Le ciel bleu était sans nuage, annonciateur d’un beau jour.
Mais il pouvait le sentir.
Sa fin était proche.
Il avait lutté de toutes ses forces pour ce moment précis.
Tout allait se jouer ici.
Il entendit ses pas, rapides et sûrs.
La Mort s’arrêta devant lui.
Mais il n’avait pas peur.
Non, il était heureux.
Bientôt…
Bientôt, le monde allait être libéré de ses ténèbres !
Le combat fut long et il perdit, comme il l’avait prévu.
La Mort le pleura, le supplia de vivre.
Mais il avait accompli sa mission.
Il se laissa tomber dans l’Abysse, acceptant son destin.
Puis les flammes s’allumèrent et il respira de nouveau…
Le silence régna dans la pièce, tous fixant Anastasiy avec différents degrés d'inquiétude.
“Donc…” commença Serafim, pertubé par le manque de panique chez son frère. “Tu as donc rencontré Ezsyn ? La Gardienne de l’Abysse ?”
“Probablement ? Je veux dire... Je suis sûr que ce n’est pas le cas mais... J’ai vraiment la sensation que la personne qui a essayé de me tuer était littéralement cela pour moi : la Mort.” Expliqua-t-il, perplexe sur la perception qu’il avait de son attaquant.
“Mais pourquoi l’Abysse ? Cela n’a aucun sens puisque que tu as été à l’Ilknur… À moins que…" Le reste de la phrase d’Ewald se perdit dans ses marmonnements, alors qu’il formulait hypothèses sur hypothèses.
“Encore une fois, c’est comme ça que je l’ai perçu dans… mon rêve ? ”
“Et comment tu te sens ?” Demanda Serenity, qui n’avait pas lâché la main d’Anastasiy depuis le début de son récit.
“Si je devais comparer entre les deux… flashs ? souvenirs ? Enfin bref, entre ces deux-là, ce serait le jour et la nuit. Lors du premier, j’étais effrayé mais aussi déterminé. Pour le deuxième… pour celui-ci j’étais heureux, soulagé, comme si j’allais recevoir la récompense de tous mes efforts jusqu’à ce jour. Même ma vision de l’attaquant n’est pas la même... Comme si c’était deux personnes différentes… C’est vraiment perturbant."
“Il nous faudrait définitivement l’avis d’un membre du Temple d’Ezsyn. Préférablement, un haut-prêtre, voire même l’Oracle,” commença Eadwig.
“Mais cela n’est actuellement pas possible,” fit remarquer Serafim.
“En effet. C’est pourquoi, Anastasiy, tu te concentres uniquement sur l’attaquant. Essaie de te souvenir d’un maximum de détails sur celui-ci et note-les. Ou transmet-les à Véronica. Ewald, je veux que tu te concentres, avec la Tour, sur les pierres-”
“Père. Je voudrais participer aux recherches.”
Serafim et Ewald échangèrent un regard inquiet entre eux. D’un côté, leur père fixait leur frère, ses yeux disant clairement “Non”. De l’autre, ceux d’Anastasiy le défiait de lui donner une réponse négative à sa demande. Les deux frères ne connaissaient pas le benjamin. Mais ils pouvaient dire avec certitude que si leur père venait à lui dénier sa demande, il ferait quelque chose de stupidement dangereux. Leur père dû sentir aussi ce danger, puisqu’il accepta, non sans imposer un certain nombre de demandes, dont plus d’une firent rouler les yeux à Anastasiy.
“Père, à ce stade-là, il serait plus simple pour Veronica de se marier à moi.”
La réplique d’Anastasiy fit pouffer de rire plus d’un dans la pièce, alors qu’Eadwig faillit s’étrangler avec sa salive. Délicatement, Serenity aida son mari à calmer sa toux tout en dissimulant son amusement face à l’embarras de son époux, qui venait de se rendre compte que tout ce qu’il venait de dire pouvait en effet être interprété comme un père donnant sa fille en mariage.
“Hem ! Reprenons la discussion."
“Celle où Anastasiy prend Veronica pour époux, ou…”
“Serafim…” Avertit son père.
“Je vais à la Muraille d’Eamon et je ramène ce Sorley,” termina-t-il, les mains levés en signe d'apaisement alors qu’il calculait déjà ce dont il aurait besoin pour son voyage.
La muraille, séparant le continent de Draeshura de Pasias, se situait à l’Est du territoire. Drakagas, la capitale de Draehion, et le poste Central de la Muraille d’Eamon se trouvaient sur la même latitude. Il fallait cependant compter au minimum un mois pour s’y rendre. Bien que le territoire soit l’un des plus paisibles de l’Empire, il y avait tout de même des bandits qui erraient entre chaque domaine des vassaux, attaquant les voyageurs ou les marchands. Et bien sûr, les Créatures d’Awyll.
En plus des Hommes : humains, bêtes, elfes, nains, daemons et autres races peu présentes sur le continent de Draeshure, il existait aussi des créatures, des monstres qui n’étaient pas nés de la volonté de Thrymgia. Pâle imitation de la Déesse-Mère de la Vie, les créations d’Awyll ; époux ou enfant de la Déesse selon certains, entité parasite pour d’autres, étaient dénués de toute intelligence. Ces créatures n’obéissaient qu’à leurs instincts, qui leur demandaient l'éradication des Hommes. Elles se rassemblaient donc dans des lieux isolés, proliféraient jusqu’à ce que la famine les frappe, les poussant à attaquer des rassemblements d’Hommes. Mais avant cette période, qui venaient toujours pour l’hiver, ces créatures rôdaient près des chemins, cherchant quelques cibles faciles.
C’est pourquoi Serafim décida de faire le tour des domaines des vassaux, afin d’éliminer les hordes de créatures repérées. Ainsi, au lieu de prendre un mois pour se rendre à la Muraille d’Eamon, il allait mettre trois ou quatre, peut-être même plus si d’autres traces étaient relevées entre-temps. Mais cela était nécessaire pour assurer la sécurité des habitants du territoire.
Après avoir peaufiné le trajet de voyage de Serafim, tout le monde s’apprêtait à quitter la chambre d’Anastasiy pour le laisser se reposer, quand on toqua à la porte. Pénétrant dans la pièce, Calogero se dirigea vers Eadwig, le visage sombre, une enveloppe à la main. Lorsque le Duc la prit et observa le cachet de cire, son expression changea du tout au tout, laissant la rage et le dégoût à la vue de tous. L’aigle tenant un épée entre ses ailes, figé dans la cire jaune, était l’emblème du Premier Ministre.
Anastasyi se réveille sans souvenirs.
Les indices sont rares mais il est bien déterminé à élucider le mystère qui l'entoure, même si il se retrouve impliquait dans un complot le dépassant.
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