Ozan n'avait vraiment pas imaginé ça. En quittant son village natal caché dans la forêt, il comptait voyager, découvrir le monde, et surtout s'entrainer pour devenir l'un des meilleurs manipulateurs de vent parmi les magus. Chose qui s'avère plutôt difficile quand on vient du village d'Okoï, le seul village magus peuplé exclusivement par des manipulateurs de plantes. Les vieux sages du village furent stupéfaits quand Ozan débloqua ses pouvoirs. Outre le fait qu'ils se sont éveillés bien plus tard que la normale, laissant penser à tout le monde qu'Ozan n'en aurait pas du tout, il est extrêmement rare d'obtenir des pouvoirs autres que les éléments de ses parents. Les anciens lui apprirent donc à manipuler le mana ambiant, mais furent vite impuissant, chaque élément se manipulant différemment. Ozan partit donc en direction de Potalu afin d'entamer un long voyage initiatique.
Lui qui avait été habitué à sa calme foret, il fut décontenancé, en entrant en ville. Elle portait très bien son nom. Un peu partout flottaient de grands cercles de pierre remplis par une fine couche de matière violette oscillant entre un espèce de nuage et une cascade coulant au ralenti. Ces portails semblaient très anciens. Certains arboraient des sortes de décorations autour du cercle de pierre, d'autres étaient tellement abimés qu'on ne voyait même plus les runes sculptées dessus, marque d'une civilisation très ancienne dont la langue s'était perdue. Etrange car, d'après ce qu'on savait de Potalu, la ville a été bâtie autour de ces fameux portails. Il n'y avait donc aucune autre civilisation. Un mystère entourait ces portails, et Ozan aurait adoré en apprendre plus. Mais tout absorbé qu'il était par ces portails, le reste de la ville l'intéressait peu. Les endroits autant peuplés étaient gênant pour les magus. Ils vivent majoritairement en petits villages isolés dans la nature, proche de leur élément. Alors la civilisation, tous les hauts bâtiments de Potalu, tout ça restreint leur magie.
Ozan préparait alors la suite de son périple, mais le fameux congrès réunissant les dirigeants du monde entier eu raison de lui. Honnêtement, décaler son départ d'un jour pour voir les cortèges des différents chefs d'état, en apprendre plus sur les différentes races peuplant ce monde, et peut-être même avoir la chance de rencontrer le magus suprême... On n'est pas à un jour près pour un voyage initiatique, il faut profiter ! Et c'est comme ça, quelques heures plus tard, qu’Ozan s'est retrouvé au milieu d'une bagarre, avec un cyborg, un homme étrange couvert de runes, une valkyrie, et une montagne de muscles à la petite tête. De quoi regretter d'avoir décalé son départ.
Il avait bien profité de la fête et observe les cortèges venant des quatre coins du monde. Des religieux d'Isse aux artistes de San, en passant par les combattants de Rai et ses amis de la forêt les animagus. C'était une très belle matinée ensoleillée, un léger vent frais s'engouffrait dans les ruelles de Potalu, et une fois le défilé terminé, Ozan se dirigea vers son auberge pour y manger un bout puis repartir en voyage. Après quelques minutes de déambulation, on entendit un bruit sourd, puis le sol se mit à trembler. Ni une ni deux, il fonça en direction de celui-ci, bien décidé à aider ceux qui en auraient besoin. Il slaloma alors entre les personnes fuyant la zone, paniquées, et arriva sur une place. Elle devait être magnifique d'ordinaire, mais là, une bonne vingtaine de gardes gisaient, étalés au sol. Certains étaient ensevelis sous des décombres, leur armure écrasée par de grosses pierres, d'autres semblaient être arrivés après l'explosion pour secourir les premiers, mais ils étaient inconscients eux aussi. Alors que la poussière retombait Ozan vit plus clairement la scène. La caserne du quartier est avait été complètement détruite par l'explosion. Une cloche d'alerte retentissait au loin, et deux hommes combattaient au milieu des décombres. Un jeune soldat lançait une pluie de coups d 'épée sur son adversaire, enchainant bottes et coups d'estoc, il donnait tout ce qu'il avait contre son adversaire mais il ne faisait pas poids... En face de lui se tenait un homme chauve, habillé d'une simple veste sans manche ni quelconque fermeture, laissant apparaitre sur sa peau brune une quantité astronomique de tatouages. Sa peau en était presque recouverte, formant une unique œuvre d'art globale sur tout son corps. Il s'en dégageait une lueur verdâtre presque hypnotisante. Mais son physique n'était pas le plus surprenant. Il parait tous les coups du soldat... à main nue ! Une main dans le dos, l'autre droite comme une lame, il contrait sans difficulté les coups adverses, puis, passant sous la garde du soldat, il lui asséna un coup de coude qui eut raison du pauvre soldat. Il se tourna ensuite vers Ozan qui restait estomaqué par ce qu'il venait de voir. Puis, en entendant d'autres soldats arriver, il prit la fuite. Quelques gardes arrivèrent alors et commencèrent à dégager leurs camarades ensevelis. Au même moment, une femme tomba littéralement du ciel aux côtés d'Ozan, le sortant de sa stupeur.
- - Tout va bien gamin ? Que s'est-il passé ? Lui demanda la femme.
Maintenant qu'Ozan s'était réveillé, il remarqua qu'elle était en armure complète, et surtout qu'elle avait derrière elle une paire d'ailes en argent. C'était une de ces fameuses femmes guerrières, une Valkyrie. Il fallait absolument qu'Ozan se montre fort ! On raconte qu'elles jettent les hommes inutiles du haut de leurs îles volantes...
- - Un homme a attaqué la caserne ! Lui répondit-il. Occupez-vous des blessés je me charge de l'arrêter. Continua-t-il en entamant sa course.
Un peu osé de lui donner des ordres pensa Ozan, mais elle sera bien meilleure pour déblayer les décombres que moi... Et puis, si je me débrouille bien, je devrais pouvoir le rattraper. Il commença alors à escalader maladroitement quelques débris afin de prendre de la hauteur et manqua de glisser sur une pierre.
- - Alors même les jeunes hommes donnent des ordres aux femmes ici... Et on s'étonne que leurs armées soient si faibles...
Dit la valkyrie pour elle-même avant de commencer à déblayer. Une fois en haut d'un monticule de pierres, Ozan ferma les yeux, se concentra, et visualisa l'ensemble des courants d'air s'engouffrant dans les ruelles alentours. Il s'était déjà entrainé à ça au village, mais là, avec tous les hauts bâtiments, Ozan avait du mal. Il puisa au fin fond de lui, donnant tout ce qui lui restait d'énergie, et avant-même de rouvrir les yeux, il fusa dans les airs tel une flèche.
- - J'ai réussi ! S'exclama-t-il en rouvrant les yeux.
Mais à peine ces derniers s'adaptaient à la vitesse qu'Ozan vit qu'il fonçait droit sur l'homme tatoué. Il avait parcouru toute la rue en un instant, et le percuta à toute vitesse, l'emportant avec lui dans un roulé boule poussiéreux. Ils traversèrent ce qui semblait être une porte battante, puis s'écroulèrent en percutant un meuble en bois. Ozan se releva difficilement, avec une vive douleur aux côtes et un liquide chaud parlant de son arcade. Il était complétement sonné, et une espèce de sifflement sourd résonnait dans son crâne. Titubant, il s'écarta des débris de ce qui semblait être une table en bois, puis glissa et retomba dans une espèce de bouillie. Sa tête arrêtait petit à petit de tourner et le sifflement se calmait. Ils avaient atterri dans une auberge, et avaient visiblement détruit une table, gâchant au passage le repas d'un homme qui était plutôt en colère. Et c'était un euphémisme.
Ozan voyait devant lui un homme d'une cinquantaine d'années, une coupe en brosse grisée par son âge, et le plus marquant de tout, le contour de son œil droit était entièrement en métal. Il avait attrapé l'homme tatoué par sa veste, puis le projeta violement contre le mur du fond. Ozan ne comprenait pas tout ce qu'il disait mais supposait que ce n'était pas des compliments. Puis il leva son bras gauche en direction du plafond, et alors que sa manche glissait vers le bas, Ozan découvrit une griffe en métal, à la place de sa main. Puis dans un cliquetis, la griffe se mit à bouger et s'écarter pour laisser place à un cylindre, lui aussi en métal. Une fois le cliquetis terminé, le cyborg abaissa son bras de nouveau, puis se mit à trembler et une lumière jaune commençait à pointer au bout du cylindre ? C'était un canon !!! Ozan avait entendu dire lors du passage du cortège de Baru, qu'ils avaient réussi à produire de l'énergie grâce à un minerai présent chez eux, et qu'ils en avaient fait des armes. L'homme tatoué quant à lui, avait heurté le mur et commençait à se relever. Alors qu'il leva la tête vers le cyborg, il le vit à la dernière seconde tirer un projectile, et eu à peine le temps de croiser ses bras devant sa tête. Ses tatouages se remirent à luire, et il prit le tir de plein fouet, traversant le mur pour arriver dans la rue. Le cyborg le suivit à l'extérieur, et Ozan prit sa suite. Dehors, les gens s'étaient rassemblés autour de la taverne, mais n'osaient pas s'approcher. Il faut dire que deux personnes avaient déboulé littéralement à l'intérieur, puis quelques secondes plus tard, un des deux avait carrément traversé un mur et été propulsé dans la rue. Ça donnait pas envie d'approcher. Pourtant, alors qu'Ozan sortait et voyait le cyborg et l'homme tatoué se toiser silencieusement, un homme brisa le silence.
- - Qu'est-ce que c'est que ce bazard, on fait une baston de taverne sans moi ?
A l'opposé des deux adversaires, un homme était sorti de la foule en s'avançant. Un homme... plutôt un monstre ! Il faisait facilement 2m50 de haut, pour probablement une tonne de muscles. Ozan avait déjà vu des combattants de Raï, ils étaient tous très musclés, mais là, ça sortait carrément des possibilités humaines.
- - Bon vous attendez quoi ? On se la donne ou on boit une bière ? Personnellement j'ai pas très soif...
Comments (0)
See all