"Gamin !"
A peine Serafim quitta le Chemin de Lycres, qu’il fut pris dans une embrassade étranglante. Un poing s’écrasa sur son crâne, avant de se mettre à le frotter.
“Maylis ! Dégage ton poing de là !” Hurla Serafim en essayant de se dégager de la prise.
“T’as perdu en force ou quoi ?!” S’exclama la femme avec un grand éclat rire.
Avec un grognement, Serafim donna un coup de coude dans les côtes de la femme, qui le libéra. Immédiatement, elle donna un coup de pied circulaire, qu’il évita en se jetant en arrière. Tous deux se redressèrent en même temps, Maylis dégainant une épée alors que Serafim prit celle d’un garde. Sans hésitation, tous deux se jetèrent l’un sur l’autre, leurs épées s’entrechoquant avec violence.
“Mais qu’est-ce que vous faîtes ?! Vous ne voyez pas qu’il y a une pierre du Chemin de Lycres juste à côté de vous ?!”
Des chaînes de pierres surgirent du sol et emprisonnèrent les deux combattants, alors que Aslan se dressait entre eux.
“C’est Maylis qui a commencé ! Encore !” S’exclama Serafim.
“Je ne faisais que vérifier s’il était en forme !” Se défendit la capitaine.
“Et tu ne pouvais pas attendre qu’il soit dehors pour faire ça ? Il fallait à tout prix que tu le fasses juste à côté d’une pierre du Chemin ?!”
Aslan n’était pas un homme de sang chaud, mais il n’était pas non plus de sang froid. Si sur un champ de bataille il pouvait être réfléchi et calme, contrôlant sans problème les actions du camp adverse, il pouvait sortir de ses gonds assez vite dans la vie courante. La première chose qui pouvait l’énerver était le langage peu chaste de certains de ses camarades. Mais ce qui pouvait le faire rentrer dans une rage folle en moins de deux secondes, était la mise en danger d’objets marqués par des Mots Sacrés.
Depuis le renvoi des prêtres de l’Empire, l’utilisation de ces objets marqués était interdite. Ainsi, l’usage des sacs et des Chemins de Lycres furent considérés comme un crime envers l’Empire et ces deux objets tombèrent en désuétude.
Les Chemins de Lycres étaient des pierres marquées de Mots Sacrés, agissant par paire. Une pierre était placée à un endroit et la seconde, à un autre. En plaçant sa main sur une des pierres et en visualisant l’emplacement de la deuxième, on était immédiatement transporté vers cette dernière. C’est pourquoi, malgré le renvoi des prêtres et l’interdiction de l’utilisation des objets marqués, les Nobles les avaient dissimulés en les plaçant entre les mains de leurs magiciens personnels.
Le Duché de Dralyon ne faisait pas exception à cette règle et les avait officiellement détruits. Mais dans les faits, sacs et Chemin de Lycres étaient sous la protection de leur Tour Magique. Et Aslan, le Vice-Directeur, était très protecteur de ses objets que nul magicien ou mage ne pouvait reproduire.
“Capitaine ! Une vague de cezants en approche !” S'écria un garde, paniqué.
“Et ? C’est pas votre premier rodéo. Vous savez exactement quoi faire dans ce genre de situation,” répondit Maylis en arquant un sourcil.
“Désolé capitaine ! Ce gars est nouveau,” expliqua un soldat qui venait d’arriver, la démarche tranquille à la différence du premier qui était plus pâle que la mort. “L’unité d’artillerie mécanique a ouvert le feu et est soutenue par l’unité d'artillerie magique. Les unités à pieds des maîtres-épéistes, des chevaliers et des magiciens sont prêts à sortir dès que les cezants seront en déroute. En gros, tout va bien dans le meilleur des mondes !” Termina le soldat avec un éclat rire en donnant une grosse tape dans le dos du pauvre garde.
La main gantée par une armure s’écrasa avec force sur celle du bleu, qui bascula en avant sous la force de la claque en lâchant un glapissement de surprise.
“Tu viens d’où, Petit ?” Questionna Maylis en regardant le jeune garde essayer de se redresser.
“D-de Lirdiff… ca-capitaine…” Répondit celui-ci, peinant à reprendre sa respiration.
“Hummm… On a eu combien de nouveaux ?” Demanda Maylis en se tournant vers Aslan.
“Une quinzaine de Lirdiff, trois de Drafir et un mage de Hul. J’ai déjà pris en charge le gamin.”
Le silence régna dans la pièce, alors que le son des machines d'artillerie résonnait en bruit de fond.
“Aslan… le mage est…”
“Un gamin de 8 ans que j’ai trouvé au Marché Noir.”
Serafim sentit la fureur le prendre à la gorge, prêt à se déchaîner sur un simple ordre. L’esclavage avait été interdit dès la création de l’Empire et les Nobles avaient le devoir d'en supprimer toute forme. Cependant, depuis le coma de l’Empereur, les maisons d’enchères avaient fleuries à travers l’Empire, surtout dans les régions de Gradliff et de Limrhos. Ces deux régions étaient les plus proches de la Cité-Etat d’Ulsh, la Démocratie de Maltrev et le Royaume de Cytroz. Ces trois pays, avec le Royaume de Nidsim et la Théocratie de Nulvon, faisaient office de barrière entre l’Empire et le Royaume de Fabel, les deux puissances du continent de Draeshura.
La Cité-Etat était encerclée par les autres pays et vivait donc principalement de commerce. Cependant, Ulsh ne possédait pas de mines ou de plaines immenses à cultiver. La seule chose qu’elle pouvait commercer sans limite, était les Hommes.
Seul Serafim entendit le bruit d’un fouet et des pleurs.
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