C’est ainsi que fut scellé le sort de ces petits bouts de roches. Ils les installèrent dans leurs sacs bien calé par de l’herbe fraichement coupée puis se remirent au dépeçage. Ils finirent une heure plus tard, ils plièrent la fourrure à la hâte puis se dirigèrent vers l’abri, cette fois en marchant et en s’extasiant de leurs nouveaux trésors. Les triglopodes suivaient leur maître docilement. Ce jour-là ils rentrèrent directement à la fin de la seconde éclipse, ils ne parlèrent pas des œufs à leur famille et tous s’extasièrent devant la beauté de la fourrure de la créature. La grand-mère d’Astir entreprit de leur confectionner des vêtements d’hiver à chacun. Quant aux œufs ils furent installés dans un nid à base de laine et de foin dans les greniers de la bergerie. Les deux adolescents passaient les voir au moins deux fois par jour sans remarquer de grande évolution.
Les semaines s’écoulaient doucement, la saison froide avait commencée. Les triglopodes hibernaient dans la bergerie, Septem et Astir restaient souvent dans la salle commune de l’auberge, écoutant les ragots, rêvant parfois d’aventure. Les températures avaient chuté au-dessous de zéro degré Celsius quand l’inespéré arriva, c’étaient bien des œufs !
C’était le vingtième jour de Neptune, les deux compères s’étaient retrouvés au grenier de la bergerie pour discuter et voir les opales même s’ils commençaient à se sentir bête de couver des cailloux. Les pierres avaient commencé à émettre une chaleur douce, ils ne le remarquèrent pas jusqu’au premier craquement émis par les coquilles. Ils s’étaient retourné si brusquement que Septem avait failli s’affaler dans la paille, leurs œufs étaient en train d’éclore ! Un miracle. Ils se penchèrent autant qu’ils purent pour ne pas entrer en contact direct avec l’éclosion de leurs petits. Les coquilles se fissuraient de plus en plus sous les coups de « bec », le temps semblait infiniment long, Astir et Septem n’attendaient qu’une chose : découvrir leurs futurs bébés Criordes – ils avaient appris le nom de l’espèce au cas où leurs opales seraient des œufs.
Au bout de dix très longues minutes les nourrissons émergèrent de leurs coquilles, ils ne faisaient pas plus de vingt centimètres, avaient un pelage couleur crème – étonnant vu celui de leur mère – et une gueule possédant de tout petits crocs ainsi qu’une sorte de corne que leur mère ne possédait pas. Les petits les reconnurent comme leurs parents puisqu’ils furent les premiers êtres vivants à croiser leur route. Septem était aux anges, elle avait toujours rêvé d’avoir son propre compagnon pour partir à l’aventure et la protéger, quant à Astir il venait d’obtenir un chien de berger plus résistant que n’importe quel fauve du coin.
Ils prirent chacun un criordeau dans leurs bras, débordant déjà d’affection pour ces petits êtres. Il fallut plusieurs minutes d’observation béate avant qu’ils ne pensent à ramener du lait pour les nourrir. Heureusement pour eux Astir savait où en trouver à cette période de l’année, il confia le sien à Septem et parti en courant en chercher. Il revenu quelques minutes plus tard avec deux petits sacs en peau percé d’un trou ainsi que d’une grosse gourde de lait. Il reprit son petit et lui prépara son biberon. Septem avait également appris à nourrir les bébés triglopodes et savait donc comment faire. Ce n’est qu’une fois que les petits criordes furent repus et assoupis qu’ils se décidèrent à les nommer. Il opta pour Gwalarn et elle Kornog – deux vents soufflants sur les montagnes en hiver. Maintenant, il fallait annoncer la nouvelle à ses parents, Septem n’était pas sereine, il faut l’avouer.
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