Je finis par monter, décidée à fermer un peu les yeux.
— Bonjour mon bébé, lança Dornelia déjà prête à partir.
Nous prîmes le petit-déjeuner ensemble avant qu’elle ne parte avec son compagnon.
— Sois sage, je trouverai un téléphone pour toi.
— Non.
— Pourquoi ?
— Je n’en ai pas besoin pour le moment, tu pourras passer par ton amie pour me joindre.
— D’accord, mais je t’appelle après le travail. Et n’oublie pas, appelle-moi pour le moindre souci.
— Oui, t’inquiète pas. Bisous.
Ils partirent, et je crus pouvoir enfin me reposer. Mais en montant les escaliers, je le croisai.
— Salut.
— Salut.
Un silence lourd s’installa. Finalement, il brisa la glace.
— Tu montais te reposer encore ?
— Non… en fait je n’ai pas dormi.
— Ah, insomnie ?
— Pas vraiment. Ça m’arrive quand je cherche une solution à un problème trop important.
— Ah oui ? Quel genre ?
Au moment où je m’apprêtais à répondre, son téléphone sonna.
— Désolé… (il décrocha) Oui, j’arrive.
Je détournai les yeux, mal à l’aise.
— On en reparle ce soir, si tu veux ?
— Non, ce n’est pas grave.
— D’accord. Ne te prends pas trop la tête alors.
Il partit lui aussi. Je restai seule. J’essayai de m’occuper, fis un peu de rangement, pris une douche… puis je finis par m’endormir dans le salon, devant un documentaire sur des crimes.
Mais le sommeil m’emporta dans un cauchemar trop réel. Je revis ce passé sombre, ce viol qui me faisait me sentir impure, les coups de mon oncle, et cette pensée de l’irréparable. J’étais prisonnière de mon propre rêve.
Tout à coup, je me réveillai dans une étreinte. Je me débattais, affolée.
— Calme-toi…
Cette voix… J’ouvris les yeux. C’était Alex.
— Que fais-tu ?
— Et toi donc ? Tu allais tomber du canapé tellement tu étais bloquée dans ton rêve. Pourquoi n’as-tu pas dormi dans la chambre ?
— Désolée… je regardais un documentaire.
— Je vois. Mais tu devrais vraiment essayer de dormir la nuit. Le sommeil du matin n’est jamais réparateur.
— Oui, tu as raison. Merci, je ferai attention.
— Tu veux manger quelque chose ?
— Non… j’ai juste envie de voir autre chose qu’une maison.
Sans un mot de plus, il se leva. Vingt minutes plus tard, il avait changé de tenue. Il me tendit un pull et me prit la main.
Nous partîmes.
— Où on va ?
— Tu voulais prendre l’air.
— Oui, mais je pouvais aller sur la terrasse.
— Non. Tu avais dit vouloir voir autre chose qu’une maison.
Il m’emmena dans un club. Les gens étaient habillés simplement, mais on sentait que c’était un autre monde : celui des hommes riches, qui se permettent de tout savourer sans se presser. Alex parla à un serveur et bientôt, deux cocktails arrivèrent. Le mien était sans alcool.
Nous rîmes, parlâmes, et pour un instant, j’avais l’impression de respirer à nouveau. Sur le chemin du retour, il me demanda :
— Alors, ça t’a fait changer d’air ?
— Oui. Et toi ?
— Quoi, moi ?
— Tu étais bien ?
— Oui, malgré la fatigue. Parce que j’étais avec une amie en or.
— Non, c’est toi l’ami formidable, Alex. Allez, rentrons, tu dois te reposer.
— Tu as raison. Mais… au fait, tu devais m’expliquer quelque chose, non ?
« Mais pouvais-je vraiment me laisser aller à cette lueur de réconfort… ou n’était-ce qu’une illusion de plus ? »

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