commencé à grandir en moi. Je crois qu’à ce moment-là, j’aurais dû être plus claire avec mes sentiments.
Ah… en fait, je l’ai été. Une fois. Avec ma mère.
Mais je crois qu’elle m’a trouvée… ennuyeuse. Ou peut-être que, comme à son habitude, elle a fui. Elle fuit tout ce qui pourrait ressembler à de la faiblesse.
Ma mère, c’est ce genre de femme forte : celle qui nous pousse à devenir du béton. Parce qu’elle, très jeune, a déjà affronté l’abandon, le rejet, les blessures… sans jamais pouvoir flancher.
Mère d’un garçon et d’une fille, ce n’était pas facile.
Le père de mon frère ? Présent, attentionné.
Le mien ? Il a signé mes papiers à la mairie… puis il a disparu.
Je me souviens vaguement de l’un de ses retours. Il voulait me récupérer. M’emmener avec lui dans un autre pays.
Mais la famille n’a pas compris. Comment pouvait-il revenir comme une fleur, après avoir abandonné ma mère et moi ? Bien sûr… ils l’ont chassé.
En colère, il a dit de moi :
— Si je ne peux pas prendre cette enfant… alors je dirai simplement qu’elle n’aura jamais d’avenir.
Ce sont les paroles de mon père.
Un homme abattu… ou peut-être simplement frustré de ne pas obtenir ce qu’il voulait.
Ma grand-mère, très spirituelle, affirmait que ce genre d’homme avait besoin de sacrifices d’enfants pour réussir. Pour « monter » dans la société.
C’est peut-être là, dans cette confusion entre rejet, colère et silence, que j’ai vécu… le grand rejet.
Être incomprise, ça allait encore. Mais être frappée, ignorée, écrasée, pour un oui, pour un non…
Je me suis effondrée, intérieurement.
Mon regard est devenu vide. Pour une enfant, ce n’est pas normal.
Plus envie de jouer. Plus d’envie d’accrocher à la vie.
Juste ce vide intense et indescriptible.
Les objets pointus autour de moi me paraissaient… beaux.
Pas pour les utiliser sur quelqu’un d’autre.
Non.
Pour moi.
Ma mère a ensuite eu une autre fille avec un homme étranger. Elle est partie vivre avec lui.
Mon frère, lui… il a choisi de se laisser emporter par les joies de la liberté :
• Boissons
• Fêtes
• Femmes
• Argent
Toutes les joies de la jeunesse, comme il dit.
Bref, pour faire simple : mon frère est un gigolo.

Comments (0)
See all