“Bonjour, jeune maître~! Encore un jour magnifique, n’est-ce pas ?”
Avec un regard vide, Anastasiy fixa le soleil radieux illuminant sa chambre, avant d'enfouir sa tête sous son oreiller et de pousser un grognement. Avant qu’il ne puisse se rendormir, sa couverture lui fut brutalement retirée, le laissant sans défense face à l’air frais du matin. Entrouvrant avec peine ses yeux, il jeta un regard assassin à son valet qui tenait un verre avec un sourire enjoué. Sachant que cela était peine perdu, Anastasiy prit le verre et le vida d’une traite.
“Ugh ! Pourquoi cela doit-il avoir un goût aussi horrible ?…”
“Vous savez ce que l’on dit, jeune maître,” répondit le brun en déposant un plateau sur les genoux d’Anastasiy.
“Si je dois entendre cette expression une fois de plus, je te fais boire ce verre.”
Il ne manqua pas la grimace de son valet et mangea avec plaisir sa tartelette aux fraises, ravi de se débarrasser de l’acidité qui rongeait sa bouche. Une fois son repas terminé, il quitta son lit et alla à sa salle de bains, suivi par Veronica. Se glissant dans la baignoire préparée par son valet, Anastasiy lâcha un soupir de bien-être alors que l’eau chaude faisait des merveilles sur ses muscles. Réouvrant ses yeux, Anastasiy regarda une faible lueur bleue apparaître autour de ses cicatrices. Doucement, la lueur commença à ronger la peau abîmée, se détachant de son corps comme si cela était de la terre pour laisser apparaître une peau blanche et sans défaut. Quand bien même Anastasiy haïssait cette potion, il devait reconnaître son efficacité. En l’espace de trois semaines, la majorité de ses blessures avait disparu. Cependant, certaines d'entre elles ne pourraient pas guérir. Jason et Ewald avaient étudié tous les livres mais n'avaient pu trouver d’explications tangibles sur le pourquoi. Au final, cela le laisserait presque aveugle de son œil gauche et sa jambe droite légèrement paralysée, l’obligeant à se déplacer avec une canne. Anastasiy se considérait extrêmement chanceux de n’avoir que quelques séquelles et cicatrices ci-et-là sur son corps.
“Jeune maître ? Le docteur Jason est là.”
Comme toujours, le vieux médecin familial était ponctuel. Sortant du bain, Anastasiy laissa Veronica lui passer son peignoir, avant de se diriger vers sa chambre où l’homme aux yeux noirs l’attendait avec un sourire. À ses côtés, Ewald jetait un regard assassin à une des deux bassines qui se trouvaient sur la table basse.
“Bonjour, jeune maître.”
“Bonjour Jason, bonjour Ewald.”
“Oooooh !”
Anastasiy se stoppa, fixant avec horreur ce qui se trouvait dans les bassines. Deux boules, une bleue et l’autre rouge, le fixaient. La boule d’eau ne cessait de pousser des “Oh !” et essayait de quittait sa bassine, alors qu’une barrière l’en empêchait. L’autre boule, celle composée d’une eau rouge, ne cessait de rouler des yeux face à l’excitation de l’occupant de l’autre bassine. Anastasiy pouvait sentir que la boule le regardait avec pitié. Il ne résista pas lorsque Veronica le dirigea vers le canapé alors qu’il ne pouvait quitter des yeux les deux créatures.
Un raclement de gorge et Anastasiy tourna sa tête vers son frère Ewald, qui jouait nerveusement avec le ruban qui retenait ses cheveux blonds. Il ne put s’empêcher de comparer leurs cheveux, les siens brillaient comme de l'or, alors que ceux de son frère étaient mâts comme la couleur des blés.
“J’imagine que tu dois te souvenir de cette créature,” commença Ewald en jetant un nouveau regard noir vers la boule bleue, qui lui rendit.
“Oui…” marmonna Anastasiy, alors que Jason commençait à l'ausculter.
“Pour faire simple, ce sont tes familiers.”
“Pardon ?!”
Anastasiy savait qu’il possédait de la magie, ou plutôt, qu’il avait possédé de la magie. Cependant, suite à l’explosion, son noyau s’était brisé. Apparemment, il avait fait en sorte de contenir l’explosion le plus possible, allant au-delà de ses capacités et donc au-delà de celle de son noyau. Mais voilà que son frère lui annonçait qu’il avait des familiers, ce qui n’était pas possible ! Il fallait un noyau pour avoir des familiers. Sans noyau, le lien entre le magicien et les familiers disparaissait et les familiers mourraient puisqu’ils ne pouvaient vivre que de la magie du magicien avec qui ils étaient liés. Ce n’était donc pas possible que les deux créatures soient ses familiers.
“Anastasiy,” appela Ewald en prenant les mains de son frère dans les siennes, “les trois dernières semaines, moi et Jason avons observé ces deux créatures. Nous avons fait tous les tests, qui ont tous eu les mêmes résultats : ce sont tes familiers.”
“Mais…”
“Dire que ce sont vos familiers est peut-être incorrect, mais c’est ce qui se rapproche le plus de leur statut,” expliqua Jason.
Maintenant, Anastasiy était vraiment perdu.
“Ce sont mes familiers, mais ce ne sont pas mes familiers ?”
"Normalement, les familiers naissent d’un morceau qui s’est détaché du noyau. Mais dans ton cas, ton noyau s’est brisé en deux. Résultat, ces deux-là sont nés. Ils sont donc tes familiers mais en même temps, ils sont des créatures de Thrymgia, la Mère de la Vie."
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