Marie fut la première à réagir. Ses yeux s'écarquillèrent, elle sourit, puis son sourire disparu, et elle commença à pleurer. Son regard leva vers son fils, et elle eut un hoquet désolé.
"Oh, Caleb…" elle fit, avant de le tirer vers elle et de lui donner un câlin. Caleb la serra en retour, et elle lui flatta les cheveux.
"On… on t'a cherché tellement longtemps, trésor… oh, tu sais pas combien d'efforts on a mit dans notre recherche!" Elle sanglota, le serrant plus fort. Caleb inspira profondément, et hoqueta. "O-ouais m'man, je sais, je sais…" il s'essuya les yeux, et lui tapota le dos. Les bras de Marie se resserrèrent autour de son dos, et elle trembla, pleurant doucement.
"Mais j'suis là maintenant, oké. J'vais bien."
Marie rit tristement. "O-ouais. C'est vrai."
Quelques secondes de plus passèrent, avant que le son de la porte s'ouvrant puis se fermant les firent se retourner.
"Oh?"
"Judith est partie, c'est normal, ça?" Nathanahel demanda. Caleb haussa les épaules, puis Marie rit tristement, flattant la tête de Caleb. "Elle reviendra quand elle sera prête. Elle est pas vraiment… à l'aise, pour montrer ses émotions."
Puis elle se tourna vers Caleb, et posa ses lèvres sur son front. "J'vais aller la voir pour lui parler." Elle lui prit la tête entre les mains, et sourit.
"Toi, repose-toi. T'a une grosse journée demain, hm?"
Caleb rit doucement. "Ouais. Merci m'man."
Elle lui tapota la joue, et puis sortit. Caleb s'approcha de Nathanahel, et rit. "Bon, toi, t'a pas de souvenirs, alors… " il lui donna l'injecteur. "Qu'est-ce qu'on fait avec ça?"
Nathanahel soupira, et regarda la machine. "Euh… j'pourrais aller la redonner à Nitya. On trouvera bin que'que chose à faire avec." Il lui tapota la tête, et sourit. "Merci bonhomme. T'a bien fait de m'impliquer dans tes affaires. Sans toi, je crois pas que j'aurai pu survivre le fait de savoir que t'es parti mais jamais savoir pourquoi. Merci." Caleb sourit, et lui donna un câlin. Nathanahel le lui rendit, et rit, et les deux sortirent. "Aussi, Nitya Korrapati, il est pas si mal à travailler avec. J'ai eu peur qu'il soit un bandit, mais, dans le fond, il est un peu comme toi. Sauf, en plus sérieux."
Il se gratta la tête. "J'me dis, p't'être que je pourrais lui demander de l'aide à propos de mon atelier, si jamais il commence à regretter la vie de hors la loi." Caleb sourit. "Oh, ouais, heh. C'est sûr, il sera dans son élément là bas."
Puis Caleb s'éloigna, se dirigeant vers l'escalier, et fit signe à Nathanahel, qui lui allait voir Nitya.
"Bonne chance demain, le gros. T'es le meilleur!" Nath s'exclama.
Caleb rit, et agita la main, puis se dirigea en haut.
Il se promena dans le couloir, regardant les portes de ce qui était jadis un complexe d'appartements, et puis entra dans la pièce d'Ezra, et se dirigea vers sa chambre.
Il était assis sur le lit, tête levée vers le plafond. Quand Caleb entra, il tourna la tête, et se releva. "Oh, hé."
Caleb s'assit sur le bord du matelas, à côté de l'homme, et regarda à terre.
"Ça va? Judith a eut un peu de misère, j'me demandais si c'était pareil pour toi."
Ezra sourit. "Mouais, ça pourrait être mieux…"
Il lui prit la main, et soupira. "Heh... si c'est si dur que ça avec seulement quelques minutes d'effacées… j'imagine pas comment tu te sentais, avec 26 ans complets." Il dit doucement. Caleb rit tristement. "Ouais… je crois pas vraiment que j'ai pensé à ça quand j'me les suis effacés."
Ezra rit à son tour, et puis glissa sa main à son épaule, la tapotant. "Comment tu va, toi? Ça doit pas être facile, tout ça."
Caleb soupira, passant une main dans ses cheveux. "Je… j'me suis habitué aux souvenirs, un peu. C'est encore dérangeant, c'est sûr, ils m'empêchent de dormir, des fois, mais, c'est moins pire. J'y pense seulement la nuit maintenant. Le jour, c'est clair."
La poigne d'Ezra se resserra autour de son épaule, et il soupira. "Si… si ça t'arrive encore, de paniquer, comme à Oka… t'es toujours bienvenue ici. Ça me dérangerait pas de perdre quelques heures de sommeil, si c'est pour t'aider à en gagner."
Caleb resta silencieux un instant, puis leva les yeux vers Ezra, surpris.
"V-vraiment?"
Ezra acquiesça, et sourit tendrement. "Vraiment. À n'importe quelle heure, tu cogne, et j'vais répondre, oké?"
Caleb lui sourit en retour, et mit sa main sur la sienne, ravalant des larmes reconnaissantes.
"Merci."
Ezra rit. "Ah là là, commence pas à pleurer, là, c'est même pas le soir!"
Caleb ricana, et s'essuya les yeux. "D-désolé, c'est juste-"
"Non, ça va, je blaguais. Tu peux pleurer autant que tu veux, Cal."
Caleb soupira, et rit un peu. Puis, après quelques moments, il se leva.
"J'crois que j'vais aller prendre l'air. Tu viens, ou..?"
"Nan, ça va, j'vais rester là un peu plus longtemps. Tu va sur le toit?"
"Ouais. Si jamais tu changes d'avis, j'vais rester là un bout."
Ezra sourit. "Merci."
Puis Caleb le salua, et sortit. Il monta les escaliers, et puis déboucha sur le toit. Il s'approcha du bord, et regarda en bas, et, mettant ses mains dans ses poches, soupira.
Le soleil commençait à se coucher, et les derniers reflets dorés reflétaient sur les vitres des gratte-ciels et panneaux solaires sur les toits. Quelques panneaux lumineux s'allumèrent dans les rues, et les autos passantes allumèrent leurs phares.
Un vent frais passa au travers de Caleb, faisant voler ses cheveux et son manteau.
Il entendit la porte s'ouvrir derrière lui, et se retourna. Judith s'approcha, mains dans les poches, et regarda dans la même direction, à l'horizon.
Elle resta silencieuse, visage sterne et sérieux, cape et cheveux au vent.
"Demain soir. Si j'vois Jezebel. J'le tue." Elle dit d'un ton bas.
Caleb resta silencieux.
Et même s'il ne voulait pas tuer personne… ça ce pourrait qu'il n'aie pas le choix…
Pour Judith, c'était facile à dire. Jezebel était une homme sans visage, qu'un tyran, un politicien corrompu qui avait fait du mal à sa famille et aux gens qu'elle aime. Elle n'avait quand même pas vécu 16 ans de sa vie avec lui. Et même si Caleb savait, au fond de lui, quelle espèce d'escroc, de fou, de manipulateur psychopathe qu'il était… il ne savait pas s'il serait capable de le tuer.
De toute façon, dans l'état qu'il était… il pourrait très bien mourir seul dans une cellule, sans beaucoup d'aide.
"À le voir, avec sa machine respiratrice… je crois pas que t'aura à faire grand chose. Un an en prison, et il sera mort, seul." Caleb marmonna.
"Ouais. Vrai."
La porte s'ouvrit de nouveau, et Ezra en sortit, allant se placer près de Caleb. Puis suivit Marie, se mettant entre ses enfants, ses mains sur leurs épaules.
"Demain…" Ezra marmonna.
Demain… soit tout allait aller bien, ou tout allait aller mal. Ça allait soit passer, ou casser.
Et Caleb espérait que tout allait passer.
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