Vraiment ? Merci beaucoup. Vous devriez y aller. Si un jour vous avez besoin d’aide, je ferais de mon mieux pour répondre à vos besoins. Encore merci, dit-il en penchant légèrement la tête en signe de reconnaissance.
Ah oui ? C’est gentil, merci. Bon courage pour le nettoyage, conclut-elle en faisant un signe de la main pour dire au revoir.
Yu se rend au catway central. Le bateau tant attendu arrive enfin. Le Fendelang de l’Aube, un grand navire ressemblant fortement à un galion à trois mâts majestueux. La coque de couleur bleu nocturne, orné de décorations argentées, peut pourfendre les vagues écarlates en pleine tempête. Équipé d’ouvertures permettant de sortir ou rentrer les canons, ce bâtiment marin est paré pour d’éventuels combats. Sur les différents niveaux du pont, l’équipage s’affaire à préparer l'amarrage. La coordination est de rigueur pour une telle manœuvre. Les voiles d’un blanc éclatant sont abaissées l’une après l’autre. Le château à l’arrière du bateau s’incruste harmonieusement dans la coque et montre fièrement ses formes délicates et bien dessinées. À l’avant, c’est la figure de proue qui arbore un buste d’albatros fier d’une couleur claire qui se démarque de la coque.
La jeune Naterelli n’est en fait pas la seule à se languir de la venue de ce fameux navire. Car c’est le meilleur de toute la flotte d’Avandale et il est le principal acteur du commerce fluvial. En première ligne d’attente nous avons les dockers qui chargent et déchargent les bateaux, en seconde les familles des marins, et à l’arrière se préparent les livreurs qui livreront les marchandises aux commerces locaux. Et Yu ne se fait pas prier pour aller attendre tout à l’avant. Les dockers, la connaissant bien depuis, ne s’en offusquent pas. N’oublions pas l'équipe exceptionnelle à pied d'œuvre pour se coordonner avec l’équipage pour un amarrage délicat bien réussi.
L’agitation sur le port se fait de plus en plus entendre. D’habitude réservée au travail des dockers et marins, elle se prête aujourd’hui aux festivités. Les étales à l’entrée du port sont toutes décorées pour l’occasion, des guirlandes sont placées entre celles-ci et entre les éclairages des quais. Toutes les personnes présentes, à l'exception des travailleurs, sont magnifiquement vêtues.
L’excitation est à son comble quand les manœuvres complexes de l'amarrage commencent. Les plus jeunes crient le nom de leur proche, les yeux emplis d’étoiles. Les moins jeunes, les yeux plongés sous un voile d’émotions saluent le bateau en espérant être vus. Certains plus calmes attendent en silence un peu en retrait, d’autres sont presque prêts à pousser la foule pour être les premiers à faire leur retrouvailles. Yu, cependant, reste calme, le sourire plus grand et chaleureux que jamais.
Contre toutes attentes, un des enfants ne peut se contenir et lâche la main de sa maman. Il court vers le navire en train d'amarrer et se heurte à un docker. L'équilibre de sa foulée se rompt. Il dérive vers le bord du plancher. La maman crie son nom sous la terreur de l’évènement. Il manque de tomber à l’eau mais soudain un ombre rapide se meut ! Élancé du bateau, un jeune homme se précipite à la rescousse de l’enfant et le rattrape de justesse.
Le jeune homme au visage bien défini et aux yeux doux rassure l’enfant et le laisse rejoindre sa maman encore sous le choc. Puis il se tourne, vêtu d’une tenue ample, vers la jeune Naterelli.
Yu ! s’écrit-il, oubliant ce qu’il se passe autour.
Léo ! répond Yu, la joie ne pouvant être plus grande.
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