Le temps s’écoulait différemment quand on voyageait avec un convoi. Tout était rythmé sur les repas et les pauses effectuées pour nourrir les animaux et se reposer. Ces arrêts n’étaient pas à heure fixe mais dépendaient du paysage et de l’espace disponible. Quand les éclaireurs tombaient sur une clairière ou une friche ils signaient la pause (deux foulards orange levées selon la direction du spot). Parfois ils ne trouvaient pas d’endroit suffisamment large pour que tout le monde sorte de la route. Dans ce cas-là, ils s’arrêtaient une heure avant la tombée de la nuit, aligné sur la route. C’est cette configuration qui était la dominante sur les routes de montagne.
Les conifères géants qui les encadraient ne laissaient aucun espace de libre si ce n’est le chemin de terre. Forçant les voyageurs à être sur le qui-vive en permanence pour s’assurer qu’aucun animaux attaquaient le convoi durant les éclipses et la nuit. Astir et Septem avaient été épatés de voir comment les caravaniers éloignaient les animaux pendant ces périodes. Ils prenaient des grandes toiles faite dioica sur lesquelles ils répandaient un mélange d’encens et de plantes pilés qui émettaient une odeur particulière, pour ne pas dire désagréable. Une fois que le liquide pâteux était mis sur les toiles, ils recouvraient les véhicules et les hommes avec et restaient caché en-dessous sans émettre de bruit. Ils nourrissaient les jeunes enfants avec un lait coupé de somnifères pour être sûr qu’ils ne pleurent pas. De grands feus étaient allumés à la tombée de la nuit pour s’éclairer et cuire les aliments.
La majorité des caravaniers était des Verbascus, un peuple des plaines dont la peau était jaune nankin zébrée de rayures orangés. Ils avaient la réputations d’être de bons commerçant, facile d’approche et répartie sur l’ensemble d’Igemba. Astir avait entendu un vieux dicton à l’auberge de Polyphé : « s’il n’y a pas de Verbascus là où tu es, fait demi-tour, tu es en danger ». Outre ça, ils avaient des cheveux bruns frisés plus ou moins long et des yeux généralement jaunes vifs avec des pupilles de chats. Ils étaient plus petits que les Leontopos qui les dépassaient d’une ou deux têtes.
Dans le lot, il y avait quelques Leontopos de la ville d’Aguileppia ou de villages alentour. Ils avaient la peau de différentes nuances de violet que Septem et Astir. Il y avait également quelques représentant d’autres espèces. Et notamment un Speluncico – petit, trapu et très résistant, ils ne se tiennent pas complètement debout, d’où le côté trapu. Une espèce des grottes. Ils faisaient de bons éclaireurs et combattants quand l’obscurité tombait. Ils ont une peau brunâtre et très épaisse pour se protéger des aspérités des cavernes. Leurs yeux sont complètement noirs en l’absence de lumière mais deviennent vitreux en plein soleil. Il s’appelait Euphorbe et avait emprunté le convoi depuis Ogropy. Il en avait eu marre des différentes grottes de Wliid et avait décidé de prendre la route pour faire un herbier des plantes médicinales de Nasgaär et d’Hiol, le continent de l’Ouest. Son rêve était de devenir herboriste. D’ailleurs en plus de servir comme éclaireur, il servait aussi de soigneur.
Au bout de deux quinzaines, Septem et Astir s’étaient complétement habitué à la vie dans le convoi. Ils servaient en partie d’éclaireurs et allaient chasser par la même occasion, guidés par leur criordes. Ils ne ramenaient pas toujours quelque chose mais ils réussissaient quand même à attraper de quoi subvenir à leurs besoins et à ceux d’une partie de la troupe. Ils attrapaient le plus souvent des iluks (léporidés pullulant dans les forêts montagneuse, petit mammifères poilu mesurant dans les 60 cm à taille adulte, possédant un pelage roux, avec un goût proche du serpent) mais il arrivait qu’ils obtiennent des cokats isolés (cervidés de deux mètres au garrot, avec un pelage noir de jais et des bois couleurs cendres. Une viande un peu forte mais très nourrissante, ça se marrie bien en ragoût). Sur les trente jours écoulées, ils n’en avait eu qu’un seul mais ça leur avait permis de nourrir les criordes pendant trois jours. La viande était stockée sous les charriots de façon à ne pas attirer les autres animaux.
En un mois, ils avaient parcouru plus de
deux cents kilomètres. La végétation rase de montagne laissant place à des
conifères de plus en plus grands ainsi que des fylicophitas de plus en plus
touffus. Des baies orange poussaient dans les fourrées. Elles sont comestibles
et servent de coupe faim. La forêt s’était substituée à la montagne et
désormais seule la terre sur laquelle ils marchaient était encore ocre. La
saison chaude s’était terminée depuis déjà un mois et désormais le temps
commençait à se rafraichir pour laisser place à la saison froide.
Certaines espèces de plantes perdaient leur feuille en période froide. De ce fait, le sol était jonché de feuilles mortes aux couleurs très divertissantes. Quelquefois elles étaient violet sombre, d’autres bleues ou encore orange vif. C’était vraiment agréable de voir que le paysage changeait autant. Astir prenait des notes sur ce qu’il voyait et avait entreprit d’apprendre à Septem comment écrire et tenir un cahier de compte. Elle s’était révélée être une bonne élève, elle apprenait vite malgré le peu de temps qu’ils consacraient aux études. Ils faisaient ça généralement le soir à la lueur des feux en dessinant sur le sol à l’aide de bâtons. Pendant environ une heure avant de prendre la relève pour monter la garde.
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