Le départ
Aylia et Sytelc s’échangèrent un baiser d’encouragement puis débutèrent leur plan. Ils enjambèrent leurs dragons, cette fois sans se cacher, avec chacun un enfant attaché dans leur dos. Le roi fit un piqué directement au fond de l’océan et apparut de nulle part sur la place principale d’Aquapolis, la cité submergée. Les citoyens s’approchèrent inquiets. L’homme se mit debout sur l’animal et récupéra sa fille dans ses bras.
- Alors vous m’aviez oublié ? demanda-t-il, pierre de son à la gorge pour que sa voix atteigne tout le monde. Vous ne souhaitiez sûrement pas me revoir, suite à tout ce qu’il s’est passé, et à vrai dire, tant mieux : j’abdique ! J’étais parti pour aider ma femme à mettre au monde ma fille que voici et qui me succèdera…
- Majesté, veuillez me suivre au Palais.
- Juste Sytelc, je ne suis plus roi, sourit celui-ci après être descendu de son dragon qui se faisait rentrer par un des gardes.
Dans la salle principale du château Aylia les attendait. Tournant en rond.
- Tu es déjà là, Amour ? s’inquiéta l’époux.
- Je n’ai pas eu à faire de discours, Rosalinde m’a arrêtée. Nous sommes convoqués pour le jugement.
Les gardes autour d’eux se firent menaçants.
- Je ne peux être jugé par le conseil de ton royaume, c’est absurde…
- Pas celui de mon royaume, celui des Souverains devant les Esprits en au nom du Règlement du Guerrier.
- Et ton plan de négociation ?
- J’ai bien peur de ne rien pouvoir faire face aux souverains des autres royaumes…
Sytelc avança vers son épouse, mais celle-ci fut enlevée par la garde d’Or de son royaume. Elle le salua, les yeux brillants, alors que lui-même était escorté par Mysra au lieu de jugement -servant de lieu de réunion au Conseil des Souverains toutes les lunes-, les ruines du Temple de la Lumière.
Traité comme des criminels, les époux furent jugés séparément. Dragon semblait profondément désolé mais, comme l’avaient énoncé Déis et sa femme, dont le mot d’ordre ne résidait pas dans la compassion, le Règlement du Guerrier était formel. Leurs actes tenaient de haute trahison et méritaient la peine capitale.
La décision finale appartenait maintenant aux esprits. Sytelc posa son alliance sur la balance dorée du temple. Le suivant dans son geste, sa conseillère posa un tentacule de méduse dans l’autre plateau honorant les esprits de la mer. L’objet mystique oscilla avant de pencher en faveur du tentacule.
Furieux, le Roi sortit de la salle en balayant d’une vague déferlante les gardes qui tentèrent de l’arrêter, et rentra à son château. Cela n’était pas dans ses habitudes, mais il se permettait d’agir ainsi car sa femme n’était pas là pour le voir.
Le lendemain à l’aube, alors que les cloches résonnaient dans la capitale du royaume de l’Air et que le peuple s’amassait sur la place principale, les deux souverains furent amenés à leur funeste sort. Des larmes roulaient sur les joues de la jeune mère, si souvent souriante. Son mari vint se positionner derrière elle et lui susurra à l’oreille :
- Nos filles nous vengerons ! Ce sont des battantes.
Le Roi de la Terre tint un discours élogieux envers son ami et compagnon d’arme. Celui de l’Ombre fit de même pour la Reine, bien que l’on pût facilement reconnaître la patte de la Matriarche, censée rendre l’accusé plus innocente.
La Reine fut la première appelée, arrachée à son mari et son baiser d’adieu, par le bourreau lui demandant de s’agenouiller. Il compta jusqu’à trois avant d’abattre sa lame assassine. Son sang rouge vif s’écoulait alors que la foule hurlait, applaudissait. Le rouge était une couleur à double tranchant. La couleur de la passion qui anime les coeurs de chacun tout comme la couleur du sang versé trop souvent par pur égoïsme. Le roi retint un vomissement, il voulait fier jusqu’à la fin s’avançant vers la mort la tête haute, et souriant.
- Kala, Ekala ! Votre mère et moi vous avons aimées et vous aimerons à jamais ! furent ses derniers mots, alors que la lame lui prit, à son tour, la vie.
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