Une fois ces mets culinaires engloutis dont le goût persiste encore en bouche, ils se mettent en route. Ils croisent les artisans comme chaque matin et arrivent devant l’école. Certains camarades de Yu étaient déjà arrivés avec leur accompagnants. Parmi eux, leur cousine Chlotilde, accompagnée de son père, oncle Louis. C’est un homme assez petit comparé aux autres membres de la famille. Il sourit à Yu et Léo avec son air naïf et ses traits très sympathiques. Puis retourne dans sa conversation avec d’autres adultes. Il n’est pas aussi modeste sur la nourriture qu’il n’est patient avec les gens et ressemble donc à papa ours. Les poils en moins, malgré son épaisse moustache qui lui couvre la bouche. Il est plutôt simple d’esprit et ne se pose pas beaucoup de questions. Pas plus qu’il ne réagit dans certaines situations.
Pfff! commence Chlotilde d’un regard dédaigneux.
Elle scrute Yu de haut en bas puis son regards se dirige vers Léo avant de faire demi-tour et continue :
Il n’y avait personne qui voulait t’accompagner, alors Léo a été obligé de le faire, c'est ça ? questionne-t-elle sans laisser le temps à quiconque de répondre et reprend : Tu n’as même pas fait l’effort de bien te présenter pour lui faire honneur. T’es vraiment-
Chlotilde, coupe Léo. Ça suffit, dit-il en la regardant de manière très froide.
Pourquoi tu prends toujours sa défense ? s’offusque-t-elle en serrant les poings. Ce n’est même pas ta vraie sœur ! Elle n’est qu’une sauvage que tu as ramma-
J’ai dit : ça suffit ! coupe-t-il une seconde fois en faisant, cette fois-ci, un pas en avant avec ses épaisses chaussures en cuir végétal marron.
Chlotilde fait la moue, puis fait volte-face. Ses boucles anglaises fraîchement réalisées encore en mouvement, elle regarde son père en coin pour lui faire comprendre de s’éloigner avec elle. Ce qu’il fait sans un mot. Louis est une bonne personne mais il n’a jamais su s’affirmer en tant que figure d’autorité paternelle. L’autorité n’est pas tellement sa tasse de thé et sa femme le mène par le bout du nez. Sa fille “légèrement” pourrie-gâtée prend donc exemple et fait de même. Ses caprices pouvant durer des heures et des jours, il préfère céder pour retrouver un semblant de tranquillité au plus vite.
Ne l’écoute pas Yu, dit Léo en se tournant vers elle et lui posant les mains sur les épaules. C’est sa jalousie qui la rend aigrie. Aujourd’hui c’est la première fois que tu vas retourner en forêt depuis que je t’ai aperçue. Tu ne t’éloigne pas d’accord ? lui dit-il en plongeant son regard dans le sien pour attirer toute son attention.
D’accord grand-frère, répond Yu avant de tourner la tête vers le maître qui sonne la cloche.
Bien, tout le monde semble être arrivé. Je vais vous demander de tous vous ranger deux par deux, élève et accompagnateur. Nous garderons cette formation durant toute l’excursion excepté pour la pause de midi, explique-t-il en ajoutant des mouvements de main pour mieux se faire comprendre. Malgré les mesures de sécurité prises, je demande également à chaque personne de récupérer un sifflet que vous utiliserez si quoi que ce soit arrive. Je nous souhaite de ne pas entendre quelconque coup de sifflet ce qui signifiera que rien d’imprévu n’est arrivé, termine-t-il.
Ah, une fois que tout le monde a un sifflet, merci de souffler une fois pour s’assurer qu’il fonctionne bien. Il serait dommage de vouloir l’utiliser sans y arriver.
Le groupe d’enfants et accompagnateurs soufflent tous dans leur sifflet et crée un vacarme qui résonne dans tous les alentours. L’homme au nez aquilin se bouche les oreilles pointues.
À la bonne heure ! Tous les sifflets ont l’air de fonctionner, dit-il. Mettons nous en route.
Léo, souriant, excité de pouvoir être utile pour sa sœur et d’assister à sa première sortie en forêt depuis son arrivée, lui tend la main. Yu, lui rendant son sourire, le cœur serré par l’inquiétude mais emplit de bonheur, la lui prend. Ils rejoignent le groupe en marche vers l’entrée de la forêt.
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