Ori se réveilla avec un sacré mal de tête, mais il se sentait étonnamment bien. Il était dans un lit, plutôt moelleux, et surtout sur un sommier. C'était autre chose que les amas de paille de l'orphelinat. Ils en avaient une bonne dizaine !! En effet Ori était dans une grande salle haute de plafond, avec de magnifiques vitraux filtrant une lumière orangée de fin d'après-midi. Il y avait une rangée de couchettes de chaque côté de la pièce, chacune avec une petite table de chevet sculptée et ornée de décorations. De toute évidence, le propriétaire des lieux était riche, très riche, et Ori n'avait rien à faire ici.
Alors qu'il reprenait ses esprits et commençait à se lever, Ori vit un jeune homme entrer du bout de la pièce.
- - Ah ! Tu es réveillé c'est parfait. Ils commençaient à s'impatienter, et honnêtement je suis surpris qu'ils n'aient pas encore déclenché une bagarre.
- - Où... où suis-je ? demanda Ori un peu à l'ouest
- - A l'infirmerie du palais, tu as fait une petite sieste. Allez viens, ils t'attendent, mieux vaut ne pas trop les contrarier après cette journée.
Ori se leva et le suivit à l'extérieur de l'infirmerie. Ils parcoururent quelques couloirs, montèrent une bonne centaine de marches, et arrivèrent devant une grande double porte ornée de poignées dorées, et de symboles de balance. Il ne comprenait pas vraiment où cet homme l'emmenait, mais il se laissait balader docilement tant il était émerveillé par l'endroit. À cet instant, rien ne comptait plus que ce qu'il voyait à travers une fenêtre : un magnifique panorama de tout le quartier nord de Potalu. Une lumière orangée courait le long des terrasses et passerelles, projetant leurs ombres sur les ruelles serpentant en contrebas.
- - Tu viens ?
L'homme sortit Ori de sa torpeur poussant la double porte par son milieu. Ils entrèrent alors dans une grande salle circulaire au milieu de laquelle se trouvait un puits de lumière, donnant sur les quelques personnes qu’Ori avait rencontré plus tôt. En face d'eux se trouvait un bureau en forme de U surélevé d'un bon mètre, ainsi que des gradins cachés derrière. En voyant arriver Ori, la valkyrie s'approcha et posa sa main sur son épaule.
- - Tu vas bien ma sœur ? Merci pour tout à l'heure, tu nous as sauvés.
- - Euuuh je... je crois pas être votre sœur madame
- - Je t'en prie, appelle moi Ylva. Et nous sommes toutes sœurs.
A cet instant, une porte au fond de la pièce s'ouvrit et celles et ceux qui en sortirent achevèrent d'émerveiller Ori.
Une valkyrie d'une cinquantaine d'années entra en première. Ses ailes n'étaient pas de bronze ou d'argent comme Ori avait l'habitude de voir (fin "habitude" était un grand mot), elles scintillaient littéralement. Du platine ?! Elles émanaient une lueur grise qui emplissait la pièce. A l'instant où elle vint s'asseoir au bureau, Ylva se mit à genou, tête baissée. A la suite de cette valkyrie, un jeune homme entra, marchant à une allure pour le moins... réduite. Il était couvert de fourrure et avait de longues griffes recourbées. Ori savait que certains animagi pouvaient garder une forme hybride entre l'animal et l'humain plutôt que des transformations partielles et temporaires, mais ça devait demander beaucoup d'entrainement Ce dernier vint s'installer doucement mais surement à l'opposé de la valkyrie. Après lui, un homme d'une trentaine d'années entra. Il était étonnamment normal par rapport aux autres, hormis qu'il était torse nu et excessivement musclé. Mais ce n'était qu'un détail à côté d'une valkyrie aux ailes platinées et un animagus en forme hybride. Il vint s'installer à côté de la valkyrie, ce qui sembla exaspérer cette dernière car elle leva les yeux au ciel en soupirant. Enfin, un vieil homme aux cheveux grisonnant entra, accompagné d'une jeune fille d'une quinzaine d'années. Le vieil homme vint s'asseoir au milieu des autres, mais dû se battre avec la longue cape bleue qu'il portait. Il était très élégant, portant un ensemble de dentelles autour de son col et de ses manches, habillées en plus par de nombreux bijoux. Son visage semblait familier pour Ori, mais il n'arrivait pas à se rappeler où il l'avait vu. Il continua une longue minute à batailler avec sa cape ce qui amusait beaucoup Ori, mais vu la situation il se retint de rire. Il baissa la tête pour essayer de camoufler son rire, et une fois calmé, il la releva et croisa le regard de la jeune fille derrière cet homme maladroit. Elle se tenait bien droite, la tête haute, mais elle posa son regard sur Ori, et étouffa un petit rire en le voyant. Une fois confortablement installé, le vieil homme prit la parole :
- - Bien. Maintenant que tous nos témoins et leurs représentants, du moins la majorité, sont présents et réveillés, nous allons pouvoir commencer cette audience.
- - Attendez, on a poireauté ici pendant des heures juste pour que cet enfant participe ? S'exclama la montagne de muscle à petite tête en pointant Ori du doigt : On aurait pu faire sans...
- - Ici à Potalu, répondit le vieil homme, nous accordons une grande importance au droit de parole et à l'égali...
- - La moindre des choses avant de te plaindre serait de te présenter et de t'incliner devant ton champion : Drakus. Plus aucune politesse de nos jours...
L'autre combattant s'était levé d'un coup, les bras croisés. La valkyrie soupira...
- - Oui Drakus, la politesse de couper la parole au roi Hector...
- - Ce n'est rien dame Lola, il n'a pas tout à fait tort se serait une bonne chose de commencer par des présentations. Quel est votre nom mon cher ?
- - Nochi. Un pur produit des arènes de Raï !
- - Bizarre, j'ai écumé toutes les arènes du pays et je n'ai jamais combattu contre toi-Lui répondit Drakus.
- - Normal, je ne voudrais surtout pas faire de l'ombre à notre champion national en lui donnant la fessée.
Drakus tapa du poing sur la table, une étincelle meurtrière dans le regard. Tout le monde semblait retenir son souffle, attendant la réaction du champion. Après quelques secondes de silence, Drakus se rassit
- - Hahahahaha ! Je ne sais pas si c'est de l'insolence ou de la témérité, mais j'aime bien ce gars. Il faudra qu'on s'affronte un de ces quatre.
- - Oui Drakus, l'interrompit la valkyrie Lola. On pourrait voir ça après ? Sans attendre de réponse elle continua. Ma fille ici présente se nomme Ylva. C'est une très bonne soldate et je lui fais confiance aveuglément.
- - Vous m'honorez mère mais je n'ai pas réussi à rattraper ce mécréant.
- - Ne t'en veux pas, tu as aidé les civiles, c'est le principal.
- - En parlant d'excellent soldat et de confiance aveugle, reprit Hector, votre maréchal nous a laissé une note avant de partir général Kuwanger. Il nous fait part lui aussi de la confiance qu'il vous porte. Dit-il en inclinant la tête en face du cyborg
- - Oui il m'a dit ce matin qu'il ne s'attarderait pas ici, répondit ce dernier.
L'animagi leva alors la main avant de prendre la parole :
- - Quant à toi jeune magus, le sorcier suprême refuse de participer à toute réunion et de prendre part à tout cela. Je suis donc là pour te représenter. Comment t'appelles-tu ?
- - Euh... je m'appelle Ozan monsieur, dit-il sur un ton hésitant.
- - Ce qui nous amène à toi jeune fille, quel est ton nom ? Le roi Hector se pencha vers Ori avant que la demoiselle derrière lui vienne lui chuchoter à l'oreille. Ce dernier se racla la gorge avant de reprendre. Jeune homme... désolé.
Maintenant qu'il était assis, Ori se rappelait où il avait vu cet homme... Lors de cérémonies ! C'était le roi de Potalu bien sûr. Ori s'inclina donc maladroitement avant de répondre :
- - Oh ne vous inquiétez pas votre majesté, tout le monde me dit ça j'ai l'habitude. Et puis, ça ne me dérange pas tant que ça. Je m'appelle Ori, je vis à l'orphelinat lumière dans le quartier nord. Et, honnêtement... je ne comprends pas bien ce que je fais ici...
- - Un homme a attaqué la cité, détruit une caserne, blessé des dizaines d'hommes, et a fini par s'enfuir en détruisant un portail, perturbant par la même occasion tous les autres. Vous avez tous poursuivi et ou combattu cet homme, nous cherchons donc à en savoir plus, c'est tout. Ne t'en fais pas Ori tu ne risques rien.
Le roi faisait des efforts pour paraitre avenant mais on décelait facilement un air grave caché derrière son sourire.
- - Perturbé tous les portails, qu'est-ce que vous voulez dire par là ? demanda Ori
Le général Kuwanger s 'avança les mains dans le dos et prit la parole.
- - Eh bien, en fuyant, ce voyou a réussi je ne sais comment à détruire le portail par lequel il est passé. C'est là que tu as pris une pierre sur le crâne Ori. Et juste après ça, tous les autres portails se sont mis à clignoter.
- - Et les quelques personnes que nous avons envoyé traverser après ça n'ont pas encore donné de nouvelles, reprit l'animagi. C'est pourquoi les dirigeants ont commencé à rentrer chez eux par voie plus... classique. Un long voyage les attend.
- - Effectivement Folivor. Et c'est pourquoi nous essayons de rassembler autant d'informations que possible, continua le roi. Que savez-vous de l'homme qui a attaqué ?
Tous répondirent en même temps sauf Ori
- - Il est rapide
- - Il est lâche
- - Il est puissant
- - Il est malin
Le roi soupira
- - Et vous êtes certains que cette attaque était préméditée ? Une seule personne à la fois s'il vous plait...
- - Oui
- - Ouais
Le général et Nochi avaient répondu simultanément et se toisaient maintenant d'un regard noir. Ozan continua :
- - Effectivement. Je suis le premier d'entre nous à l'avoir vu, et il venait de faire exploser la caserne. Il combattait des gardes quand je suis arrivé. Et il leur a botté les fesses... à mains nues.
- - A mains nues ? renchérit Drakus. Il vient certainement de chez nous.
- - Impossible répondit Nochi, il a fui en voyant qu'on allait entamer le combat.
Le général cyborg continua
- - Ça me coute de le dire mais il a pas tort. Les combattants de Raï ça se reconnait. Et puis il était plutôt bronzé comme s'il vivait à San.
- - Et puis il avait ces espèces d'écritures bizarres un peu partout sur le corps, reprit Ozan.
Ori, qui comme à son habitude dans un groupe ne disait pas un mot s'était fait oublier. Lorsqu'il prit la parole, tout le monde le toisa étrangement, mais il ne savait pas si c'était à cause de ce qu'il dit ou simplement parce qu'il était censé laisser les adultes parler (bien que le magus nommé Ozan ne semblait pas beaucoup plus vieux que lui)
- - Ce sont des runes. Les mêmes que celles des portails.
Le roi Hector parut estomaqué par cette information
- - Comment peux-tu affirmer cela ?
- - Bah... je vis à Potalu depuis toujours et... on a un portail à côté de l'orphelinat. Alors j'ai passé beaucoup de temps à l'observer. Et puis fin ça se voit non ?
Tout le monde le toisa, tantôt haussant les épaules, tantôt levant les yeux au ciel. Cette situation dura une bonne minute avant que la valkyrie Lola prenne la parole.
- - Ces runes n'ont toujours pas été déchiffrées après des siècles d'études, et notre homme en aurait partout sur le corps ? Folivor, est-ce que tu saurais quoi que ce soit sur cet Homme H ?
Ce dernier baissa la tête l'air déçu.
- - Non, je n'ai jamais vu un tel homme. Et vu ses actions, je doute qu'il soit de notre côté.
Lola tiqua, et Drakus sembla intrigué. Une expression que Ori n'avait jamais vu sur un Rai, il réfléchissait ?! Le roi Hector reprit
- - Bon. Je crois que nous avons toutes les informations dont nous avions besoin. On va créer un avis de recherche et aviser lorsqu'il reviendra. Vous pouvez disposer.
Le roi entreprit de se lever difficilement, suivi par ses homologues. La valkyrie semblait bien embêtée par la décision du roi. Folivor aussi d'ailleurs. Contrairement au champion Drakus qui lui sifflotait gaiement. Perplexe, Oran prit la parole
- - Euh excusez-moi votre majesté...
- - Oui ?
- - Sauf votre respect... c'est tout ? Fin on va pas le poursuivre, l'empêcher de recommencer etc.… ?
- - Premièrement, rien ne dit qu'il recommencera, deuxièmement, une fois l'avis de recherche mis en place ici, il sera communiqué aux autres dirigeants du monde qui appliqueront les mesures qu'ils souhaiteront chez eux. Et enfin troisièmement, si vous voulez essayer de rattraper cet homme et de le traquer sans même savoir où il est exactement, libre à vous. Je ne vous en empêcherai pas.
Kuwanger répondit un peu gêné.
- - Le petit n'a pas tort... cet homme est dangereux, et on devait le stopper avant qu'il ne fasse plus de victimes.
- - Général... ce n'est pas à vous que je vais apprendre qu'en tant que chef, il faut prendre des décisions rapides et efficaces. Je ne me répéterai pas.
- - Bien votre majesté.
- - Flore, accompagne ces gens jusqu'à la cour principale, laisse-les s'organiser, puis raccompagne ceux qui en ont besoin avec un garde
- - Bien grand-père.
- - Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça en public !
La jeune fille rit, puis ouvrit les portes derrière Ori et dit :
- - Si vous voulez bien me suivre
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