« Eeeh, oooh Henriel ! » C’était Dornelia.
« Oh… » Je revenais à moi et constatais qu’ils me fixaient tous.
« Tu vas bien ? » demanda son copain.
« Oui, bien sûr. »
« Ma puce, si c’est trop fort pour ta première fois, on peut rentrer… »
« Non, t’inquiète pas… je réfléchissais à la proposition. »
Dornelia sourit. « Si tu veux, tu peux dormir au salon chez moi, je n’ai qu’une chambre. »
« Pourquoi ? Avec tout ce qu’elle a vécu, elle a besoin de liberté et de découvrir la vie sans mère poule autour d’elle. »
« Qui tu traites de mère poule ?! Répète ! » se chamaillaient-ils, me laissant observer, perdue dans mes pensées.
« Eeeh, suis-moi ma puce. » Dornelia m’emmena aux toilettes. Après s’être soulagée, elle s’assit sur le rebord du lavabo et alluma une cigarette.
« Tu fumes ?? » demandai-je, étonnée.
« Oui, depuis peu… ça m’aide à calmer le stress. »
« Mais ça rend malade… »
« Aaah je sais, du calme… mais trouvons d’abord où tu vas dormir. Alexandrin est mon meilleur ami, il est simple et gentil… sa famille n’a pas été sympa avec lui non plus, mais il avait les moyens de consoler son cœur. »
Je la regardais, confuse.
« Pourquoi tu m’expliques tout ça ? »
« Parce que je vois que tu es effrayée. »
« C’est faux !»
« Si. »
« Non ! »
« Oooh, que si… »
Elle insistait, me poussant à m’exprimer. Je finis par lui avouer :
« Oui, j’ai bloqué parce qu’il est beau… et par peur de me retrouver dans la même atmosphère de dépendance que chez moi. Ce n’était pas que je voulais te voler ton ami. »
« Arrête, tu vois le mal partout toi… » dit-elle en me prenant dans ses bras.
Elle me lança ensuite, comme pour détendre l’atmosphère :
« Tu as eu un coup de foudre ? Hein ? Hein ? Hein ? »
« Non… juste qu’il m’a intriguée. »
« Ok, il est beau, mais ce n’est pas quelqu’un avec qui tu dois être, compris ? »
« Pourquoi insister ? Je viens à peine de le connaître… »
« Je vous aime tous les deux… profitez de ce séjour pour découvrir la vie et trouvez votre chemin. »
Nous marchions pour rejoindre les autres, et je ne pus m’empêcher de lui répondre :
« Dornelia… ton ami peut aussi ne pas tout te dire ou te montrer. »
« Quoi ? »
« Il peut décider de te faire croire qu’il n’est pas attiré par les filles, pourquoi mettre des étiquettes ? »
Elle soupira, fatiguée de la discussion :
« Arrête… tu n’es pas prête pour ce débat, tu viens d’arriver et tu parles… je te rappelle que c’est mon ami. »
« Oui, tu as raison. Je me limiterai à ma chambre et chercherai un boulot. Je ferai tout pour partir avant que tu voies deux mois. »
Nous sortîmes finalement, et la proposition d’Alexandrin était claire : passer mon premier soir chez lui. Devant sa voiture, cigarette à la main, il m’attendait.
Il m’ouvrit la portière.
« Merci beaucoup. »
« Normal. »
Je restai deux petites secondes à le regarder, émerveillée, consciente que ce moment marquait le début d’un nouveau chapitre loin de mon passé. Nous montâmes ensuite dans la voiture, pris des pizzas, et rejoignîmes enfin sa maison.

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