Soudainement, ils ne restaient plus que moi, Taren, et cet atmosphère pesant qui semblait avoir disparu auparavant. Je me demande si je vais réussir à m'excuser, ça n'a jamais était mon fort. Mais il faut que j'admette ma faute, sinon je ne pourrais plus dormir sur mes deux oreilles.
« Uhm... Taren au fait... j- »
« Bref ! Et si on sortait ? » a-t-il balancé, me coupant dans mon élan, de manière tout à fait naturel tout en se levant, alors que nous venions de faire la promesse de ne plus s'absenter sans prévenir pour ne plus inquiéter tout le monde.
« Tu te fous de ma gueule ? » J'ai dégluti, abasourdi par cette hypocrisie.
« Pas plus que d'habitude si c'est ce qui t'inquiète. »
« Tu veux te taper, c'est ça ?! » Ai-je proclamé, agacé par l'attitude décomplexé de Taren.
« Idiote ! » — Je suis tombé en arrière, surprise par sa surprenante initiative — « Tu crois vraiment qu'on va pouvoir se faire pardonner en restant sagement ici à ne rien faire ? » Il m'a dit en adoptant un ton moralisateur.
« Mais on risque pas de répéter les mêmes erreurs si on fait ça ? » Ai-je dit avant qu'il m'interrompt avec un nouveau : « Idiote ! » encore plus désinhibé que le précédent.
« Si personne ne prend connaissance de notre absence, personne ne s'inquiétera. Il suffit juste de rentrer avant père. Ainsi on pourra aller chercher un cadeau au marché pour nous faire pardonner sans que personne ne s'inquiète puisque lorsqu'ils l'apprendront, on sera déjà rentré. D'autant plus que juste se balader au marché ne représente aucun risque, surtout avec des capacités tels que les nôtres. Si vraiment un imprévu se passe, comme l'a dit père, à tel point que même nous ne puissions faire quoi que ce soit, ce n'est pas à la maison qu'on aurait été plus en sécurité. » a-t-il débité avec assurance alors que je ne pouvais qu'écouter, abasourdi
Bien sûr, je sais que ce qu'il dit ressemble à une excuse, mais qu'est-ce qu'elle est jolie cette excuse. Et en plus on respecte notre promesse de ne plus les inquiéter tout en se faisant pardonner avec des cadeaux, ou pots de vins, ça dépend comment on voit les choses. Mais il reste quelque chose qui me chiffonne.
« Et avec quel argent on achète les cadeaux ? » J'ai avancé.
« Tu crois vraiment que moi, le plus grand détective du monde, puisse oublier un tel détail ? Bien sûr que j'ai de l'argent. À ton avis, tu crois vraiment que j'ai appris à coudre pour le plaisir ? Bien sûr que non ! Il s'agissait du meilleur moyen pour gagner de l'argent rapidement, en plus de pouvoir plus tard économiser sur l'achat de vêtements en réparant les anciens, comme celui que tu viens de me froisser. Afin d'un jour, avoir assez d'argent pour pouvoir acheter ce livre que je veux depuis plusieurs années ! » Son débit de parole m'a fait reculer de trois pas par réflexe. Est-ce sa manière d'exprimer son excitation ?
« Un livre ? Tu voulais acheter un livre ? Dans ce cas, tu es sûr de vouloir utiliser cette argent pour autre chose ? » J'ai demandé, intrigué de ce que pouvait bien autant passionner quelqu'un d'aussi intelligent que Taren.
« Ce n'est qu'un livre, j'aurai plein d'occasion de l'acheter plus tard. Mais là, le principal c'est ma famille, alors si l'argent pour lequel j'ai tant travailler peut servir à rendre le sourire à père et les autres, il n'y a aucune hésitation à avoir. » Je ne pu m'empêcher de le regarder avec admiration après un tel discours. Il mérite vraiment son titre de 'plus grand détective du monde'.
« Alors tu viens ou pas ? » M'a-t-il demandé une dernière fois alors qu'il ouvrait la fenêtre, une sacoche de piécettes dans sa main.
« Quelle question ! Bien sûr que je viens ! » Me suis-je exclamé avant de poursuivre Taren dans sa course. L'objectif était simple, arrivé au marché, acheter quelques cadeaux et revenir avant que père ne revienne. Ça devrait être largement faisable pour nous.
______________________________________
Quelques minutes plus tard, au marché de la ville souterraine
Je ne pensais pas que c'était possible, mais oui. Nous venons à peine de nous disputer et pourtant nous sommes là à nous balader dans la rue comme si nous étions les meilleurs amis du monde. En réalité, j'ai même l'impression d'être plus proche de lui qu'avant.
« Tu sais ce qui ferait plaisir à père et les autres ? » Je lui ai demandé, n'ayant pas l'habitude d'offrir des cadeaux.
« Beaucoup de chose, des gâteaux, des nouveaux vêtements, de meilleurs couvertures ou même une nouvelle porte. L'orphelinat n'est pas très bien fournit alors beaucoup de chose pourrait leur montrer notre gratitude en plus de les aider. »
Je le suivais à travers le marché alors que j'admirais son initiative quand il s'agissait de penser aux autres. Peut-être devrais-je m'inspirer de lui pour devenir une meilleure personne. Après tout, ce n'est que comme ça que je pourrais devenir aussi forte que ma mère.
« Au fait Nora... » Il m'interpela alors que j'étais plongé dans mes pensées.
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Je suis désolé pour ce que j'ai dit tout à l'heure, je ne le pensais pas. Notamment la partie sur ta mère. » Je fus surprise par ses dires. En effets, j'avais complètement oublié tout ce qu'il m'avait dit. J'étais aveuglé par mes émotions et j'ai dit des choses que je ne voulais pas dire, alors j'imagine que c'était pareil dans son cas.
« C'est plutôt à moi de m'excuser. Tu as pris sur toi pendant toutes ses années parce que tu savais que je ne t'écouterais pas dans tout les cas. Et moi je n'ai même pas pu remarquer tout les efforts que tu faisais dans mon dos pour nous donner une meilleur vie. Je fait une piètre amie n'est-ce pas ? » Déclarai-je d'un ton décadent et culpabilisant.
« N'y pensons plus, je préfère te voir pleine d'énergie que déprimée. » M'a-t-il dit, me réchauffant le cœur une fois de plus.
Il est rassurant d'avoir un aussi bon ami sur lequel on peut compter. J'essaierai de prendre plus soin de lui désormais au lieu de toujours l'embarquer dans des histoires dangereuses. Mais maintenant, il faut penser à se faire pardonner envers tout ce beau monde.
Mon regard se posa alors vers le ciel. Il n'y avait pas beaucoup de lumière solaire qui passait par les aérations géantes disposaient sur le plafond de cette immense cité souterraine. Et pourtant ces quelques rayons lumineux qui nous parvenait venait nous réchauffer le cœur, nous rappelant qu'en dehors de cette cité austère de crime et de misère se trouvait un monde qui ne demandait qu'à être explorer.
Je remarquai alors l'ascenseur géant situé au centre de la ville qui semblait être en plein fonctionnement. Ce dernier reliait la ville souterraine à la surface, la ville haute. C'est un rêve pour n'importe quel habitant de rejoindre cet endroit. Néanmoins, il n'y a pas à s'inquiéter, un jour ce sera moi qui serait dans cet ascenseur, et je pourrais enfin suivre les traces de ma mère.
Soudainement, la voix d'une personne qui discutait en passant à quelques mètres de nous parvint à nos oreilles, nous glaçant le sang sur le coup et chassant toutes pensées parasites.
« ... Apparemment des gamins de l'orphelinat ont attaqué le groupe du Loup de la zone sans-loi, et ils veulent en faire des exemples en guise de représailles. »
Ces simples mots suffirent à me faire remonter une scène dans la tête. Je voyais déjà père et les autres mourir des mains d'un monstre que j'avais moi-même provoqué. Ils allaient mourir par ma faute, et je ne serais même pas là pour les aider.
« Nora... » La panique me gagnait alors que Taren disparut de mon champs de vision. Une seul chose me venait à l'esprit désormais, je devais aller les aider... tout de suite !
Avant même que je m'en rende compte, je courais déjà à travers les ruelles à une allure dépassant largement ce que je pouvais atteindre habituellement. C'était probablement dû à une montée d'adrénaline, elle est souvent bien plus élevé chez les surhumains, au risque de possibles blessures. Mais je n'en avais que faire, une seul chose m'importait et c'était de sauver ma famille, la seule famille que je n'ai jamais eu.
Subitement, un bras m'agrippa le cou, me retenant en me faisant trébucher. Il s'agissait de Taren, me restreignant de toutes ses forces pour que je ne puisse plus me lever.
« Lâche moi ! » lui hurlai-je dessus.
« Calme toi Nora, on ne les sauvera jamais en fonçant dans le tas. S'il te plaît Nora ne refait pas la même erreur ! » Cependant, peu importe ses paroles, je ne me calmais pas. Il est hors de question de rester assit là à ne rien faire.
« Tu veux les abandonner c'est ça ?! » Je parlais sans vraiment me comprendre. À ce point là, je ne faisait qu'agir instinctivement sans vraiment réfléchir à ce que je disais. « Je ne vais pas rester à rien faire pendant que me famille se fait trucider ! »
« Je n'ai pas dit ça ! Mais si on fonce dans le tas on se fera tuer aussi, ce n'est pas des petits bandits qu'on s'est mis à dos là ! C'est un surhumain comme nous ! Alors laisse moi t'aider ! » Je commençai un peu à m'apaiser, alors que les larmes me montaient aux yeux. Comme si la rage et la panique avait laissé place à la peur et l'impuissance.
« Alors comment on va faire... ? » Lui ai-je demandé d'une voix désespérée.
« C'est simple, cette fois on va planifier nos actions au lieu d'improviser. »
Comments (0)
See all