Et une fois de plus, dans sa tête qui allait toujours à cent à l’heure et qui s’imaginait toujours ce qui n’était pas encore fait, il s’était perdu dans l’avenir… Le temps est venu de revenir au présent. Ce présent où le cadet était toujours dans la petite maison fraternelle, et dont il allait ouvrir la porte… Tout irait bien s’il rentrait simplement dans sa chambre. En évitant le plus grand, il allait être possible d’esquiver toutes les réflexions négatives et autres doutes pour se concentrer sur le reste.
- Bonjour. dit simplement le cadet en ouvrant la porte.
- Ah ! Enfin, te voilà. Il est tard, tu sais ?
Une fois de plus, il était temps pour le sermon. Il en faisait de plus en plus, ces derniers jours ! Mais Chocolait en avait assez, encore plus aujourd’hui. Il voulait juste se poser tranquillement sans avoir de conflits, était-ce trop demandé ?!
- Ecoute, frangin... Je suis grand maintenant tu sais, tu n'as plus à t'inquiéter pour moi ! dit le cadet en grimaçant un sourire peu honnête.
- C'est pas que ça le problème. commença Choconoir, plus calme. Y a un truc que je voulais te dire. Tu sais... On fait moins de trucs ensemble, ces temps-ci ! Et je trouve ça dommage... Tu trouves pas ?
...Tiens. Choconoir semblait presque gêné, comme s'il avait fait un aveu dont il avait honte... En tout cas, c'était ainsi que l'interprétait le plus jeune, cette interprétation était la plus simple pour son humeur actuelle. Evidemment ! Il avait toujours du mal quand c’était pour dire des choses gentilles. Car oui, Chocolait était en un sens touché d'entendre son frère lui dire ça, mais il était surtout énervé. Il n'avait pas à être mal à l'aise de vouloir passer du temps avec son frère, non ?! Pourquoi quand il se voulait agréable, il fallait toujours que ça soit forcé ? Cela ne coûte rien, d'être amical… Ces pensées envahissent tellement l'esprit du cadet qu'il en oublia le fait d'avoir été touché au départ.
- Je préfère juste passer mon temps avec des personnes plus agréables, répondit-il sèchement.
- ... Quoi ? T'es sérieux, là ?!
Ah, le voilà. Tel qu'il le connaissait. Choconoir, le grand-frère amer qui ne voit que le négatif et monte les tonds ! C'était comme ça qu'il a toujours été de toute façon, effort ou non...
- Très sérieux, oui, reprit le cadet. C'est bien sympa de temps en temps de te parler, mais si c'est pour que ça finisse en cri et en disputes, je préfère être tout seul. Donc, tu permets...
- Non. répondit directement Choconoir, barrant la route à son frère. D'où t'ose me dire ça pour ensuite partir sans me laisser te répondre ? Explique toi un peu, non ? Tu veux discuter, c’est ça ?! Je sais faire, hein !
- Oh làlà.. soupira Chocolait. J'ai rien de plus à te dire ! Tu veux savoir quoi ? Tu m'énerves, c'est tout. J'ai envie de faire d'autres choses, de voir d'autres choses. Et d'être de bonne humeur ! Et c'est pas avec un imbécile de frangin qui part au quart de tour à chaque fois que tout va pas dans son sens que ça va arriver !
Chocolait baissa la tête face à ces mots. Il parlait bel et bien de son frère ?... Bien-sûr que oui. Ce dernier qui d’ailleurs resta silencieux pendant quelques longues secondes, essayant de trouver les bons mots, laissant parler la logique avant l’émotion… Mais il avait juste envie de faire des reproches.
- ... Après tout ce que j'ai fait pour toi ? demanda Choconoir, prenant quelques inspirations pour essayer de se calmer. Après tous les efforts que j'ai fait, c'est comme ça que tu me remercie ?! Je fais de mon mieux, tu te rends pas compte !
- Et bien... C'est pas assez. Et c'est pas en jouant sur la culpabilité que ça va me faire changer d'avis, bien au contraire tu sais.
- Il te faut quoi alors, Hein ?!
- Je… Je pense que…
Chocolait cherchait ses mots. Que voulait-il au final, lui qui avait mené cette conversation jusque-là ? A la fois il aurait préféré partir directement comme c’était prévu, à la fois ce moment était bien la preuve qu’il avait raison jusqu’au bout… Il ne savait pas s’il avait voulu cette dispute où si, au plus profond de lui, il ne préférerait un simple câlin fraternel… Mais le contexte ne s’y prêtait pas du tout, cette idée semblait si lointaine. Ne voulant pas laisser place au doute une fois de plus voire à des larmes potentielles, il laissa également parler sa colère.
- Que tu me fiche la paix une bonne fois pour toutes, tu m’agace et tu rates tout ce que tu entreprends avec moi, je veux pas d’un frère pareil !
Trop. C'en était trop. Choconoir en avait assez de cette conversation. Il faisait de son mieux pour se calmer, se mettre au niveau du plus jeune, mais il avait juste l'impression qu’on faisait tout pour qu'il craque. Ce pauvre petit veut que son grand-frère s'énerve et joue le méchant ?! Et bien c'était réussi. Si bien qu'il l’avait giflé. N’était-ce pas juste ce que Chocolait voulait après tout ? Donc c’était bon maintenant, ilétait satisfait comme ça ?! Il a eu la dispute qu'il voulait, surement, puisqu'il répondit :
- Tu vois, je te l'avais dit. C'est toujours comme ça avec toi ! J’en ai assez…
Tout en se frottant la joue, Chocolait se tourna et repartit de la maison, claquant la porte. Est-ce que son frère allait le chercher ? Bien sûr que non. Pas cette fois. Il a eu ce qu'il voulait, et bien, il sera satisfait ainsi !
Pourtant, Chocolait ne semblait évidemment pas heureux, tandis qu'il s'éloignait petit à petit de « chez lui », l'air déterminé. Il ne prenait pas la peine de courir, mais il marchait suffisamment vite pour s'éloigner le plus possible de cette affreuse maison ! ... Et tiens donc, il se souvenait de cet endroit. De ce buisson dans lequel il s'était caché étant petit lors de sa fugue… C’était drôle. Il paraissait si petit, maintenant. Et puis, ce n'était pas si loin de chez lui en réalité. A l'époque, il avait l'impression d'avoir fait une longue course ! Et là... Il y était déjà ? Et comment avait-il pu se cacher dans un coin si petit ?... Ce simple détail lui faisant rendre compte du temps passé, il décida de s'arrêter là, s'asseyant à côté.
... Il en avait assez. Il voulait s'éloigner de son frère. Et maintenant que c'était fait, il n'allait pas spécialement mieux. C'était même tout le contraire ! Il avait envie de revenir et de... Non. Non voyons ! Enfin, probablement pas. Peut-être devait-il continuer sa route alors, bien qu’il ne bougea pas d’un pouce, continuant à ruminer et à ne pas savoir ce qu'il voulait. C’était si désagréable quand les pensées qui l’envahissaient n’étaient pas juste joie et projets amusants !
- Bordel !! finit-il par crier dans le vide.
- ... Plait-il ?
… Ah. Il n'était plus tout seul, visiblement. Le brun releva la tête, regardant qui avait bien pu lui répondre... C'était Fromage-Blanc, le meilleur ami de son frère. Très probablement qu'il est passé par là pour venir le voir, d'ailleurs? Néanmoins ce dernier décida de s'arrêter, se concentrant sur ce pauvre petit Chocolait semblant si frustré.
- Tout va bien, Chocolait...?
- Pourquoi tout le monde me pose cette question ? Bien-sûr que ça va ! Je me sens en pleine forme ! Je me suis disputé avec mon frangin, j'ai encore fui... Tout à fait ce que je voulais ! Alors pourquoi ça irait pas ?... C'est une très bonne raison, tiens !
- Oh... Je vois.
Sans dire quoi que ce soit de plus, Fromage-Blanc se posa à côté du plus jeune, comme pour l'accompagner. Comme pour servir d'oreille attentive... Comme pour l'inciter à parler... Ce qu'il finit d’ailleurs par faire.
- Je sais plus quoi faire, commença-t-il. Peut-être que cette fois je l'ai cherché, oui ! Mais en règle générale... J'en ai assez de son comportement. Tout le monde autour de moi est si gentil, si souriant, et lui... Lui, là ! Il fait peut-être des efforts, mais ça changera rien ! Même si c’est le passé, je lui en veux toujours pour avoir été si méchant avec moi quand on s'est rencontré... Et même encore après ! Pourquoi ça devait être lui le grand frère que j’ai choisi pour modèle ? Pourquoi j'ai passé autant de temps avec cet imbécile !?
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