"Du… quoi?" Dit Caleb en examinant ses jambes.
"De la Croatine. Y'en a partout incrusté dans ton bras."
"Et… c'est quoi?"
"Un métal, en quelque sorte. Ça se trouve en Afrique du Sud, très rare. Et.." il se pencha, et inspira profondément. "Entre toi et moi, très illégal. L'Union Africaine en a banni l'utilisation après un accident y'a au moins vingt ans de ça. Je sais pas comment la personne qui a fait ton bras s'en est procuré, mais moi pour en avoir, j'te dis pas le trouble que ça m'a pris.."
"Et... ça conduit l'électricité dans la machine sans me faire mal?"
"Ouaip, exactement. J'en ai mis dans tes jambes, donc si… peu importe ce qui s'est passé avant, se passe encore, ça te brûlera plus les cuisses."
L'homme lui tapota l'épaule et lui fit un clin d'œil, avant de le laisser installer ses jambes.
C'était une bonne coïncidence ça, car juste avant que ses jambes soient finies, Caleb avait reçu un coup de fil d'un client.
Un homme à la voix calme et sereine, qui disait avoir besoin d'aide pour réparer son bras gauche. Il vivait quelques heures de là où Nathanahel était, et seulement d'environ quelques minutes où la fille qui avait commandé le masque, elle, vivait.
Plus ou moins. Nathanahel ne savait pas exactement où elle vivait, la seule adresse donnée était un bar local.
Caleb proposa donc d'aller faire une escale chez elle après avoir réparé le bras de l'homme, et, heureux d'avoir du travail en moins, Nathanahel accepta.
Caleb mit le visage dans une petite boîte, et la rangea dans un sac à bandoulière. Pas question qu'il mette ça dans son gros sac, trop dangereux qu'il se brise.
Puis, il se mit en route.
La route vers la maison de l'homme se fit tranquille, tout comme l'appel qu'il avait reçu. Il espérait que cet homme ne soit pas trop pénible, comparé à la plupart de ses clients, et, vraiment, il avait besoin d'un travail facile et sans stress, aujourd'hui.
Quand il s'arrêta devant la maison, il s'aperçut qu'elle était très grande. Au moins trois étages, aux allures japonaises. Dans la cour avant étaient plantés des cerisiers en fleurs, roses et énormes. Des pétales flottaient doucement dans les airs, bercés par la brise chaude de l'après-midi.
Caleb suivit le chemin de pierre menant à l'entrée, et sonna la sonnette.
Il entendit des pas de très loin, rapides et furtifs, avant que la porte s'ouvre, et montre un homme grand, maigre, assez beau, avec une longue chevelure écarlate, tressée sur son dos. Son regard était calme, mais un peu hautain, il portait un kimono, et, comme expliqué dans l'appel, avait deux bras et deux jambes robotisées.
"Oh, Caleb Beaupassant?" Fit-il doucement, haussant un sourcil.
"O-oui, c'est moi." Fit Caleb, un peu intimidé.
Les traits de l'homme s'adoucissèrent, et il sourit "Ah, entrez, s'il vous plaît."
Caleb obéis, et rentra.
"Bon, pouvez vous m'expliquer ce qui va pas avec votre bras?" Commença-t-il, regardant autour de la maison. Tout aussi magnifique en dedans qu'en dehors. Cet homme devait posséder une fortune.
"Ah, oui. Il semble que mon annulaire et mon auriculaire gauche ne répondent plus. Je n'arrive plus à les bouger, et je me suis demandée s'il n'y avait pas eut un problème avec le mécanisme."
L'homme les guida vers le salon, et les deux s'asseyèrent dans un petit fauteuil, faisant face à un grand mur vitré, d'où était derrière un grand jardin rempli de fleurs.
Sur la table étaient posés une théière, et deux tasses de thé.
"Du thé?" Fit l'homme. Caleb secoua la tête. "Oh, non merci, j'aime pas trop ça."
L'homme hocha poliment et puis lui tendit le bras, relevant sa manche.
"Depuis quand ça fonctionne pas, votre bras?" Fit Caleb, se tournant vers son sac, sortant quelques outils.
Mais quand il se retourna, il n'eut qu'à peine le temps de réagir lorsque l'homme sortit un couteau de son bras, et le poignarda à l'épaule.
Caleb émit un cri de surprise, et roula à terre, se relevant rapidement et fixant l'homme, qui chargea, couteau ensanglanté dans la main.
"Ah, merde!" Siffla-t-il lorsqu'il passa tout droit, puis se retourna et grogna. Caleb, surpris et confus, ne perdit pas une seconde de plus, et se dirigea vers la porte…
...qui lui ferma au nez. Caleb se retourna vers l'homme.
"Bien sûr, j'aurais dû me douter que vous ne voudriez pas du thé…"
"Qu'est-ce que tu me veux?? De l'argent? J'en ai plein!"
"Oui, c'est bien ce que je veux. Mais l'homme qui m'a embauché m'a payé cher."
Un tueur à gages. Le comble.
L'homme toucha sa paume avec son index et son auriculaire, et, d'un coup, un masque surgit de son kimono, se plaçant sur sa tête, et ses vêtements tombèrent, laissant place à une armure. Puis l'homme plaqua Caleb contre le mur, et approcha la lame de son cou. "Derniers mots?"
Et si il en profitait pour utiliser ses nouvelles jambes, hm?
Caleb souris un tantinet et s'accrocha au mur. "Allez chier, toi et toutes les autres qui essaient de me tuer!"
Et puis, comme la dernière fois, il sentit un picotement lui parcourir le dos et les extrémités, mais cette fois-ci, sans aucune douleur. Et puis une explosion, ou plutôt, une sorte d'onde de choc, et l'homme vola à travers la pièce, défonçant le mur le plus proche dans un fracas horrible.
Caleb en profita pour frapper la porte d'un coup de pied, et se dirigea le plus rapidement possible vers sa moto. De peine et de misère, avec l'épaule en sang, il la ralluma, et s'enfuit à toute vitesse.
Il regarda dans son miroir, s'apercevant que l'homme était sortit et lui courait après, et monta de vitesse. Mon dieu, il allait vite!
Le coeur battant, il zig-zaga, prenant des détours dans les rues et les ruelles, faisant de son mieux de ne pas déranger les piétons et autos, en vain. Il était toujours à ses trousses!
Un camion s'approcha à toutes vitesse, et, Caleb, instinctivement, sauta, poussant sa moto avec ses pieds vers l'arrière pour se donner de l'élan. Il sauta par dessus le camion, et continua de courir dès qu'il atterrit, regardant ses jambes, lui-même surpris de cet exploit.
Il s'aperçut qu'il était dans le coin du bar. Il pourrait en profiter pour trouver la fille.
S'assurant que son sac à bandoulière était toujours sur lui, il se dirigea vers le bâtiment, et rentra, se mêlant à la foule pour se diriger vers la salle de bain. Heureusement, il n'y avait personne dans la pièce.
Il se regarda dans le miroir sale et remplis de graffitis, et soupira. Faisant couler l'eau, il s'empara de quelques feuilles de papiers essuie-tout, et, les passants sous l'eau, les déposa sur sa blessure. Dès que l'eau froide toucha sa blessure, ce fut comme un fer chaud sur une motte de beurre.
Caleb souris, et toussa un peu, avant de s'effondrer sur le plancher de marbre. Il inspira profondément, et expira, puis ferma les yeux, essayant du mieux qu'il puisse de se calmer.
"Bon... y'a un gars qui essaie de te tuer, mais là il s'est fait embauché, c'est pas comme les voleurs de l'autre jour. Quelqu'un veut que je meurs, mais je sais pas c'est qui, ou pourquoi. Et là j'suis assis sur le plancher dégeulasse d'une salle de bain d'un club, à me laver une plaie qui saigne."
Caleb regarda par terre, et soupira de nouveau. Décidément, sa vie allait de mal en pis.
La porte s'ouvrit, et Caleb redressa la tête. Il y avait une personne capuchonnée qui était entrée. Elle se dirigea vers Caleb, et se pencha. "Ça va?" Fit-elle.
Oh, une fille.
"Désolé, j'suis pas intéressé." Répondit Caleb, se levant pour sortir. Mais le fille lui agrippa le bras, avec une main de métal, et il se retourna, tout d'un coup paniqué.
Puis elle retira son capuchon, et la panique de Caleb fut remplacée par de la surprise.
"C'est toi, Caleb Beaupassant?" Demanda-t-elle d'une voix rauque. Ses traits étaient sérieux et fatigués, sourcils froncés et regard dur. Et là moitié de son visages était une prothèse. C'était la fille qu'il cherchait!
"O-ouais."
Puis elle le lâcha, et tendit la main. "T'a quelque chose pour moi, non? Le gars, Nath, tu travailles pour lui, non?"
Caleb acquiesça, et sortit le masque de son sac, le tendant à la fille.
"Tiens."
Elle le prit, et, sans avertissement, arracha l'autre prothèse de son visage. Caleb recula un peu, surpris. Puis la fille posa le masque sur son visage, utilisant les doigts de sa main robotisé pour le fixer, et se regarda dans le miroir.
"Huh, pas mal. Il fait du bon travail, pour un vieux gars comme ça."
Puis, elle se tourna de nouveau vers Caleb, et lui agrippa le bras. Elle regarda son bras, puis ses jambes, et puis fit un semblant de sourire.
"En passant… j'm'appelle Judith Beaupassant. Je suis ta sœur. Et t'es en danger." Dit-elle tout d'un coup.
Et voilà que la journée de Caleb était devenue encore plus bizarre.
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