L’école, marquée par la disparition des six élèves, était désormais vide.

Les couloirs, autrefois animés de voix et d’échos, n’étaient plus que des allées silencieuses. Tous les élèves avaient été libérés.

La police, déployée en masse, avait bouclé le bâtiment. Des rubans jaunes balafraient les entrées. Un silence pesant régnait, seulement troublé par les flashs des caméras.

En consultant les caméras de surveillance, les enquêteurs reconnurent aussitôt le phénomène :

identique à celui survenu trois mois plus tôt, partout dans le monde.

Une peur que l’on croyait enterrée refaisait surface :

le retour des extraterrestres.

Les chaînes de télévision interrompirent leurs programmes. Les gros titres s'enchaînaient :

— “Retour des entités inconnues ?”

— “La Terre menacée à nouveau ?”

Un frisson parcourut le pays.

Le monde retenait son souffle.

Le salon baignait dans un silence surnaturel.

Les parents d’Arnaud tenaient leurs téléphones sans bouger. Le père peinait à respirer, une main sur le front, l’autre sur le cœur.

Quelques voisins étaient présents, mais personne ne parlait. Il n’y avait rien à dire.

Le père se leva. Il ne devait pas craquer. Pas encore.

Il devait aller chercher les deux plus jeunes à l’école.

Il sortit de la maison, forçant un sourire à l’attention des voisins.

Sa sœur, Alisha, avait appelé du Canada.

Les proches, trop loin, tentaient de réconforter par téléphone, mêlant inquiétude, incompréhension et compassion.

La famille, encore nouvelle dans le quartier, était seule dans leur maison... sans leur fils.

CHEZ ALBERT

Silence de mort.

Albert, enfant unique d’une famille modeste.

L’espoir. L’élève brillant. Disparu.

Ses parents ne pleuraient même plus.

Ils étaient figés, comme deux statues brisées, tenant une photo encadrée de leur fils. Le regard vide.

Les petits frères, tout juste rentrés de l’école, pleuraient.

Les parents murmuraient à voix basse.

— Il va revenir… hein ?

— Bien sûr, mon cœur. Il va revenir…

Chez Bass, son meilleur ami, une dizaine de jeunes s’étaient rassemblés.

Certains pleuraient. D’autres étaient fous de rage.

La star du quartier venait de disparaître.

Les parents, le grand frère impassible, la grand-mère en sanglots, les tantes, les oncles, les cousins… tous étaient là.

Et au centre, la raison de cette réunion de famille :

le petit frère de Bass, tout juste né, qui brisait le silence de son rire mignon, inconscient de la tragédie.

Ici, le chagrin était brut. Animal. Violent.

Sa mère, veuve depuis 6 mois, tenait le panier de linge sale de son fils.

Elle était désormais seule. Après la mort de son mari.

Après l’arrestation de son autre fils, pour un crime qu’il n’avait sûrement pas commis.

Et maintenant… ça.

Elle pleurait. De tout son être. De toute son âme.

Ce qui lui arrivait était insupportable.

Des voisins l’entouraient, muets.

Parce qu’il n’y a pas de mots pour consoler une mère qui perd son dernier enfant.

Partout dans le pays, une seule question brûlait les lèvres :

Et maintenant… que va-t-il se passer ?

Le tigre humanoïde grogna. Il s’était redressé. Griffes fumantes. Regard incandescent.

Shadow et Arnaud, face à lui, dansaient avec la mort.

— Mec… c’est quoi ce délire ?!

bégaya Trafalgar, déjà planqué derrière un arbre.

— Ce truc est increvable !

ragea Bass, retenant Maxime.

Arnaud et Shadow esquivaient, ripostaient, unis comme deux lames affûtées.

— Mais… comment ils sont devenus aussi forts ?!

s’étonna Albert.

Un sourire en coin éclaira le visage d’Arnaud.

— Tu veux savoir ? T’inquiète.

On va te montrer.

QUELQUES MINUTES AUPARAVANT

Tous étaient à terre, écrasés par la puissance du tigre.

Il avançait lentement vers Maxime. Prêt à l’achever.

Soudain, un fruit tomba de l’arbre qu’Arnaud et Shadow avaient percuté.

Rouge écarlate. Orné de symboles dorés flottant dans l’air, comme une aura vivante.

Arnaud tendit la main et lut à voix basse :

“Ce fruit confère une force physique décuplée pendant 15 minutes. Une seule dose par jour. Tout excès entraîne une corruption du corps.”

— Un booster, souffla Shadow.

— On le bouffe ? demanda Arnaud.

— Évidemment, répondit Shadow en arrachant le fruit des mains de son pote.

Ils mangèrent chacun la moitié.

Un frisson parcourut leur colonne vertébrale.

Le monde semblait ralentir autour d’eux.

— GO GO GO !! cria Shadow, déjà debout.

Les regards des autres se tournèrent vers le tigre qui rugit de plus belle.

— Attends… on dit un truc stylé quand on frappe ? lança Arnaud, tout sourire.

— T’es con ou quoi ?! grogna Shadow.

— Bah non, sérieux !

Le tigre leva la patte.

— It’s showtime.

— Ouais, on y va, sale taré.

RETOUR AU PRÉSENT

Le poing d’Arnaud percuta le menton du tigre.

L’impact fit trembler le sol. Le monstre fut projeté en l’air, hurlant de surprise.

Shadow l’intercepta. Coup de talon dans la nuque.

Le tigre s’écrasa lourdement, creusant un cratère.

— Ah, donc c’est comme ça que ça s’est passé… dit Albert.

— Ouais, confirma Shadow.

— Le “truc stylé” était vraiment nécessaire ? Et ce fruit magique, vous auriez pu en garder un peu pour nous ! râla Trafalgar, toujours accroupi derrière l’arbre.

Les deux combattants, la main derrière la tête, se grattèrent la nuque, se sentant bêtes.

— En tout cas, chapeau.

Mais dépêchez-vous d’en finir, vous avez moins de 15 minutes.

ajouta Bass, regardant Maxime à moitié évanoui.

AU CENTRE DE LA FORÊT

Dans un village fait de bois, un jeune homme courait à toute allure à travers les ruelles. Il criait :

— TIGER EST EN DIFFICULTÉ FACE À DES HUMAINS !! VENEZ VITE !!

Le village se figea.

Hommes, femmes, enfants… tous changèrent d’expression.