Serafim était inquiet pour son petit-frère. Il savait qu’Anastasiy montrait un visage fort pour ne pas inquiéter leur famille, mais au fond, il était terrorisé par sa situation. En effet, il avait retrouvé son frère en pleurs lors des premières nuits après son réveil. Les deux premières nuits, Serafim s’était tenu derrière la porte, écoutant son petit-frère se questionner, douter de tout ce qu’il se passait autour de lui, de tout ce qu’il lui avait été dit. Et cela avait fait mal à Serafim.
La troisième nuit, il était entré dans la chambre d’Anastasiy, qui avait essayé d’essuyer ses larmes et de sourire. Mais dès que Serafim le prit dans ses bras, il s’effondra, laissant libre cours à ses larmes. Il passa ainsi toute la nuit à le consoler, à le rassurer, à chasser ses peurs et ses larmes. Il savait que des mots ne suffiraient pas et c’est pourquoi il lui fit un serment. Un serment sur sa vie. Anastasiy avait été horrifié quand il avait entendu dire cela, mais avait aussi accepté, lui-même sachant qu’il n’y avait qu’ainsi que ses peurs pourraient enfin disparaître. Et maintenant, elles revenaient avec force alors qu’il se tenait devant les restes de sa maison.
Des gardes se tenaient autour, une barrière empêchait les flammes de se jeter aux alentours. Anastasiy se rendit enfin compte de la chance incroyable qu’il avait eu de survivre à l’explosion.
“Capitaine, jeune maître," salua un des gardes.
"Du changement ?"
"La barrière semble s'être renforcée il y a quatre heures de cela, avant de faiblir de nouveau. La barrière du jeune maître Ewald est toujours présente."
Anastasiy jeta un coup d'œil vers son frère et vit que comme lui, il avait fait le lien. Le moment où la barrière s’était renforcée devait être le moment où les deux créatures étaient présentes dans la même pièce que lui. Ce qui voulait dire qu’il y avait une possibilité pour lui d’utiliser la magie, ou du moins, l'espérait-il.
"Lorsqu'on dira ça à Ewa, rappelle-moi d'avoir un recordeur avec moi."
"Promis."
Les deux frères pouvaient parfaitement imaginer la tête que ferait le troisième en apprenant cela. Après tout, la situation de son noyau était déjà étrange. Apprendre qu'il pouvait potentiellement faire de la magie sans avoir de noyau directement en lui allait définitivement causer à Ewald de s'arracher les cheveux.
“Nous avons aussi réussi à percer le mur de la cave,” reprit le garde lorsque Serafim se concentra de nouveau sur lui.
“Bon sang, Stacie. Tu as utilisé quoi comme magie ?”
“Un sort-barrière j’imagine .”
“Stacie, un sort-barrière ne tient pas trois semaines sans être renouvelé par son jeteur. Surtout lorsque l’attaquant compte trois mages, dix magiciens et cinq maîtres épéistes."
“Je suis un génie ?”
Serafim éclata de rire à la réponse de son frère, ébouriffant ses cheveux sous ses protestations, avant de se mettre en route vers la fin de la rue. Le duo arriva devant une maison tout aussi endommagée que les autres, peut-être même plus puisque le sol du rez-de-chaussée n’existait plus. La cave était visible, laissant voir une arche de pierre qui menait à la cave voisine et ainsi de suite. Traversant chaque cave, le duo arriva bientôt à sa destination.
“Dans ta face, mur de merde !”
“Langage, Vitya !”
“On s’en fout !”
“Vitya !”
“Je vois que tu es en forme, Vitya.”
“Capitaine !”
Plusieurs autres personnes saluèrent Serafim, alors qu’Anastasiy observait le groupe de dix-huit personnes devant lui. Tous présentaient un niveau de fatigue différent, allant de cernes discrètes sous les yeux à prêt à s’endormir sur place. Finalement, le regard d’Anastasiy se posa sur le duo face à son frère. L’homme présentait une chevelure qui aurait fait pâlir d’envie un lion, avec une peau marquée par de longues heures sous le soleil et des cicatrices. A ses côtés, une petite femme aux cheveux blanc mèchés de rouges ne cessait de jurer alors qu’elle racontait la manière dont ils s’étaient pris pour détruire le mur. L’homme ne cessait de rouler des yeux derrière ses lunettes, rappelant à l’ordre constamment la femme sur son langage.
“Mais merde, Aslan ! Tu me laisses parler, oui ou merde ?!”
“Vitya ! Je te jure que je vais te savonner la bouche si tu continues !”
A l’entente de la menace, la femme se tourna vers l’homme, lui crachant dessus comme le ferait un chat. Les deux épis de cheveux qu’Anastasiy trouvait étrange se redressèrent, révélant des oreilles de chat, avant de s’aplatir de nouveau alors que les cheveux et les poils de Vitya se redressaient. De son côté, Aslan se mit en garde, son seul bras tenant un savon alors qu’il fusillait du regard Vitya. La tension était à son comble, quand soudain, deux colonnes d’eau s’écrasèrent sur le duo.
“Capitaine, jeune maître, par-ici,” fit signe un jeune homme aux cheveux violets et un regard de tueur.
“Merci, Anthelm,” remercia Serafim avec un sourire.
“Anthelm ! Espèce de-!”
Et Vitya se prit une nouvelle colonne d’eau.
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