« Merci beaucoup… Je te promets de faire des efforts et de veiller sur toi. Pour toujours… Petit frère! »
C'était depuis ce fameux jour que Choconoir accepta enfin Chocolait, et son rôle de grand-frère par la même occasion... Bien-sûr, ce n'était pas facile tous les jours ! Entre la patience monstrueusement petite de l'un et la demande sans cesse d'affection de l'autre, c'était difficile de trouver un commun accord... Mais n’est-ce pas les différences et le fait d’apprendre à connaître l’autre qui font la richesse d’une relation ? A force de se côtoyer, de faire des concessions des deux côtés, d'apprendre à se comprendre dans un échange mutuel... Cela allait en s'améliorant ! Choconoir parlait à son petit frère de sa passion pour la musique, l'emmenait dans ses lieux préférés, ... En échange, Chocolait montrait à son aîné ce qu'il découvrait, lui parlait de ses amis, ... Tout allait bien, pour le mieux.
Et cela dura ainsi pendant un long moment ! Puisque maintenant, Chocolait avait bien grandi. Il était un adolescent très souriant, sociable, chaleureux... Très différent de son frère le grognon, l’amer et l’impatient, en somme ! Mais ce n'était qu'un détail pas si important. Pourquoi se plaindrait-on d'avoir une personne aussi douce et adorable que Chocolait, de toute manière ? Il passait ses journées à aider tout le monde quand il n’avait pas la tête remplie de projets et de bonnes idées ! Ayant été un enfant très curieux de nature, il est devenu un jeune homme observateur, à savoir avec aisance où était la source d'un problème ou bien comment embellir un décor… Et sans parler de travail, tout allait bien d’un point de vue relationnel. Il s'entendait avec tout le monde, même s'il avait certains qu'il aimait voir plus souvent, comme Banane, Riz, ou sa meilleure amie Glace. Tout ça pour dire qu'il n'avait pas de temps à perdre, celui-là ! Facile à deviner que lorsqu'il rentrait le soir, il pouvait être fatigué. Mais il était plutôt content de voir son frère le soir, raconter ses dernières aventures et... Tiens. Il semblerait que ce soir là soit différent. Son grand sourire habituel se perdit au moment où il arriva en face de la maison... De « leur » maison, mais Cohcolait ne l’entendait point de cette oreille ce soir-là. Il préféra tourner les talons, allant ailleurs. Pas envie de voir son frangin ronchonner ? Pas envie de passer un moment avec lui ? Préférence de voir les « amis » plutôt que la « famille » ? Toujours est-il que le lendemain matin, l'aîné était tendu de cette absence. Inquiet aussi ! La seule et unique fois où Chocolait n'était pas rentré, c'était... Lors de sa fugue. Cela allait recommencer ? Pourtant maintenant il était plus conscient de ce qu'il faisait, non ? Pourquoi aurait-il fait ça alors que tout semblait aller bien ? Où a-t-il bien pu partir ? Où on va devoir chercher en...
- Bonjour, Grand-frère !
... Choconoir s’était-il inquiété trop vite, dû à son impatience habituelle ? Le plus jeune était là, face à lui, souriant comme à son habitude. Comme si de rien n'était, en fait ! Allons. Il en était conscient de son absence toute la nuit, c'était obligé ! L’ainé prit néanmoins une grande inspiration…
« Allez... Garde ton calme, Choconoir. Ne t'énerve pas. »
Se disait le plus grand, tentant de ravaler ses inquiétudes et surtout sa potentielle colère. Au moins il était là, c'est tout ce qui comptait, non ?... L'aîné posa tout de même les mains sur les épaules de son petit frère, comme pour l'empêcher d'aller plus loin.
- Tu étais où ? Qu'est-ce que tu faisais ? Pourquoi tu reviens que maintenant ?
Malgré un grand sourire, Chocolait enleva les mains de son frère d'un mouvement sec des bras. Ce qui étonna évidemment ce dernier ! Mais de toute manière, il allait avoir la justification tant attendue... N'est-ce pas ?
- Je suis juste allé chez un ami, répondit simplement le plus jeune. Pourquoi ? Y a un problème ?
- Bien-sûr qu'il y a un problème !... Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ?
- Ah... Pardon. Je ferai attention.
… Les choses pouvaient-elles être aussi simples au sein de leur relation fraternelle ? Le plus jeune pouvait se permettre de dire simplement qu’il ferait attention, et on pouvait passer à autre chose, sans besoin de concession ?... C’était compliqué. Choconoir se demandait si son émotivité n'exagérait pas les choses, car ce ne serait pas la première fois ! Alors il se contenta de hocher la tête. C'était vrai après tout. Pourquoi s'inquiéter ! Il a promis de faire attention, cela signifiait qu’il resterait l’adorable petit frère souriant et surtout communicatif, n’est-ce pas ?
Pourtant, depuis ce jour-là, leur relation n'allait pas en s'améliorant. Faire attention ? Quelle blague ! Il lui arrivait parfois de refaire le coup, ou bien d'arriver et de rentrer directement dans sa chambre, sans dire un mot. Même lorsque Choconoir se mettait à jouer de son piano, chose qu'adorait son frangin d'habitude, tout aussi sensible aux sons que l'aîné !... Mais pas en ce-moment. Au contraire, cela semblait le faire fuir encore plus vite. Le plus grand essayait de discuter, mais rien à faire. Chocolait avait de moins en moins envie de parler avec lui. Il semblait si maussade quand il rentrait chez lui... Choconoir, s’armant sincèrement de toute sa patience, essayait de comprendre et de trouver toutes les justifications possibles. Que se passait-il ? Où était passé son grand sourire ? Il était triste et se renfermait à cause de ça ? Quelque chose le chagrinait...?
... Cela ne faisait pas sens, parce que Chocolait était de très bonne humeur, et ce tous les jours ! Toutes les personnes qui le voyaient retenaient l'image de quelqu’un de très heureux, ravi d'aider son prochain, épanoui et la tête pleine de projets... Tout comme ce soir-là que nous allons décrire.
Après une journée fort agréable et remplie de nouvelles aventures se transformant dans le temps en anecdotes, le voilà à simplement marcher aux côtés de son amie Glace. C’était une jeune fille qui, à l'instar de son aliment, semblait très froide au premier abord. Elle ne parlait pas beaucoup et son visage peu expressif la rendait d’autant plus difficile à cerner. Mais lorsqu’elle arrivait à se rapprocher de quelqu'un, il était évident de remarquer sa candeur et sa douceur sans pareille...C'était le cas avec Chocolait d’ailleurs, puisqu'elle souriait !... Légèrement. Mais c'était déjà beaucoup. Chocolait la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle allait bien. Cette petite étincelle était assez communicative pour lui qui était d’humeur pétillante ! Grand sourire, beaucoup de paroles à tout va, bien que cela ne posait aucun problème de se délecter par moments du silence, du simple son du vent ou de petits volatiles qui passaient, tandis qu’ils admiraient tout le paysage durant leur promenade... Car il fallait le dire, c'était magnifique de pouvoir observer le ciel rosé, donnant une teinte toute particulière aux dalles de sablés sur lesquelles ils marchaient, elles même décorées autour par des pierres de sel brillantes, de feuilles de menthe et des graines sous formes de plantes... Sans oublier qu’à perte de vue s'étendait une végétation laiteuse, crémeuse, elle aussi prenant une magnifique couleur grâce au ciel et aux fleurs chocolatées qui contrastaient à quelques endroits, par ci par là. C'était aussi non loin du champ de céréales où Chocolait avait trouvé son frère pour la première fois... Mais ce n'était pas important pour le moment ! Le jeune homme avait comme à son habitude, plein de choses dans la tête. Des choses douces, calmes... Joyeuses, oui ! Pas de quoi ronchonner et se prendre la tête ! En tout cas, Chocolait était tellement transporté dans ses pensées qu'il s'arrêta, regardant le soleil se coucher, et tendant les bras en avant en faisant un cadre avec ses mains, comme s'il s'amusait à prendre une photo :
- C'est ici que j'habiterai plus tard, commença-t-il ! Je vois déjà quelle forme aura ma maison, et où elle sera pour être en accord avec le paysage !
- Tu penses déjà à ce genre de choses ? demanda Glace, son sourire s’élargissant légèrement. Tu réfléchis loin, dis-donc. Prends ton temps, que l'on profite un peu du présent… Tu ne crois pas ?
- Tu... Tu as raison ! répondit Chocolait, touché par les propos de son amie. Mais que veux-tu !... J’adore explorer plein de possibilités et… J'ai tellement d'idées en tête pour le futur ! Tellement d'envies, de rêves qui me traversent la tête, et, et...
- Tu penses encore à ton gros projet, non ?
- Absolument ! répondit Chocolait, hochant vivement la tête.
- Et tu en as parlé à ton frère ?
Au moment où Glace prononça ces mots, Chocolait perdit son grand sourire habituel... C'était tout l'inverse, même ! C’était presque au point où il commençait à pester un peu.
- Bah ! commença-t-il. J'aurais pas besoin de lui... Donc on s'en fiche, que je lui en parle ou pas ! De toute façon il sera sûrement contre le connaissant. Et il va s’énerver, comme à chaque fois...
- Je... Tout va bien ? Tu as un problème avec lui, en ce moment pour dire tout ça ? Demanda Glace qui commençait à s’inquiéter.
- Non, du tout ! Enfin... Pas plus que d'habitude. Tu le connais, impatient, à faire des reproches là où il y en a pas, à se moquer de moi ou des autres... La routine avec lui, tu vois !
Chocolait soupira suite à ses mots. Il se rendit compte en parlant qu’en effet, on pourrait croire qu'il y avait un problème... Alors il se remit à sourire très vite ! Car tout allait bien ! Juste la routine, juste un frère énervant... C’était l’ainé qui était amer comme d'habitude, la belle affaire !
- ... Si tu le dis. conclua Glace, se disant qu'insister était inutile.
- ... Enfin bref ! Et sinon, je pensais à...
Et Chocolait reprit une toute autre conversation, plus ou moins intéressante... Glace était plutôt inquiète quand à ce changement soudain, mais elle savait bien qu'avec son ami, il était mieux d'attendre qu'il se confie lui-même, et qu’elle sera de toute ouïe comme toujours... Elle continua donc gaiement la conversation ! Le temps passa ainsi jusqu'à la tombée de la nuit.
... La nuit. Là où les deux lunes décoraient le ciel, ainsi que les étoiles d’un aliment inconnu. Cela signifiait aussi le moment où Chocolait devait voir son fraternel. Tous ses amis étaient occupés, et avec Glace vivant dans l’immense maison de Madame Lait... Impossible que son frangin ne finisse pas au courant. Il va falloir le voir à nouveau… L’affronter à nouveau. Bien que ce mot semblait fort, il était passé dans l’esprit du cadet. Il pourrait très bien faire comme d'habitude en ce moment, à juste rester dans son coin ! Mais cette fois-ci, il n'était pas juste las... Il était nerveux. Probablement était-ce à cause de sa discussion avec Glace ? Ils n'en avaient pas beaucoup parlé, mais parfois quelques mots sont suffisant pour s'imprégner longtemps. Il repensait à cette innocente et bienveillante question.
« Tu as un problème avec lui, en ce moment ? »
... En ce moment, pas vraiment. Enfin... Il était pareil, là-dessus le cadet n’avait pas menti. Mais quelque chose avait changé, ça c'était sûr… Sa façon de le voir, probablement. Autant avant c'était son grand-frère adoré, son modèle parfait, celui qui lui avait appris tant de choses ! Autant maintenant ! Maintenant... C'était juste une tête de mule que Chocolait avait malencontreusement choisi comme grand frère ! Et ce grand-frère n'avait pas tant de qualités que le plus petit aurait pu lui accorder à une autre époque, bien au contraire !... Enfin. Quelques-unes, peut-être, oui. Choconoir savait se montrer mature par moments, il faisait parfois des efforts, au fond il était drôle, et puis Chocolait aimait tellement la voix de son grand frère quand elle était plus calme, car elle était berçante et rassurante. Cette voix qui l’avait consolé à bien des moments parce qu’il pleurait beaucoup quand il était petit... Mais ce n'était plus suffisant. Il s’en était bien rendu compte à force de côtoyer plein d'autres personnes toutes aussi adorables les unes que les autres, avec qui il a été possible de forger plein de souvenirs et d'espérances pour l'avenir... Pas besoin de Choconoir pour construire tout cela !...
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