Steredenn se levait doucement, l’aube ne tarderait pas à pointer le bout de son nez. Ils étaient prêts à partir, ils n’avaient pas beaucoup dormi tenaillé par la peur que les Anaons ressortent du lac. Ils descendirent de leur abri de fortune et se mirent en route. Les criordeaux sentaient la tension qui émanait de leurs maitres sans trop en comprendre la raison, ils se contentaient de suivre en couinant, ils n’avaient pas eu leur petit déjeuner. Astir et Septem savaient que la marche pour arriver à Aguilepia prendrait deux jours. Cela signifiait qu’ils allaient devoir passer la nuit à proximité du lac, seuls, avec leurs criordes. Cette idée ne les enchantait pas particulièrement mais c’était mieux que de dormir à Pratt où ils étaient entourés de cadavres et de l’odeur de sang tenace qui allait ramener les prédateurs alentour.
La marche n’était pas plus éprouvante que
ce qu’ils avaient l’habitude de faire, ce qui la rendait difficile était l’état
d’esprit dans lequel ils se trouvaient. Fatigués, déboussolés, triste et définitivement
seuls. Plus personne ne les attendait désormais. Septem voulait descendre vers
la mer, elle avait toujours voulu naviguer comme pirate et plus rien ne la
retenait maintenant. Elle préférait se plonger dans son rêve d’avenir que de
repenser à ce qu’il était arrivé à sa famille. Astir n’avait pas réfléchi à
tout cela, il avait toujours suivi le cours des événements sans penser à
devenir autre chose que berger. Il décida donc de suivre son ami dans cette
aventure bancale.
Ils marchaient machinalement, sans parler, ils n’en avaient pas envie. Ils n’avaient pas encore accepté ni digéré les informations de la veille. Le lac était morne et étonnamment pour un mois de Pluton, il n’y avait pas de vent, apportant un côté surnaturel. Cela ajoutait de l’angoisse dans le cœur des jeunes Leontopos qui avait déjà du mal à ne pas céder à la panique. Les criordes avaient retrouvé leur gaieté et jouaient loin devant eux. Cette scène habituelle et joyeuse les aidait à tenir et à continuer à marcher. Lorsque la première éclipse arriva, ils avaient déjà parcouru une petite dizaine de kilomètre et avaient rejoint l’abri construit dans une falaise. Ils n’y étaient venus qu’une fois en compagnie des marchands du village. C’était rassurant d’arriver dans un lieu connu mais si frappant de savoir que plus personne à part eux n’utiliserait cet endroit. Ils gravèrent la date et le nom de leur village ainsi que ceux de leurs proches dans la roche qui constituait l’abri. Une trace indélébile de l’existence de Prat et de ses habitants. Ils reprirent la marche dès la fin de l’éclipse.
Le crépuscule commençait à pointer lorsqu’ils entreprirent de se cacher pour la nuit. La terre autour du lac était suffisamment meuble pour creuser une cavité qui une fois recouverte de branche et de tourbe fera une parfaite protection contre les prédateurs nocturnes. Creuser un trou suffisamment large pour quatre et le recouvrir leur prit plus d’une heure. La nuit était tombée quand ils finirent et seul les restes de lumières du jour leur permirent de s’introduire dans leur abri de fortune sans trop de dégâts. Kornog et Gwalarn s’y étaient installés pendant qu’ils recouvraient de branches. Ils dormaient déjà profondément quand Septem et Astir entreprirent d’avaler quelques morceaux de viandes séchés avant de sombrer à leur tour dans un sommeil agité.
Comments (0)
See all