Astir passa sept jours de plus dans la caverne avant de pouvoir s’aventurer plus bas dans la montagne sur le dos de Gwalarn. Ses blessures semblaient aller mieux si on ne prenait pas en compte la grande bande violette sombre qui le parcourait de part en part et sa façon gauche de se déplacer. Son plan était de doucement se diriger vers Joubarbe, une ville de taille moyenne qui devrait normalement se situer un peu plus au Sud de leur position actuelle. Au début, il avait bien pensé à escalader la falaise en direction du convoi mais le fait qu’ils avaient survécu à une chute pareille tenait déjà du miracle et il ne tenait pas non plus à risquer sa vie et celle de Gwalarn pour un but flou. 

Il n’était pas complétement sûr de la direction qu’ils devaient prendre vu qu’il était complétement perdu mais d’après ses déductions par rapport à la position de Steredenn et des différentes étoiles du ciel nocturne il avait conclu qu’ils étaient à environ Trente kilomètres de Joubarbe ce qui faisait d’elle la ville la plus proche d’eux à l’heure actuelle. 

Heureusement, il avait pu échanger avec Taraxac, le spelucico du convoi, à propos de la topographie des montagnes rouges. Cela l’avait aidé à se repérer et prendre des décisions quant à la marche à suivre. Taraxac était quelqu’un de très instruit et discuter avec lui était quelque chose de très agréable. Pour être honnête, il lui manquait, maintenant qu’il était seul, sans personne, sans Septem et Kornog, il se sentait vide. Si Gwalarn n’avait pas été là, il se serait probablement laissé mourir. Le criorde était bien plus important pour lui que sa propre vie, il ne s’en était pas rendu compte avant mais en chevauchant*  sur le dos de l’animal, il avait le temps de penser et notamment à quel point Gwalarn comptait pour lui. Il repensait aussi à l’attaque des lumoks et notamment le fait de tout perdre en un instant, encore une fois. C’était difficile pour lui de se rappeler les événements sachant qu’il ne possédait que des bribes de souvenirs qui revenaient sous la forme de cauchemars. Le même type de cauchemars qu’ils avaient déjà avec Septem après la destruction de Pratt. 

*chevaucher était un bien grand mot, nous somme plus proche de l'essay désespéré de se maintenir en place sans tomber misérablement. 

Vu qu’ils étaient entre deux montagnes, la végétation était beaucoup plus dense qu’en altitude. De ce fait, à part les petits sentiers tracés par des animaux de tailles réduites, il n’y avait pas de chemin. Gwalarn avait choisi l’option de faire le sien faisant abstraction des différents obstacles cependant, même de cette façon, il était souvent contraint de revenir en arrière et de changer de direction. À ces complications s’ajoutaient les éclipses journalières qui les ralentissaient fortement.

Les espèces d’arbres qui se trouvaient ici étaient beaucoup plus diversifiées qu’en hauteur. Certains étaient beaucoup plus grands et larges, de nombreuses espèces vivaient en harmonie, toutes s'entremêlant entre elles. Elles bloquaient l’accès de la zone et du sol aux gros prédateurs. À certains endroits, Gwalarn devait sauter de branche en branche à l’instar d’un chat pour avancer. Astir découvrit avec surprise que son criorde s’apparentait certes aux canidés mais également aux félins. 

Le fait est qu’il s’agit d’animaux très rares et il n’avait jamais vu ni Gwalarn ni Kornog agir de cette manière avant. Il ne savait donc pas s’il s’agissait d’une caractéristique propre à l’espèce ou s’il s’agissait d’un comportement ne concernant que leur criordes.