En 2096, j’aurai 96 ans, tu seras celui que j’aurai toujours attendu. Je savais qu’un jour je te trouverai.
Notre établissement, une maison pour placer les âgés. J’aurai une santé fragile, toi une grande forme mais aucun souvenir (en 2096, un vaccin contre Alzheimer sera en cours de développement mais cette maladie ne sera toujours pas maitrisée).
Ta famille, cette dame, toujours inquiète de te voir vivre pleinement, surtout avec moi, toujours en pleurs et inquiète à chaque escapade sera tout simplement ta femme que ta mémoire aura lentement mais sûrement effacée.
A la fin de l’année 2096, avant les célébrations de la nouvelle année, elle ira voir le directeur pour te retirer de l’établissement, de notre « résidence de vieux ». Convoqués chez le directeur, en attendant que ton prochain sort te soit exposé, nous l’entendrons de l’autre côté de la cloison lister tout ce qu’elle ne peut plus supporter. « … Je n’en peux plus… après tout ce temps passé ensemble. C’est trop dur de le voir avec elle. Et s’il n’y avait pas en plus tous ces malheureux accidents. Il lui fait du mal ! Le jour où il l’a fait chuter en courant, le col du fémur cassé... La fois, où ils sont sortis de nuit, qu’elle a dû être hospitalisée en hypothermie... Les malaises à cause du milkanol qu’il lui ramène...»
Elle dira qu’elle a peur que je meure, qu’il meure. Que sa présence cause trop de troubles. En fait, nous on saura qu’elle a juste peur qu’il vive en l’oubliant, qu’elle ne peut pas accepter de vivre sans le contrôler, sans tout contrôler.
Ma famille, elle, n’avait pas été trop alertée par mes incidents. Au départ de mon aimé, mes enfants diront « oh il est parti, c’est dommage il était gentil ». Je mourrai peu de temps après, en 2097. Sur ma main, une petite tâche brune, mon ancienne brûlure devenue de plus en plus petite, sera en passe de disparaitre tout à fait. Ma famille dira qu’à 97 ans c’est normal et que j’ai eu une belle vie (c’est vrai que je serai chanceuse, la durée de vie moyenne en 2097 étant descendue à 90 ans à cause des changements climatiques). A l’enterrement, ils évoqueront mon travail, mes réalisations….
Ils oublieront mon grand amour de 2096.
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