Chapitre 12
Elodie
Trois jours. Que je suis chez Guy. Que ma mère est là. Qu’ils me prennent la tête tous les deux. Que je me demande ce que je fais là. Trois jours que je n’ai pas vu Léo.
Les deux premiers jours, j’étais encore sur mon petit nuage. La nuit où on a fait l’amour était tellement belle. Je ne pensais pas qu’on pouvait ressentir autant de choses pour quelqu’un. Autant d’amour, de désir. De plénitude aussi.
Mais là, la réalité me rattrape. C’est le réveillon. Je n’ai pas envie de le passer avec eux. Surtout avec Guy. Il n’est pas encore rentré, et j’aide ma mère à préparer le repas.
- Tu es amoureuse ma fille ?
- Oui.
- C’est Léopold ?
Je ne réponds rien. Elle enchaîne sur un autre sujet.
- J’ai reçu ton bulletin. Il est très bon, je te félicite.
Je souris. Les compliments sont rares, ça me touche.
- Aux infos ils parlent de parcoursup et tout. Tu m’expliques comment ça va se passer ?
Je m’exécute et lui transmets toutes les informations que Mme D. nous a données. Les dates. Les vœux. Les écoles. Les dossiers à monter. Les projets à préparer. Je continue sur ma lancée : je lui dis où je vais postuler, en fac d’arts, mais aussi dans des écoles spécialisées. Qui sont payantes. Pour lesquelles je vais faire une demande de bourse. Mais ce n’est pas sûr que ça suffise.
Elle reste un moment silencieuse.
- Tu as réfléchi à tout à ce que je vois. Tu crois que c’est un secteur d’avenir, l’illustration, le dessin ? et si tu te retrouves au chômage après ?
- Je verrai bien. J’ai pas envie d’avoir de regrets.
- Tu as raison. Moi, j’ai pas fait d’études et après je l’ai regretté.
Même si après, Guy est là et l’ambiance change, je suis contente d’avoir pu parler vraiment avec elle. Ça faisait une éternité. C’est comme si je retrouvais un peu ma maman.
J’avais laissé mon deuxième téléphone dans ma chambre pour plus de discrétion, et en y retournant, je vois que j’ai un message vocal de Léo. C’est sa dernière chanson. Il s’est enregistré en la jouant à la guitare et en la chantant. C’est une chanson d’amour. Celle d’un amour réparateur des bleus du corps et de l’âme. Je la passe en boucle dans mon lit en m’endormant.

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