Présent, au château des Stars
Toute la semaine, l’esprit du prince Luci était ailleurs.
Ils étaient censés faire le bilan de la dernière bataille, analyser les événements, prévoir les stratégies à venir… mais il n’écoutait qu’à moitié. Chaque fois qu’on lui adressait la parole, il répondait à côté :
— Ahh… oui, bien sûr.
— Pardon, pourriez-vous répéter ?
Ses conseillers échangeaient des regards inquiets à chacune de ses absences, surtout Lucio. Il n’était pas dans son état normal. À la fin de la journée, épuisé, il congédia tout le monde et s’enferma dans ses appartements, cherchant enfin un peu de solitude.
La lourde porte se referma derrière lui dans un clac sourd.
Son esprit n’avait pas quitté le champ de bataille. Pas quitté ce moment précis. Cet instant irréel où Asher—son Asher—s’était tenu devant lui.
Avec des gestes lents et méthodiques, il retira son manteau d’apparat, ses vêtements tombant un à un sur le sol. Sa couronne tinta légèrement lorsqu’il la posa sur la coiffeuse, à côté du grand miroir qui reflétait son expression troublée.
Dehors, une fine pluie commençait à tomber. L’air frais qui s’infiltrait par la porte-fenêtre ouverte du balcon était un soulagement contre la chaleur qui lui brûlait la peau. Complètement nu, à l’exception de la fine bague dorée à son auriculaire, il se laissa tomber sur le lit dans un soupir fatigué.
Ses bras reposaient au-dessus de sa tête tandis qu’il fixait le plafond. Et, comme chaque nuit depuis la bataille, ses pensées retournèrent inévitablement vers Asher.
Au début, elles étaient innocentes.
Il se remémora leur enfance—ce petit démon qui avait été son unique ami. Asher était beaucoup plus petit à l’époque, incapable de voler plus de quelques secondes. Mais même avec ses ailes trop faibles, il s’arrangeait toujours pour grimper, pour récupérer des œufs, pour réchauffer de l’eau avec sa chaleur naturelle et préparer des repas improvisés. Il était malin. Débrouillard.
— Ash… tu étais incroyable, même à l’époque, murmura Luci pour lui-même.
Un sourire flotta sur ses lèvres. Il se souvenait aussi du dégoût qu’Asher lançait à ses propres écailles, le mépris qu’il avait pour son propre corps. Il les détestait. Mais Luci, lui, les avait toujours trouvées fascinantes.
Et aujourd’hui, ces mêmes écailles l’avaient protégé.
Son expression s’adoucit. Asher avait-il changé ? Physiquement, c’était indéniable. Il avait grandi. Immensément. Luci n’en revenait toujours pas de leur différence de taille désormais. Il faisait bien deux têtes de plus que lui. Sans parler de sa musculature, par tous les saints, c’était devenu une armoire à glace, non, une montagne !
— Qu’est-ce qu’il a bien pu manger pour devenir aussi grand ?
Il rit légèrement, puis fronça les sourcils. Pas des humains, j’espère…
Il avait déjà posé la question, enfant, et Asher s’était vexé : "Bien sûr que non !"
Un sourire nostalgique effleura ses lèvres. Mais très vite, la bataille lui revint en mémoire, et ses pensées prirent une toute autre tournure.
L’Asher qu’il avait vu ce jour-là…
Il était à couper le souffle.
Ses vêtements abîmés laissaient voir son torse nu, révélant l’ampleur de sa transformation. Et par les dieux… il était immense. Puissant. Beau. Ses ailes, autrefois si fragiles, étaient devenues splendides, vastes et imposantes. Même sa queue n’avait plus rien de juvénile : elle était épaisse, musclée, capable d’écraser un homme, mais peut-être aussi de…
— Bordel… souffla Luci, sentant la chaleur lui monter aux joues.
Comment pouvait-il penser ça d’un démon ?
Mais il devait l’admettre… il n’avait jamais vu un homme avec un corps aussi incroyablement sculpté. Aussi différent, aussi intéressant, aussi… désirable.
Et plus il y pensait… plus il avait chaud.
(AVERTISSEMENT : Scène mature )
Luci se tourna légèrement sur le côté, une étrange anticipation lui serrant la poitrine.
S’il était honnête avec lui-même… il voulait toucher Asher.
Non. Il avait besoin de le toucher.
Ses doigts glissèrent distraitement le long de son propre torse, suivant les lignes de ses muscles tandis que son esprit dessinait celles d’Asher. Son imagination comblait les vides.
- Comment est-ce qu’il sentirait… ?
Son corps serait-il ferme sous ses paumes ? Son dos tremblerait-il sous ses caresses ?
Et si Luci embrassait la base de ses ailes… ?
Il se mordit la lèvre.
Puis, il perdit le contrôle de ses pensées.
Asher, au-dessus de lui, son sourire doux mais brûlant de désir. Ses mains glissant sur son torse. Ses lèvres frôlant les siennes.
Luci frissonna. Lentement, il entrouvrit les lèvres, imaginant le baiser se faire plus profond. Il imagina la langue d’Asher, plus longue que celle d’un humain, serpentine, infernale, taquine, s’enroulant autour de la sienne dans une danse pécheresse et inéluctable.
La simple pensée envoya une décharge de chaleur dans son corps. Un soupir lui échappa tandis que sa main descendait plus bas.
« Mon Dieu… j’ai envie de le voir nu ! »
Sans réfléchir, ses doigts s’enroulèrent autour de sa propre virilié. Sa respiration se bloqua.
Puis, il l’imagina au-dessus de lui. Le dominant. Ce regard démoniaque, vert perçant. Cette queue puissante s’enroulant autour de la sienne. Ces mains griffues agrippant ses cuisses, les écartant…
« Puis-je ? »
Luci arqua le dos, à peine sur la pointe des pieds, un gémissement étouffé lui échappant.
« Oh… mon dieu… o-oui… »
Sa main s’accéléra, poursuivant la fantaisie.
Il vit Asher en lui, le prenant entièrement, bougeant avec une force sauvage, l’embrassant comme une obsession, murmurant à son oreille :
« Luci… je t’aime. »
Le soulagement le frappa comme la foudre.
Son corps se tendit, sa respiration se coupa, et le plaisir déferla par vagues, se répandant sur son ventre et son torse. Un souffle tremblant lui échappa alors qu’il laissait la sensation retomber, son cœur battant à tout rompre.
Pendant un long moment, il resta là, étourdi, essoufflé.
Puis, la réalité le rattrapa. Ses yeux s’ouvrirent en grand.
« OH MON DIEU, qu'est ce que j'ai fait… ?! »
( Fin de la scène mature )
Ses mains couvrirent son visage brûlant.
Qu’est-ce qui clochait chez lui ?
Pas seulement parce qu’il avait fantasmé sur Asher, mais sur ce que son esprit avait projeté.
"Je t’aime."
Non. Non, non, non !
Il roula sur le côté, se recroquevillant sur lui-même.
— Je deviens fou.
Il pouvait désirer n’importe qui. N’importe quel noble, n’importe quelle princesse, n’importe quel humain. Mais non. Il fallait qu’il s’entiche d’un démon.
Furieux contre lui-même, il se leva d’un bond et se dirigea vers la salle de bain.
Eau froide.
Il avait besoin d’eau froide.
Mais même en plongeant dans l’eau glacée, il sentait encore des mains imaginaires sur lui.
Et au fond de lui, une vérité effrayante s’imposait.
Il ne voulait pas seulement Asher.
Il en avait besoin.
Et pourtant, un prince ne pouvait aimer un démon.
Et un démon ne pouvait pas aimer un prince.
Si ?

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