Et depuis ce jour, le jeune homme n’était plus tout à fait le même. Perdant de sa saveur pétillante et rayonnante, il était un héros fragilisé. Certes, son côté altruiste le forçait toujours à rendre service à son prochain, mais peut-être plus par automatisme qu’enthousiasme. Cet échec… Cette nouvelle remise en question… Cela rendait les choses si compliquées à cause de tant d'accumulations ! Comme d’habitude, il favorisait les problèmes des autres. Mais ses problèmes à lui, il les laissait bien au fond dans sa tête, comme des livres de plaintes que l’on rangeait dans une bibliothèque fermée à double tour pour ne jamais y accéder… Mais à force que l’égo et peut être la peur remplissaient cette pièce, elle devenait pleine à craquer… C’était déstabilisant de ne plus s’entendre penser !
Pourtant, un héros se doit d’aider les autres, non ? Même lorsqu’il ne peut s’aider soi-même ! C’était bien pour cela que le pire dans toute cette histoire, c’était quand il voyait Miel triste. Qui était son plus grand héros ? Certainement pas Piment ! Il arrivait de moins en moins à trouver de bonnes solutions, de bons conseils, de bons méchants à réprimer… Y avait-il de vrais méchants, en réalité ? Et pas juste des ramassis de quiproquos et de complications ?
… Peut-être. Piment n’était pas du genre à se laisser emporter par ce genre de pensées. Et ce même alors qu’il était seul, dans une plaine de menthe où la forte odeur contrastait avec sa personne, l’envahissant même un peu, comme si c’était ce qu’il voulait en ce moment-même. En fait, l’odeur était tellement forte pour lui qu’il ne remarqua pas une présence qui s’était Rapprochée.
- Ça va aller ? Demanda l’inconnu qui n’était autre que Curry.
Quand Piment vit l’identité de son interlocuteur, il s’était demandé s’il ne devait pas fuir ! La présence même de cette adorable personne réveillait en lui une autre de ses interrogations compliquées, qui n’étaient pas dignes du héros qu’il était ! Mais comme un homme se devait aussi d’être brave, il resta finalement. Même, il répondit un peu hâtivement à sa question :
- Moi, dis-tu ? Je vais très bien, comme à mon habitude ! Le grand Piment est là pour toi !
Il répondait, il souriait, mais quelque-chose le trahissait : il s'agissait de petites larmes qui commençaient à faire surface sur ses petits yeux fatigués.
« Oh non, c’est affreux ! » pensa alors Piment. Histoire d’avouer un petit secret, il détestait pleurer. A cause de son pouvoir d’aliment de nature piquante, ses propres larmes lui faisaient mal aux yeux, le faisant pleurer davantage, pendant plus longtemps que la moyenne… Et ça alors qu’un héros se devait de ne pas pleurer ! Quelle faiblesse ! Quel ridicule ! Heureusement cependant que Curry ne le voyait pas de cette manière. Certes, il était surpris. Pour sûr, il paniquait presque un peu, ne s’attendant pas que sa simple question aurait fait pleurer l’homme qu’il admirait passionnément ! Mais lui aussi, du haut de sa timidité, sa candeur et sa sensibilité, pouvait se montrer courageux ! Alors il prit l’audace de poser une question :
- Euh, tu… Tu veux me parler de ce qui ne va pas…? Je suis de toute ouïe !
Piment repensa à la manière dont Madame Lait avait aidé le petit Abricot l’autre jour. Avec cette pensée en tête, il serra Curry très fort dans ses bras, non pas dans le but de rassurer quelqu’un, mais bien dans celui de demander du réconfort. Il était déjà en train de pleurer, ce n’était pas grave de se montrer davantage faible, n’est-ce pas ? Tout ce qu’il voulait à présent, c’était de l’aide. Et bien-sûr, il continuait de pleurer.
- Je ne sais même pas par où commencer ! Expliqua Piment entre deux petits sanglots. Je croyais que j’étais un héros, mais je ne suis qu’un menteur ! Je ne suis ni le plus fort, ni le plus courageux. Je ne suis pas sans crainte, et je ne suis pas sans défaut. Mais être vraiment moi entache cette image valeureuse, alors je dois absolument la cacher ! Mais je n’y arrive plus, tu vois bien…
Il sous-entendait qu’en pleurant ainsi, tout était fini. Il n’était sûrement plus quelqu’un de brave ou de viril aux yeux de Curry… Mais je suis sûr que vous l’avez compris… Une fois de plus, ce n’était pas son point de vue. Timide et toujours un peu paniqué au plus profond de lui, il prit un petit temps pour choisir ses mots. Mais il n’oublia pas de les prononcer !
- ... Mais moi, je vois toujours un héros en face de moi ! Répondit Curry, serrant Piment dans ses bras en retour. Je t’admire toujours autant, et je t’aime encore plus maintenant.
Ce que Curry voulait dire par là, c’était qu’il était content de voir une autre facette du grand héros à l’apparence sans peur et sans reproche… Tout cela le rendait tellement plus humain, tellement plus abordable ! N’est-ce pas meilleur sur tous les points ?
Curry reprit la parole à nouveau :
- Ce n’est pas parce que tu as des faiblesses que cela change quoi que ce soit ! Ce n’est pas parce que tu as des fois peur que tu n’es pas courageux. Ce n’est pas parce que tu es sensible que tu n’es pas fort. Ce n’est pas parce que tu échoues que tu ne réussiras plus jamais ! Tu vois ce que je veux dire ? Au contraire, même ! Une personne trop parfaite, aussi incroyable soit-elle, ne pourrait jamais comprendre comment régler les soucis des autres ! Alors adieu à cette image que tu essaye de te donner sans cesse, qui te prend la tête et qui je suis sûr ne te donne pas de bonnes idées ou de bons principes ! On est plus content quand on est honnête avec soi, et puis... On t’apprécie pas parce que tu es viril et puissant, mais parce que tu aides toujours les autres avec gentillesse, et parce que tu es optimiste ! Moi je te trouve très rayonnant, même en train de pleurer…!
Le pauvre Piment regardait son interlocuteur sans savoir quoi répondre. Il était incroyablement surpris d’entendre de tels mots de la part de Curry qu’il avait définitivement mal jugé. Certes, il l’appréciait déjà beaucoup... Mais jamais il ne se serait douté de l’entendre dire de tels mots ! Il le pensait si fragile et au final, il était si fort aussi, et si brave, parce qu’il était honnête… Piment pleura alors davantage, culpabilisant un peu d’avoir eu de si mauvais aprioris, et se relâchant ainsi, sans se cacher davantage et étant franc avec ses émotions et sentiments. Il continuait de serrer Curry dans ses bras et ne parlait pas vraiment. « Merci » et « Moi aussi je t’aime encore plus maintenant » sont sûrement les paroles qui ont été les plus audibles. Éventuellement quand il dut partir, il embrassa le front de ce cher Curry. Saviez-vous qu’une bise sur le front était un signe de protection ? C’était le cas ici ! Comme un petit charme de grand héros envers une personne qu’il aime, sans que ce soit une demoiselle en détresse.
Plus tard, Piment rentra chez lui, avec une nouvelle mission qui lui tenait personnellement à cœur. Une des plus importantes jusque là, possiblement ! C’était de parler honnêtement avec sa petite sœur adoptive, Miel. Cette dernière, ce soir, ne semblait pas se sentir très bien, elle aussi perdue dans des pensées négatives qu’elle n’arrivait pas à exprimer. Et ça, après toutes ces remises en questions et réflexions, Piment avait fini par le comprendre ! Ou plutôt, il avait fini par l’admettre.
C’est bien pour cela que lorsqu’il la vit, Hop ! Il lui offrit le plus doux des câlins, non pas le plus rayonnant mais le plus véritable des sourires.
- Je suis vraiment désolé pour tout, expliqua-t-il. J’ai toujours voulu te protéger, t’aider, mais je ne le faisais pas correctement. Finalement, les plus grands antagonistes du monde, ce ne sont pas des personnes, mais des émotions qu’on n’exprime pas et qu’on garde pour soi alors… Sache que tu ne seras plus toute seule ! Dorénavant je t’écouterai jusqu’au bout, je te soutiendrai et je… Et je serai moi-même avec toi.
Peut-être plus par empathie que par sympathie, Piment se mit une fois de plus à pleurer, sans cacher sa gêne. Repensant à toutes les fois où Miel ne semblait pas si joyeuse et qu’il n’avait pas osé prêter attention… Il était triste de la penser malheureuse. Mais cependant cette fois, Miel ne semblait pas triste. Bien au contraire, elle était souriante, apaisée par ces mots, cette affection, et surtout par le fait de voir une personne qu’elle adore parler à coeur ouvert… Avec ses tout petits pouces, elle essuya les yeux de son grand-frère.
- Merci pour tout… Tu es mon plus grand héros !
Pour les amateurs de sucré/salé, je conseille fortement des sauces à base de piment et de miel ! Quelques aliments comme le lait atténue le côté piquant du piment, et le miel en fait partie, même si on sent toujours le goût ce qui fait un très bon mélange ! Relevé, mais aussi très doux !
Comments (0)
See all