Il ne cessait de tomber. Ou peut-être était-il plus juste de dire qu’il coulait. Il lui était difficile de dire, perdu comme il l’était dans l’obscurité. Mais la sensation de brûlure dans sa gorge alors qu’il peinait à reprendre son souffle lui faisait penser à une noyade. “Sta-!” Qu’importe combien de fois il recrachait ce qui se trouvait dans sa bouche, toujours plus semblait surgir de son corps. “D’où-... eau ?!” Vaguement, il se demanda s’il n’était pas en train de vomir son sang, mais l’idée lui paraissait tellement improbable qu’il la rejeta. Pourtant, il ne voyait pas d’autres explications pour comprendre ce qui lui arrivait. Peut-être qu’il était en train de mourir. “Doc-... sse ?!” Cela expliquerait en effet le fait qu’il soit probablement en train de s'étouffer avec son sang. Il lui fallait se rendre à l’évidence ; il était en train de mourir.
Il pensa au ciel. S’il était en train de vivre ses derniers instants, il voulait le revoir une dernière fois. Il pouvait entendre le son de voix autour de lui, mais les mots lui étaient incompréhensibles. Vaguement, il espérait que le ciel lui serait visible, sans que son champ de vision soit obstrué par toutes ces personnes qu’il pouvait entendre. “Il-... ou-... eux !” Alors qu’il se concentrait pour ouvrir ses yeux, il se rendit compte de deux choses. La première était qu'il ne pouvait pas ouvrir son œil gauche. Quant à la seconde, il pouvait sentir son corps être parcouru de douleurs. C’était vraiment étrange, comment son cerveau avait pu bloquer complètement la transmission de la douleur jusqu’à présent. Et comme pour lui faire remarquer qu’il avait fait un excellent travail jusqu’à cet instant, son corps fût instantanément parcouru par des secousses électriques.
Il sentit chacun de ses nerfs. Il entendit quelqu’un crier, mais le son était noyé, comme étouffé. On aurait dit que la personne crachait en même temps. Ce n’est que lorsqu’il sentit une masse molle, à la fois froide et chaude, qu’il se rendit compte que c’était lui qui criait. Une sensation de chair de poule le saisit alors qu’une masse visqueuse glissait dans sa gorge. Ce n’est que lorsqu’il déglutit qu’il se rendit compte qu’une main tenait sa mâchoire et le forçait à boire un étrange liquide au goût âcre mais en même temps sucré.
“Jeune maître ! Buvez !”
Malgré l’urgence dans la voix, il ne pouvait plus avaler le liquide. Il pouvait sentir remonter dans sa gorge une substance. S’échappant de la poigne d’acier sur sa mâchoire, il parvint à tourner la tête et à laisser sortir ce qui se trouvait dans sa bouche. Immédiatement, il sentit des bras le redresser et le soutenir alors qu’il continuait à cracher du liquide qui atterrissait avec fracas dans une sorte de bassine de fer. Malheureusement, sa vision était trop floue pour qu’il puisse vraiment dire ce qu’il se passait. Il ne pouvait distinguer que des taches colorées informes du coin de l'œil, alors que le bruit de pas précipités lui indiquait que des personnes se hâtaient autour de lui. Cependant, le son des pas étaient étranges. C’était comme si les personnes couraient sur du parquet puis des tapis ou de la moquette et cela n’était absolument pas logique. Malgré la douleur, malgré le fait qu’il était en train de cracher un lac, il ne put empêcher un mauvais pressentiment de le prendre.
“Tenez bon, jeune maître !”
Oui, définitivement un mauvais pressentiment.
“Stacie !”
Alors qu’il avait cherché à reprendre son souffle, il fut pris d’une nouvelle vague de vomissements, crachant du sang noir. Aussitôt, une nouvelle bassine fut placée devant lui alors que la panique se répandait de nouveau parmi les occupants de la pièce. Il pouvait sentir que la fin approchait.
“Anastasiy !”
Dans un dernier effort, il cracha une masse noire qui semblait essayer de s’accrocher à lui. Une main gantée apparut devant lui et jeta cette chose loin de lui alors qu’une lueur orangée illumina quelque instants la pièce.
“C’était quoi cette chose ?!”
“Stacie !”
Immédiatement, deux visages se tournèrent vers lui, l'inquiétude se lisant sur leurs visages
“Qui… qui êtes-vous ?”
Et de nouveau, l’obscurité.
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