Anastasiy regardait le paysage défiler sans vraiment le voir. La conversation de ce matin ne cessait de se rejouer dans sa tête. La nouvelle de ses familiers, qui ne l'étaient pas vraiment, l'avait plus affecté que la perte de sa mémoire. Après tout, il pouvait se faire de nouveaux souvenirs, redécouvrir le monde et les personnes qui l'entouraient. Pour la magie, cela était impossible. Une fois le noyau brisé, il était impossible de le réparer. La seule chose qui attendait une personne sans noyau était une mort lente et pleine de souffrances, puisque la magie était un poison. C'était ce que lui avait dit Jason.
Mais rien de tout cela ne s'était produit pour Anastasiy. Par un miracle impossible, son noyau continuait d'exister à travers les deux slimes. Aussi longtemps que les deux créatures seraient en vie, Anastasiy pourra vivre sans craindre de mourir de la magie.
"Est-ce que tu vas bien, Stacie ?"
"Je pense que j'ai connu mieux…" répondit-il en se tournant vers Serafim.
"Si j'étais dans ta situation, j'aurais été moins calme. Après tout, on t'a caché le fait que tu aurais pu mourir."
"Vous aviez vos raisons."
"Des raisons égoïstes," grommela son frère, qui s'était opposé dès le départ à ce qu'on lui cache la vérité.
Anastasiy ne put retenir un sourire de se former sur son visage. Serafim était terriblement honnête avec sa famille. Il ne pouvait pas mentir envers eux, mais avec les autres, surtout les autres nobles, il n'avait aucun scrupule. Du moins, c'était ce que lui avait dit leur mère, qui avait été la personne la plus présente à ses côtés au cours des deux dernières semaines.
Cette fois, il n’essaya pas de cacher son sourire, repensant aux éclats de rires qui l'avaient submergé alors que leur mère lui racontait des anecdotes sur ses frères. Mais son sourire disparut lorsqu’il se rappela de l’horrible vérité qui l'avait saisi.
“Est-ce que tu vas vraiment bien, Stacie ?”
“Je pense…”
“C’est à propos d’Avant ?”
Anastasiy ne put qu’hocher la tête, repensant à ce que lui avait dit Serenity.
“Je ne sais pas pourquoi, mais un jour, tu as coupé les ponts avec nous. Tu refusais de nous parler, de nous voir. C’est comme si subitement nous n’existions plus pour toi. Lorsque tu atteignis l’âge adulte, tu es parti de la maison pour t’installer dans la ville-basse, sans prendre de personnel. Après l’explosion, c’était la première fois que nous te revoyions.”
Il ne résista pas lorsque son frère le prit dans ses bras, acceptant avec plaisir l’embrassade.
“J’ai peur de me souvenir.”
“J’ai peur aussi que tu te souviennes. Mais en même temps, te priver de tes souvenirs serait cruel. Nous ne savons pas ce que nous avons fait pour que tu te sépares de nous ainsi. Si tu te souviens, nous pourrons enfin réparer nos erreurs.”
“Et si c’est pour une raison stupide ? Et si c’est parce que je vous haïssais d'avoir une mère et d’avoir effacer la mienne ?”
“Alors on rectifiera cela.”
La confiance dans la voix de son frère le calma, lui permettant de reprendre le contrôle de lui-même, de rejeter cette peur au plus profond de lui. Prenant une profonde inspiration, Anastasiy se détacha de son frère avec un sourire, prêt à affronter son passé.
Lorsque le carrosse se stoppa, Serafim fut le premier à sortir, avant de l’aider à descendre. Immédiatement, Anastasiy fut saisi d’horreur. Devant lui, malgré les échafaudages et les gens qui s’agitaient autour d'eux, il pouvait voir les dégâts de l’explosion. Des traces noires persistaient, projetant des ombres humaines sur les murs. Les bâtiments de bois continuaient de fumer alors que des magiciens les aspergeaient d’eau. Les artisans réparaient les bâtiments malgré les flammes qui persistaient.
“Pourquoi ?...”
“On ne sait pas, mais petit à petit on arrive à éteindre les flammes.”
“Est-ce que…”
“Non. Les traces magiques relevées dans les flammes ne correspondent pas aux tiennes. Mais comme nous ne pouvons plus accéder aux Registres de Nyzmos, il nous est impossible de découvrir l’identité du responsable.”
Anastasiy relâcha sa respiration qu’il ne se souvenait pas d’avoir bloquée, avant de suivre son frère. Il était plus que jamais déterminé à découvrir l’origine de l’explosion.
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