Ses vêtements alors mouillés sont devenus secs après quelques pas seulement. Étonnement ils ne brûlent pas. La chaleur continue de monter malgré tout. La conscience de Yu ayant laissé place à l’instinct, elle ne ressent plus autant la douleur et la sensation de feu qui la ronge.
Soudain. Une odeur de frais. À l’inspiration de très fines particules d’eau glacée vient lui titiller les pilus de ses naseaux. Ni une, ni deux, elle multiplie ses pas avec une détermination féroce. Le regard, plongé sous les fluides lacrymaux, se durcit et montre une volonté à toute épreuve. Plus aucune information ne passe. Ni même les informations olfactives autres que cette fraîcheur. Comme un gladiateur entrant dans une arène, l’esprit inébranlable de lutte pour sa survie. Elle avance et n’est plus qu’à quelques mètres de la montagne.
Yu ralentit en arrivant au pied de l’éminente formation rocheuse. Elle avance la tête comme pour mieux relever les odeurs et leur données. Guidée par celles-ci, elle se déplace le long du mur de roche. Elle ralentit encore davantage à mesure que le froid s’intensifie. Telle une lumière ou une torche naturelle due à cette énergie qui émane d’elle, elle éclaire son chemin radieusement. Ce qui aide également son instinct à découvrir une fine ouverture à travers la pierre. Elle se faufile, non sans mal, à l'intérieur en palpant les parois humides et glaciales.
Une fois à l’intérieur, elle arrive dans une sorte d’antichambre. L’énergie flamboyante et brûlante de la jeune enfant se répercute contre les murs et la voûte rocheuse de celle-ci. En face d’elle se trouve comme un couloir éteint, sans aucune source de lumière. Par instinct, elle s’y dirige et l’emprunte avec précaution. L’humidité contenue dans la pierre essaie de lutter contre l’étrange chaleur de Yu, mais elle finit par s’assécher à son contact. Le long des paroies, les insectes troglobies se cachent et/ou s'enfuient à l'arrivée de la lumière, on pourrait presque entendre leur petits bruits. Mais la jeune fille n’entend qu’un bourdonnement accompagné d’un fin sifflement depuis la forêt. Elle n’ouïe même le son de la semelle de ses chaussures qui se posent sur le sol à chaque pas.
Il suffit de quelques foulées pour que les fines particules qui entrent dans les narines de Yu ne se fassent plus grandes. La jeune fille se hâte, elle n’en peut plus et est à bout. Après un instant qui semble interminable, elle arrive dans une immense cavité qui se trouverait bien au cœur de la montagne. Arrivée à l’endroit le plus froid, son instinct se retire pour laisser de nouveau place à sa conscience.
Bien qu’exténuée, Yu tente de savoir où elle est. Elle examine les alentours et la lumière produite par son étrange maladie l’aide à y voir plus clair. De la glace. Partout. Le sol sur lequel elle s’est arrêté lui envoie même son reflet presque parfait. L’enfant avance vers un immense rocher de glace d’une transparence cristalline. Elle y pose sa main, sans réelle arrière pensée ou idée. “De la. . . magie ?!” s’étonne Yu. Effectivement, une quantité d’énergie phénoménale semble résider dans cet élément glacial. C’est peut-être même de la glace créée par magie. La jeune Naterelli entraperçoit une forme dans le bloc de glace. Malheureusement, après toute cette aventure et sa maladie, Yu s’écroule de fatigue. Pourtant la spirale de chaleur continue d’émaner d’elle.
Le lendemain au lever du jour :
Yu. . . ! Yu, tu es. . . Yu ! s’écrie Léo.
Léo accourt vers l’enfant endormie. Le teint pourpre, des gouttes de sueur plein le front et manifestant une inquiétude très marquée. Il évalue son état avec le peu de lumière qu’il a. Une plante à trois feuilles, aux caractéristiques phosphorescentes turquoise, plantée dans un terrarium muni d’une poignée. Elle ne semble pas blessée, rien sur le visage, ni les mains. Il pose sa source de lumière par terre en se baissant de manière un peu précipitée. Le son du verre se posant sur la roche humide fait écho et rebondit sur la voûte de la grotte. Accompagné de gouttes d’eau qui ruissellent et tombent. Mais Léo ne s’en préoccupe pas.
Il saisit avec précaution et douceur un des poignets de Yu pour la tourner vers lui. Il passe un bras sous le haut de son dos et l‘autre sous les genoux. Il saisit la lampe avec sa main la plus proche du sol. Il se relève en faisant travailler tous les muscles de son corps. Sans se poser de questions, il repart. L’air toujours aussi inquiet inscrit sur son visage.
Il passe sans trop d’effort le couloir et l’antichambre que Yu avait emprunté la veille mais se retrouve bloqué face à la brèche trop étroite pour deux. Il n’a pas le choix. Il doit trouver une solution ou laisser la jeune fille sur place le temps d’aller chercher de l’aide.
L’idée de laisser Yu seule encore ne serait-ce qu’un instant lui fait grincer des dents.
Comments (0)
See all