C’était un soir normal; presque normal. L’agitation régnait autour de la table. Les rires, moqueries, cris, couvraient le bruit de la circulation dehors, très bruyante à cause des multiples accidents causés par le verglas. Les gens klaxonnaient avec fureur et certains étaient pris sur la même rue depuis trente minutes. Hum, hum… je suis en train de divaguer. Ce que je disais, en gros, c’est que c’était une vraie catastrophe à table. Les parents étaient en train de perdre le contrôle. En fait, ils l’avaient déjà perdu. Depuis longtemps en fait. Moi, j’étais, en quelque sorte, l’enfant sage. Jamais rien à ne lui reprocher. Celui qui passait inaperçu. Inaperçu jusqu'à ce que… oups! J’allais tout vous dévoiler! Une chance que je n’ai rien dit! Sinon… ça serait TERRIBLE!! J’en étais où déjà? Ah oui! Je disais que j’étais super sage. Je le suis toujours! Mais je l’étais aussi avant… moi, au moins, je me comprends! Bref! Avec tout ce bruit, j’avais besoin de calme. Et je n’étais pas le seul! Mon père a eu l’idée avant moi en fait...
-Moi, j’en ai assez de ce vacarme, je quitte la table, dit-il.
-Moi aussi j’en ai assez… je vais aller dans ma chambre, dis-je d’un ton pas vraiment assuré. Ma mère en a fait autant (Pourquoi tout-le-monde a la même idée que moi?) et a laissé la table sans surveillance. C’était une très mauvaise idée car, à la seconde où elle est partie, tous les enfants, excepté moi, ont commencé une bataille de nourriture. C’est là que je me rends compte que c’est très avantageux d’être calme car aucune suspicion n’a été portée sur moi! Mais ce n’est pas l'essentiel. Maintenant, je vais passer à l’élément déclencheur de l’élément déclencheur de mon histoire. (Oui, je sais, cette phrase n’avait aucun sens.) Moi, je suis un passionné d’art, vous savez et ma chambre est un peu une sorte d’atelier de peinture. Mes murs sont couverts de tableaux plus colorés les uns que les autres. Et le plus beau dans tout ça: je les ai tous peint par moi même. Pour me relaxer, je n’ai rien choisi de mieux que de dessiner un robot. (C’est là qu’il est l’élément déclencheur de l’élément déclencheur!) Je ne sais pas pourquoi mais leur forme cubique et cassée m’endort le cerveau, en quelques sortes. J’avais à peine terminé de peindre mon chef-d’oeuvre que mon alarme me disant que je dois me coucher dans pas longtemps retentit. Il était déjà 10:15! Je me mis à courir pour atteindre la salle de bain pour me brosser les dents. Après-coup, j’enfilai mon pyjama et m’endormis paisiblement, malgré les plaintes des ados dans la salle à manger qui étaient en train de ramasser la nourriture par terre. C’était comme magique. C’est vers minuit que ce bruit sourd me réveilla. (Le vrai élément déclencheur! C’est tellement excitant!) Mes yeux étaient entrouverts. Tout était flou. Soudain!
-Bonjour cher humain.
C’était la voix saccadée d’une sorte de robot qui me parlait. Un robot?! pensai-je. Je rêve. Ou bien je suis devenu fou. Pourtant, je ne savais pas que j’avais en réalité complètement tort.
-Je suis D-114. Le septième gardien, dit-il.
-Gardien de quoi? dis-je. Bon sang, je parle à un robot!
-Gardien tout court… on avait pas beaucoup d’idées donc on a juste décidé que ça serait les sept gardiens.
-Et qui est le premier?
-C’est toi. Bryan.
QUOIIII?? Je ne suis pas un héros ni rien là! J’ai juste 11 ans! En fait, ce n’était pas vrai mais bien sûr, je ne savais pas à ce moment-là.
-Pince-toi, dit… D-114?
Je m'exécute. Ça devait faire quelque chose? Sûrement pas car, juste après, il m’a demandé si j’avais l’air réveillé.
-Non, dis-je.
-Ça veut dire que tu ne rêves pas.
C’est vrai ça! Je suis bien conscient! Même que…
-ZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ…
Je tombai raide endormi avec le poid des informations.
Ce fût le lendemain matin que je me réveillai… encore une fois. Étonnamment, le robot avait disparu. Plus aucune trace de son passage sauf la toile vide où je l’avais pourtant dessiné. Aucun doute, ce n’était pas un rêve! Cette preuve est bien plus crédible que celle de tantôt!
Sur le chemin de l’école, j’avais aperçu un truc. C’était tout blanc et c’était grand. La seconde d’après, il avait déjà disparu…
Et puis, je me suis rappelé que je déteste l’école. Dès que je passe la porte, des grosses brutes viennent me faire chier. C’est d'ailleurs exactement ce qui s’est passé aujourd’hui.
-Alors alors! C’est le petit morveux qui arrive! Salut le morveux!
Ça, c’est Bob, un gros idiot de 10 ans. Il se vante de me brutaliser alors qu’il est plus jeune que moi. Quel idiot! Ça veut rien dire! Pourtant, il a un petit groupe de personnes qui le suit au doigt et à l’oeil. Pathétique! Je suis bien plus intelligent que lui mais il continue de dire qu’il est le meilleur. Pfffff… je referais la vision du monde que je ne serais même pas près de le dépasser dans son niveau de popularité. Alors là… ça va un peu loin.Ok. Je vais le faire. Je suis un gardien, pas vrai? Je suis sûrement capable de m’occuper d’une pauvre brute! Et bien, je ne savais pas que ce serait une super idée!
-Hey toi, vas t’en, dis-je
-Comment tu me parles? COMMENT TU ME PARLES TOI LÀ, dit-il
-Comme un humain qui serait tanné de toi.
-T’as aucune idée de à qui tu parles.
-Si. À quelqu’un qui est tellement nul qu’il ose crier après un gardien.
-Un gardien?!
-En fait… oublie ça.
En fait, c’était plus tard que ça allait se rendre utile.
Je continuai ma route, sans encombres. Tout le monde me regardait comme si j'étais un alien descendu sur terre pour dire que je garde une prison. Pourquoi un gardien de prison? Car j’ai parlé de gardien. Semble que Bob a enregistré ce détail et l’a pris au premier degré! Il ne m’a plus embêté de la journée! Plutôt cool mon idée!
Plus tard, dans le couloir, j’entendis des chuchotements à mon égard.
-Il est devenu fou? Ou bien…
-Pauvre petit! On devrait le conduire à l'hôpital!
-Ha ha! Gardien? Il se prends pour dieu?
Ça me rendais indifférent. Je crois que c’est parce-que je savais (ou plutôt je commençais à assumer) qu’ils avaient tort. Je me sentais plus cool jusqu'à ce que je me rende compte que je n’étais pas encore en classe. Il fallait vite que je me rendes car sinon, j’allais être en retard! Finalement, j’ai réussi à m'asseoir à temps. C’est alors que mon prof entama la notion des “pseudo” nombres négatifs. En fait, elle parlait juste de trucs comme ça.
-Donc, le rez de chaussée, c’est zéro et le sous-sol, c’est -1. C’est quoi le premier étage?
Ou bien...
-Si je suis au quatrième étage et que je veux descendre de 10 étages, à quel étage serai-je?
En gros, les trucs faciles. Je crois que c’était un des plus ennuyants de tous mes cours que je n’ai jamais eu. Je m’endormais presque! Tout ce qui me retenais de roupiller, c’étais ces gens vraiment énervants qui chuchotaient que j’étais descendu de pluton. Oh, et le prof qui parlait, parlait, parlait. Et si quelque chose pouvait étouffer ces bruits! Hélas, je n’avais rien sous la main. Ou presque. C’est là que j’ai décidé de voir si mon pouvoir fonctionnait. Je me suis dessiné des bouchons vite faits et puis, à ma grande surprise: rien ne se passa. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7… Je comptais les secondes. Un peu plus tard, je me rendais à trente. 27, 28, 29, 30… WOW! Soudainement, ils apparurent au dessus de ma feuille. je regardai sur celle-ci et il n’avais plus rien de dessiné dessu! J’avais l’impression d’être spider man au moment où il découvre qu’il a des pouvoirs! Sauf que moi, je savais déjà que quelque chose clochait avec mes dessins. (En gros, je voulais juste confirmer.) C’est à ce moment là qu’il est apparu…
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