Il faisait nuit.
Mais pas juste dehors.
Dans ma tête aussi, c’était la nuit.
Je ne savais pas où aller.
Je n’avais pas de plan.
Je n’avais que ce sac sur l’épaule et une boule dans la gorge.
Je marchais, parce que rester était impossible.
Je marchais, parce que fuir était devenu vital.
Je crois que personne ne réalise ce que ça fait d’être chassée.
Comme si on était une erreur.
Comme si on méritait le rejet.
J’avais honte.
Honte de ce que je venais de vivre.
Honte d’avoir été faible.
Mais surtout, une colère froide me portait :
je n’étais pas une chose qu’on jette.
Je pensais à ma mère.
Je pensais à ce silence.
À ce pardon.
Et à cette promesse qu’elle m’avait faite.
Elle ne savait pas.
Ou elle ne voulait pas voir.
Mais moi, j’avais vu.
Et ressenti.
Je me suis assise quelque part. Un banc. Une marche. Je ne sais plus.
Le sol me paraissait plus accueillant que la maison que je venais de fuir.
J’ai pleuré. Pas fort. Pas bruyamment.
Je pleurais comme j’existais :
en silence.
Et là, dans le noir, entre deux sanglots, j’ai compris une chose :
Je ne pouvais plus attendre d’être sauvée.
Je devais me sauver moi-même.
Même si j’étais jeune.
Même si j’avais peur.
Même si je n’avais rien.
Ce soir-là, j’ai décidé de devenir mon propre refuge.

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