Un jour entier s’était écoulé quand Astir ouvrit les yeux. Gwalarn dormait profondément contre lui. Il n’arrivait plus à distinguer le chemin sur lequel il était avant. Il se trouvait dans une petite cavité, recouvert de branches touffues. De l’eau gouttait à proximité. Il ne pouvait pas la voir cependant, il pouvait l’entendre. Le sol était tapissé de mousse sèche. Il semblait que Gwalarn l’avait trainé ici pour le mettre à l’abri. Il avait mal partout et était couvert par la salive de l’animal. Ses côtes étaient particulièrement touchées, un morceau de bois l’avait transpercé lors de sa chute. Aucune lumière ne provenait de l’extérieur cependant Astir était incapable de dire s’il s’agissait de la nuit ou simplement d’une éclipse. Il essayait de s’asseoir mais cela le faisait grogner de douleur. Mais il devait s’assurer du bien-être de Gwalarn et estimer ses blessures autrement qu’à travers ce qu’il ressentait.
Simplement s’asseoir lui prit une heure entière. Quand il eut finit, il tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Haletant à cause de l’effort. Un rictus de souffrance se dessinait sur son visage crispé. La douleur était plus grande dans cette position mais s‘il voulait poser des bandages sur ses plaies, elle était nécessaire. En tâtonnant autour de lui pour identifier son environnement, il finit par poser la main sur un bout de tissu ciré. Son sac était à côté de lui. Un miracle dans cette situation. Le criollo avait dû l’amener en même temps qu’Astir. Il poussa un soupir de soulagement. Il l’ouvra hâtivement et remua l’intérieur dans l’optique de trouver ses herbes médicinales et ses bandages. Il ne réussit qu’à trouver une seule herbe médicinale, les autres avaient été perdues dans la chute. Il prit la décision de déchirer une partie intacte de ses vêtements pour se faire des bandages de fortune.
Il avait décidé de se concentrer sur cette tâche et de s’occuper plus tard de l’estimation de ce qu’il lui restait. Il allait avoir besoin de lumière pour cela et il valait mieux attendre que Steredenn soit levé. Toute son attention était destinée à ne pas s’évanouir à nouveau. Mâcher les herbes pour en faire une pâte puis les répandre sur ses blessures lui prit environ trente minutes. Il voulut prendre une pause avant de vérifier que Gwalarn aille bien. Mais la douleur étant trop élevée, à part conclure qu’il ne pouvait pas s’agir de la première éclipse à cause de la période écoulée, il sombra dans le sommeil. La seule chose qui le rassurait sur l’état du criollo était la chaleur et la respiration calme de l’animal.
Astir n’avait plus de notion du temps. Ses journées étaient rythmées par la douleur qu’il ressentait, les mouvements de Gwalarn à côté de lui ainsi que ses pathétiques tentatives de se mettre debout. Quand il avait eu de la lumière, il avait pu observer l’endroit où ils se trouvaient. Il avait l’impression d’être à l’intérieur d’un arbre géant. Mais pas seulement car il pouvait distinguer de la roche et du sable sur un côté de la caverne. La cavité n’était pas très profonde et légèrement incurvée. Elle mesurait approximativement sept mètres de long. Si on se tenait au fond, on ne pouvait plus voir l’entrée. De l’eau ruisselait du plafond, formant une petite cascade sur la paroi en bois. Il y avait également de petites excavations dans les murs, Astir se dit qu’il était possible d’y cacher de la viande ou des fruits si cela était nécessaire.
Environ cinq jours s’étaient écoulés depuis qu’ils s’étaient réfugiés dans la grotte. Il était désormais capable de s’asseoir sans trop de difficulté et de marcher de courtes distances. Gwalarn était loin d’être aussi blessé que lui ; à part quelques coupures peu profondes, il n’avait aucune blessure grave. C’était surement dû à son épaisse fourrure. Heureusement pour le jeune Leontopo, il avait développé un lien fort avec l’animal. De ce fait Gwalarn prenait soin de lui au lieu de reprendre sa liberté. L’animal ramenait ses prises à Astir, enfin plutôt une partie car il avait pris l’habitude d’en manger au moins la moitié. De plus, Gwalarn le léchait régulièrement pour le nettoyer, comme une mère le ferait avec sa progéniture. C’était très réconfortant pour le jeune Leontopo car il était perdu et bien loin de la dernière personne vivante qu’il connaissait.
Il n’avait aucune idée si Septem avait survécu à l’attaque mais il espérait que ce serait le cas de toute son âme. Cependant elle aurait très bien pu mourir ou tomber quelque part comme lui. Il n’avait aucun moyen de vérifier et une frustration grandissante se développait en lui. Il n’était même pas capable de s’occuper seul de lui actuellement et dépendait de Gwalarn. Il ne pouvait pas prendre le luxe d’aider quelqu’un d’autre. Il ruminait ces pensées à chaque fois qu’il était conscient, tentant de ne pas se laisser submerger par un trop-plein d’émotions.
Après de longues réflexions, il avait conclu que le meilleur endroit pour retrouver les autres ou du moins d’avoir de leurs nouvelles était de se rendre à Commelina. De fait, c’était leur destination initiale à Septem et lui. Il mettait désormais toute son énergie à se rétablir. Il alternait entre soins, repas, et exercice physique avec l’aide précieuse du criollo.
Il ne pouvait pas savoir à ce moment, que retrouver des informations sur ce qu’il s’était passé là-haut lui prendrait plus de sept ans.
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