Ce fut lors d’une journée semblable à toute autre, l’ainé décida de se promener sans son frangin. Un enfant pouvait bien rester quelque temps seul à la maison, ça le rendrait autonome… C’est de que se disait l’ainé en se fiant à son vécu pour ne pas culpabiliser, continuant à avancer… Il décida de s’arrêter dans une magnifique clairière. Après un bref regard des alentours, il soupira avant de fermer brièvement les yeux… Tout était calme et paisible. Les couleurs douces et le bruit régulier mais agréable de vagues avaient le don de soulager le cœur fâché de Choconoir... rien qu’un peu. Il aperçut ensuite Fromage-Blanc qui semblait rêvasser. Ce n’était pas surprenant de le voir ici, puisque c’était en réalité un endroit qu’ils adoraient tous les deux ! Le jeune grand frère décida de le rejoindre et s’assoir à côté... Regardant les horizons, les deux amis n’entamèrent pas tout de suite une conversation.
Cette clairière était magnifique. Elle était parsemée de hautes herbes de fruits ét légumes colorés dans lesquelles ils jouaient souvent à cache-cache, plus jeunes. Autour se tenaient fièrement des arbres de pain, finement décorés de morceaux de pommes de toutes les couleurs en guise de feuillage. Mais si on levait la tête pour voir toute l’étendue de cet endroit, on ne pouvait être qu’émerveillé. Devant la clairière, à perte de vue, se trouvait une plage de sable chapelure et un immense océan de jus de cerise, créant cette eau à la couleur rouge/rose si particulière et particulièrement belle lors des crépuscules… C’était ce que préférait Choconoir d’ailleurs. Pouvoir simplement écouter l’océan, les vagues semblables à des berceuses, murmurant que tout allait bien se passer…
Lorsque les deux amis étaient tous les deux ici, ils semblaient si calmes en apparence. Aucune chamaillerie ou taquinerie dont ils avaient le secret. Cela leur arrivait de garder le silence pour simplement profiter de l’instant et d’une présence chère sans y mettre de mots… C’était inconsciemment aussi l’endroit où ils allaient lorsque l’un ou l’autre avait besoin d’entamer une conversation sérieuse et ouvrir son cœur. C’était probablement là une parfaite occasion pour Choconoir qui se sentait mal par rapport à son petit frère. Fromage-Blanc l’avait bien compris, attendant que son ami prenne la parole… Ce qui finit par arriver :
- Je… Je sais plus comment faire avec mon petit frère, c’est insupportable ! Je sais pas comment tu fais pour tenir avec une si grande famille car moi, un seul c’est déjà trop !
- Ne dis pas ça. Je le trouve adorable, ton petit frère…
- C’est pas ça, le problème…
Au ton de sa voix, il était possible de sentir une véritable dose d'amertume… Et un peu de culpabilité, probablement ?
- … Tu penses que ce n’est pas lui le problème, mais toi?”
Choconoir regarda droit dans les yeux son meilleur ami : lui qui arborait souvent une expression digne et forte, cette fois... Il était presque sur le point de verser des larmes ! Presque, évidemment. Ressentant bien trop de fierté pour céder… Il hocha cependant la tête aux propos de son ami.
- Bien sûr que c’est pas lui le problème… Il est turbulent, capricieux, impulsif, mais… Mais c’est normal après tout. Il est petit. J’étais loin d’être mieux à son âge… J’étais pire, n’est-ce pas.
Fromage-Blanc sourit à cette dernière phrase, semblant acquiescer. Après un léger soupir, prit d’une brève nostalgie, Choconoir reprit :
- Et moi, au lieu d’être juste avec lui, j’ai aucune patience et je m’énerve pour rien ! Tu m’étonnes qu’il m’aime pas…
- Tu sais… Je suis sûr qu’il t’aime beaucoup, affirma Fromage-Blanc.
- Tu… Tu crois ? Après tout ce que je lui dis !?
- Oui. Tu sais, un enfant c’est compliqué… C’est souvent très capricieux, comme tu dis, à demander beaucoup de choses à leurs aînés... Mais c’est parce qu’il veut que tu le remarque. En savoir plus sur toi pour s’inspirer aussi. Que tu le veuille ou non, il te prendra comme son modèle, son idéal… Il veut être important pour les personnes qu’il aime… Je pense que oui, par contre… Tu dois être juste avec lui. Le gronder quand il fait quelque chose de mal sans exagérer l’ampleur de la bêtise en question, mais surtout lui donner de l’affection dans le cas inverse… Le fait de savoir qu’ils sont aimés en faisant des choses juste aide les enfants à être positifs, bien élevés, et à grandir joyeusement…
- C’est bien beau tout ça mais moi et l’affection… Surtout à des enfants quoi !
Fromage-Blanc ne répondit pas tout de suite, semblant en pleine réflexion… Puis quelque peu soudainement, il se mit à chercher dans ses poches. Celles de gauche… Celles de droite… Il finit après quelques instants par trouver ce qu’il voulait avant de le montrer fièrement entre les paumes de ses mains. Choconoir regarda bien-sûr, quelque peu perplexe… Il s’agissait d’un petit ourson en chocolat.
- Tu te souviens du jour où tu m’avais fait ça pour prouver notre amitié ? Tu te souviens de ce que tu ressentais ? Ce à quoi tu pensais en voulant me l’offrir ? Et bien… Pour ton frère, c’est exactement la même chose…
Choconoir ne répondit pas tout de suite, la surprise bloquant la prononciation de n’importe quel mot. Il ne pensait pas que son ami avait gardé une chose pareille ! Regarder ce vieux jouet, avec tous les défauts que l’on voyait maintenant… Pourtant, il était important. Parce qu’il renfermait de nombreux souvenirs. « C’était de beaux jours, ça! » se disait Choconoir, heureux de repenser avec nostalgie à tout cela. Une simple nostalgie qui se transformait en joie. Cela toujours à l’esprit, il repensait à son petit frère… Lui donner de l’affection… L’aider, partager des choses avec lui… Même si le cadet était capricieux, même si l’ainé était impatient, l’affection qu’ils pourraient de donner l’un pour l’autre, le partage de ressentis et de vécu permettra de créer de bons souvenirs… Des souvenirs auxquels les deux pourraient repenser avec joie. Des souvenirs merveilleux entre deux frères. Cela semblait si simple, les mots posés ainsi…
- O-oui je comprends… dit Choconoir. Merci de m’aider en tout cas.
- C’est normal, entre proches on se doit bien ça. Répondit le second du tac au tac pour une fois.
- Eh, t’as bien raison !
C’était rare, mais le sourire de Choconoir était doux. Là où sa mine était d’habitude moqueuse, en ce moment même il était juste content. Content d’avoir quelqu’un comme lui. Depuis presque toujours, Choconoir passait souvent son temps à s’énerver sur Fromage-Blanc tandis que ce dernier s’amusait à se moquer gentiment en retour. Mais leur relation ne se limitait pas à cela ! Les nombreux souvenirs partagés ensemble ont fait qu’ils se connaissaient à présent très bien. Fromage-Blanc reconnaissait tout de suite les moments où son ami était réellement énervé et allait mal, et quand il plaisantait juste avec son tact légendaire. Choconoir savait très bien quand son ami s’amusait juste à l’énerver, et quand il lui donnait de réels conseils pour s’améliorer…
Les deux restèrent un bon moment ici encore, à discuter de plein de sujets différents. De choses tristes, de choses heureuses, … Bref, de tout ce dont on pouvait se confier entre proches.
Mais le temps passa bien vite, et la nuit commençait à tomber avec ses deux belles lunes, une de mozzarella, une d’un ingrédient inconnu. Les deux amis se dirent au revoir, puis Choconoir s’empressa d’aller chez lui. Il fallait qu’il parle avec son petit frère. Il devait s’excuser pour tout ce qu’il avait pu dire injustement, devant dorénavant s'énerver que lorsque cela était nécessaire. Et surtout, il devait lui donner de l’affection. Il devait l’aider lors de ses problèmes. Le voir comme son véritable petit frère et non un obstacle à une quelconque liberté. Mais une fois arrivé… Plus de Chocolait. L'aîné appela une première fois ! Pas dans la chambre. Pas dans la salle de séjour. Nulle part… Juste un petit mot posé sur une table, que le jeune homme commença à lire. L’écriture chocolatée était maladroite, avec des fautes d’orthographe, des formes difficiles à comprendre… On arrivait tout de même à lire :
« Grand frère, je suis parti. J’ai compris que je t’énervais beaucoup et je préfère ne pas te déranger encore.
Ton petit frère »
… Quoi ? Parti ? Tout seul ?! Mais quel idiot ! Ce simple mot était largement suffisant pour faire paniquer Choconoir. Même dans ce monde bienveillant, la nature pouvait se montrer dangereuse quand on était enfant et maladroit ! Surtout la nuit ! Peut-être que le jeune homme s’imaginait le pire à cause de ses émotions, mais selon lui il pourrait arriver n’importe quoi... Choconoir, sans réfléchir plus longtemps, partit à sa recherche.
De son côté, Chocolait marchait. Il était à la recherche d’un endroit tranquille où il serait loin de son aîné... Mais il faisait nuit ; et il avait peur du noir ! La moindre chose, le moindre son, tout était sujet à faire travailler son imagination pour l’apeurer. Au début, il se sentait courageux, comme pouvait l’être son grand frère ! Il se sentait près à partir le plus loin possible ! Mais ses espoirs se perdaient, petit à petit… Il était de plus en plus effrayé par le noir, par les bruits, par ses propres doutes… Par tout ! Si bien que la peur l’empêcha d’aller plus loin. Il décida alors de s'asseoir sous un buisson, là où aucun danger ne viendrait à lui.
Mais ce pauvre enfant se sentait mal… Il avait toujours peur, même sans bouger. Il était tout seul… Il ne voulait pas que ça se passe ainsi. En réalité, il voulait son frère, maintenant ! Il voulait retourner chez lui, quitte à énerver Choconoir pour être parti… Enfin… S’il ferait juste que s’énerver ! Car après une telle bêtise... Voudrait-il toujours de lui? Et s’il décidait de lui fermer la porte d’entrée ? De l’abandonner définitivement ?! De se débarrasser de lui… C’est probablement ce qu’il voulait finalement, Non ?! Et il se servirait de cette fuite comme excuse... Mais toutes ces interrogations et affirmations commençaient vraiment à le rendre triste… Au point que de grosses larmes coulèrent sur ses joues, à nouveau. Il se sentait seul... Terriblement seul… C’était pesant… Et comme l’anxiété faisait mal les choses, des images de son frère souriant sans lui, heureux de ne plus l’avoir à ses côtés, défilaient dans sa tête. Et plus encore. Il n’arrivait plus à s’imaginer d’autres possibilités… Ce qui ne fit qu’accentuer ses larmes.
- Bon. Arrête de pleurer s’il te plait.
Cette voix… Chocolait la connaissait, non ?! Il leva les yeux pour découvrir la personne à qui elle appartenait.
- …Grand frère?
- Oui, c’est moi. Tu n’as pas à pleurer, car je… Tout va bien… Je suis avec toi.
- Te prend pas la tête ! Je t’assure, j’ai pas besoin de…
Le plus jeune n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il se retrouva dans les bras de son grand-frère. Ce qui, après toutes ses réflexions, l’étonnait grandement. Son grand frère ? Faire ça ? C’était bizarre, ça ne lui ressemblait pas ! Mais… Mais d’un autre côté, il avait eu si peur… Et il était si triste… Et là, la chaleur de son frère était tellement agréable… Tellement rassurante… Comme ça, il se sentait à l’abri, invité à se blottir un peu, protégé par la personne la plus chère à ses yeux… Personne chère qui commença à chantonner, tout doucement… Cela avait pour effet de rendre la situation plus douce encore. Chocolait aurait sûrement été encore plus étonné s'il ne s'était pas déjà concentré sur l'instant présent, laissant partir ses mauvaises et fausses pensées... Laissant aussi couler ses dernières larmes, profitant juste d'être bercé par son frère dont il découvre une nouvelle facette.
- Je suis désolé, avoua l'aîné. J’aurais pas dû agir comme ça avec toi… Ça n’excuse rien, je sais bien ! Mais avoir un petit frère… Plein de responsabilités à avoir… Je t’avoue que je savais pas ce qu’il fallait faire, comment réagir, et je dois être plus patient avec toi… C’est pas ta faute, en tout cas ! Du tout ! Crois-moi, tu es adorable. Tu es très gentil, très ouvert... Je dois me rendre compte de la chance que j’ai, d’avoir un frère comme toi…”
Choconoir desserra son étreinte et il sortit de sa poche quelque chose confectionné par lui-même… Un petit coquillage qu’il offrit à son frère. Chocolait prit le cadeau… Puis le regarda… Puis son frère… Puis il secoua la tête pour répondre aux excuses avec maturité.
- Non, non ! T’en fais pas ! Je te pardonne déjà et… Moi aussi, j’ai tendance à pas faire très attention ! En vrai, j’ai aussi de la chance de t’avoir comme grand frère… Même si tu t’énerves souvent, tu veux faire des efforts ! Comme maintenant… Tu m’as même pas grondé alors que je me suis enfui ! C’est toi qui est très gentil !
L'aîné sourit à ces mots.
- Merci beaucoup… Je te promets de faire des efforts et de veiller sur toi. Pour toujours… Petit frère.
Chocolait lui répondit par un sourire. Loin d’une expression enfantine dont il avait l’habitude, son sourire montrait une joie des plus douces, des plus sereines, des plus honnêtes. L'aîné était très heureux de cette réponse... Il prit la main du cadet, exprimant simplement un « Rentrons maintenant », que Chocolait acquiesça, suivant son aîné pour rentrer chez eux, se reposer de cette dure journée... Un moment difficile à passer mais très important pour l’un comme pour l’autre, qui sera pour toujours gravé dans leur mémoire…
Personnellement, je préfère le chocolat au lait au chocolat noir -bien que j’ai appris à de plus en plus l’apprécier ces temps-ci. Mais les gâteaux au chocolat, à mon avis, sont bien meilleurs lorsque l’on mélange les deux, l’un en ingrédient pour la pâte et un en nappage par exemple. Comme ça, c’est ni trop amer, ni trop sucré. Je fais souvent des gâteaux en mélangeant des chocolats, et je vous le conseille!
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