Trois mois de pensées chaotiques.
Trois mois à chercher autre chose.
Autre chose que ce silence. Que cette douleur.
Mais j’ai fini par ouvrir une porte qu’Amélie m’avait interdite.
Une chaleur. Une tendresse.
Quelque chose de dangereux.
Quelque chose qui fait mal quand on y croit trop.
Alors j’ai voulu fuir. Encore.
J’ai pensé : Non… non. Je ne veux plus qu’on me touche.
Mais il était trop tard.
Avec tout ce désordre en moi,
j’ai fini par voyager.
Encore une fois, sans vraiment le vouloir.
— Comment j’ai quitté mon coin ?
Vous vous demandez sûrement.
Je ne saurais pas dire…
J’ai juste accepté cette petite lumière qui brillait près de ma petite sœur.
Elle m’a emmenée dans une ville inconnue.
Magnifique. Douce.
Et pendant un instant, j’ai cru que j’avais le droit…
Le droit d’être heureuse.
Je me regardais dans le miroir,
essayant de sourire.
Mais ce visage…
Ce visage ne connaissait rien à ce monde.
Tu es bien stupide, Henriel,
je me disais.
Profite tant qu’elle te veut encore… Tu finiras par tout gâcher.
— Toc toc…
— Grande sœur ??
C’était elle.
Ma sœur.
Celle qui essaie encore d’être là pour moi.
Je ne sautais pas de joie.
Mais en moi…
Tout était calme. Doux.
Je me suis demandé :
Qu’allons-nous faire aujourd’hui ?
Elle voulait me faire visiter la ville.
Aaah… l’espoir.
La joie.
Ces sensations qu’on croit éternelles…
Mais quand j’y repense…
Quelle idiotie.
J’étais si faible.
Elle s’est approchée.
S’est assise près de moi.
— Yaya, je voulais te dire un truc super important…
Je ne répondais pas à voix haute.
Mais j’étais là.
Présente.
Pour entendre.
— S’il te plaît, attends-moi.
— Juste un an.
— Je suis venue sur un coup de tête, quand j’ai su que tu n’allais pas bien.
Et là…
Cette lumière en moi a vacillé.
Elle a chuté.
Je ne pouvais pas parler.
Je n’avais pas le droit de demander plus.
Calme-toi, Henriel…
Arrête.
— Écoute-moi, Yaya.
— Je retourne finir mon diplôme.
— Je te promets que je reviens.
— Je te laisserai pas seule, OK ?
— Tu verras, un an passe très vite.
Mais moi…
Je ne pouvais pas la retenir.
Je ne pouvais pas lui demander de rester.
Pas pour une erreur comme moi.
Alors j’ai juste posé ma main sur la sienne.
Comme pour dire : Vas-y.
De toute façon… j’ai l’habitude.
Et elle est partie.
Comme elle l’avait dit.
Je suis allée vivre chez un frère de ma mère.
Le plus grand.
Et si vous pensez que j’avais déjà souffert…
Non.
Ce n’était que le début.

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