Il avait du mal à respirer à cause de la tension ambiante. Il courut plus de vingt minutes à en perdre haleine avant de pouvoir se mettre à l’abri dans sa cabane. Ces minutes lui avait paru durer une éternité. Uentos était toujours dans le sac, Shavheol le serrant contre son cœur, adossé au mur de sa hutte. Il tentait tant bien que mal de se calmer et de contrôler sa respiration en comptant jusqu’à dix, encore et encore. Inlassablement. Il savait qu’il fallait absolument qu’il fasse redescendre la pression et l’adrénaline qui lui parcourait le corps. Les secondes lui semblait être des minutes, caresser Uentos lui était d’une grande aide. Il avait fini par arrêter de crier après avoir compris qu’ils étaient à la maison.
Au bout d’un moment, Shavheol commença à entendre des sons qui provenaient de l’extérieur. Les animaux de la foret se réveillaient progressivement avec le lever de Steredenn. Des rayons lumineux orangées traversaient la mer d’arbres. Cette nuit de terreur était enfin finie. Il déposa Uentos dans son nid et le recouvra de sa couverture de feuilles, le moki dormait paisiblement. Il ne bougea pas quand Shavheol posa le nid dans sa cavité. La nuit était réellement finie comme cette scène paisible pouvait en attester.
Shavheol était plongé dans d’intenses réflexions. Se
demandant ce qu’il devait et pouvait faire pour améliorer la sécurité de son
abri. Il finit par atteindre une conclusion : c’était devenu une nécessité
de mieux cacher leur repère ainsi que d’effacer ses traces quand il partait en
expédition. Cependant il estimait qu’il n’était pas encore nécessaire de
construire un nouveau refuge.
Avec la luminosité du jour qui s’accentuait, il réorganisa sa maison. Cachant mieux la nourriture, rajoutant des branchages et de la mousses sur le toit et les murs extérieurs, mettant de la boue et des champignons dans l’espoir de le rendre plus invisible. En faisant ça, il pouvait mettre son esprit au repos en se concentrant sur des tâches simples.
Après le passage de loarell, la faim se fit sentir. Le problème, c’est qu’il avait consommé toute la viande et qu’il n’en restait plus pour Uentos et lui. Il ne restait que des fruits dans les cavités. Il décida donc d’aller chasser, il prit son sac, son arc et laissa le moki dormir.
Il n’avait rien croisé de comestible et ce même après une demi-heure d’errance. Exception faites de quelques arbres fruitier mais les fruits étaient loin d’être mûrs. Il estima qu’un escaladant un kapok pour se cacher à sa cime l’aiderai à attraper un animal. Normalement, à cette hauteur, il serait indétectable par les animaux qui vivaient sur le sol.
Rien ne bougeait si ce n’était les arbres, leurs branches suivant les courants aériens. Le bruit qui s’en dégageait était calme et entrainant à sa façon. Shavheol appréciait ce moment quand quelque chose de chassable apparu à ses oreilles. Un murmure d’oiseaux pris son envol à moins de cent mètres de lui en direction du Nord. Ce n’était pas normal à cette heure de la journée, une pensée furtive prit place dans son esprit : il devait soit s’agir d’un grand prédateur qui s’était trop approché soit les pirates étaient dans la forêt. Dans les deux cas, cela signifiait un danger proche. Il avait plusieurs options qui s’offraient à lui : fuir au plus profond de la forêt, rester caché dans cette arbre, ou courir le plus vite possible à l’abri, récupérer Uentos et remonter se cacher dans leur kapok.
Il prit la dernière option, Uentos était tout ce qu’il lui restait et il se refusait à le perdre aussi. Il courrait entre les branches, perché à vingt mètres au-dessus du sol. Il ne se dirigeait pas directement vers la hutte. Il avait pris un détour, c’était plus long mais cela lui permettait d’éviter de croiser le ou les êtres qui allaient dans sa direction ainsi que de rester le plus discret possible. Descendre maintenant signifiait passer son contrat mortuaire avec la faucheuse que ce soit à cause de pirates ou de crocs.
Il s’arrêtât juste avant leur arbre, s’accroupissant sur une branche haute, presque au sommet de l’arbre. De cet endroit, il pouvait observer le sol sans être vu. Le seul bémol, est qu’il ne pouvait voir qu’un seul côté, s’il y avait deux prédateurs, ils n’en verrait qu’un seul.
Uentos réagissait à une présence invisible et commença à crier sans raison apparente. Shavheol pris sa tête entre ses mains, suppliant silencieusement que le moki se taise. Le bruit qui émanait de ce petit être allait attirer tous les prédateurs qui se trouvaient dans un périmètre de deux cents mètres autour d’eux.
Pendant que ses pensées étaient concentrées en un seul but : établir une connexion télékinétique avec Uentos pour qu’il la boucle, des ombres apparurent autour de la hutte. La luminosité n’était pas exceptionnelle en-dessous des arbres, mais il compris qu’il s’agissait de Birikas*. Leur ombre menaçante se rapprochait dangereusement de l’oiseau. S’il voulait sauver son animal, Shavheol allait devoir se battre.
*Sous-espèce de panthères, elles mesurent un mètre soixante, sont noires de geais et possèdent des crocs venimeux. Leur agilité est sans pareil et est bien plus dangereux que leur crocs ou leurs griffes.
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