Il ne s’est rien passé aujourd’hui.
Et pourtant, je suis fatiguée.
Fatiguée de ne rien faire.
Fatiguée de trop penser.
Fatiguée d’exister dans le vide.
Je n’ai parlé à personne.
Je n’ai pas quitté ma chambre.
Je n’ai pas pleuré non plus.
Je suis restée là, allongée, les yeux ouverts sur le plafond,
comme si j’attendais que quelque chose tombe du ciel.
Mais il ne tombe jamais rien.
Seulement le poids de mes pensées.
J’ai entendu la maison vivre sans moi.
Les pas. Les portes.
Des rires lointains.
Une cuillère qui tombe.
Et puis… le silence.
Le silence est devenu mon quotidien.
Pas celui qui repose.
Celui qui écrase.
Celui qui colle à la peau comme une sueur froide.
Ce matin, quelqu’un a frappé doucement à ma porte.
— « Henriel ? »
J’ai reconnu la voix.
Ma sœur.
Elle a attendu.
Un instant.
Peut-être deux.
J’ai retenu ma respiration, comme si ça pouvait me rendre invisible.
Elle n’a pas insisté.
Elle est repartie.
Et dans le vide qu’elle a laissé,
j’ai senti mon cœur faire un bruit étrange.
Pas un battement.
Un genre de cri étouffé.
Un cri que je n’ai pas poussé.
Mais que j’ai entendu en moi,
fort, soudain, inconnu.
Est-ce que j’aurais voulu qu’elle entre ?
Est-ce que j’aurais voulu qu’elle me prenne dans ses bras ?
Qu’elle me dise que c’est fini, que ça ira ?
Peut-être.
Je ne sais pas.
Je ne sais plus ce que je veux.
Amélie m’a dit que j’avais bien fait.
Que les gens finissent toujours par trahir.
Que leur amour est conditionnel.
Qu’il vaut mieux se taire que de supplier encore.
Elle avait raison.
Elle a toujours eu raison.
Mais aujourd’hui…
Sa voix m’a semblé différente.
Moins sûre.
Comme si, elle aussi, commençait à douter.
Et ça m’a troublée.
Comme si une partie de moi — celle qui s’était enfermée —
commençait à respirer,
même juste un peu.
Je me suis levée.
Pas par envie.
Par instinct.
J’ai ouvert la fenêtre.
Juste un peu.
L’air du dehors m’a glacée.
Mais il avait un goût que je n’avais pas ressenti depuis longtemps.
Le goût de quelque chose d’autre.
De quelque chose de vivant.
Le monde faisait du bruit, dehors.
Pas très fort.
Mais assez pour que je l’entende.
Assez pour que je me demande si j’y avais encore une place.
Je suis restée là.
Pas en paix.
Pas bien.
Mais… en attente.
Le silence ne me protège plus autant.
Il devient lourd.
Trop lourd.
Et je ne suis plus sûre d’avoir envie qu’il gagne.

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