Le tigre gisait, vaincu, face contre terre, sa respiration lourde et irrégulière. Autour de lui, les feuilles tombaient lentement, comme un rideau de silence qui s’abattait.
Arnaud, essoufflé, un sourire fier sur les lèvres, s’appuya contre un arbre.
— Eh ben… vous avez vu ça ? Je suis vraiment trop balèze.
Shadow, l’œil perçant, haussa un sourcil.
— T’as pas tout fait tout seul, tu sais ? Sans ce fruit, on serait tous morts il y a longtemps.
— Ah, la ferme. Laisse-moi savourer mon moment.
Trafalgar, inquiet, scrutait les ombres mouvantes autour d’eux.
— Peu importe qui a fait quoi. Il est à terre, c’est le moment de filer. Il pourrait se relever à tout instant.
Albert hocha la tête avec gravité.
— On ne reste pas ici.
Bass, penché sur Maxime qui tremblait encore, murmura :
— Max, ça va ? Respire. C’est fini, on est là.
Maxime hocha lentement la tête, les yeux toujours embués.
— J’ai cru qu’on allait y passer.
Le souffle de la forêt se fit lourd, pesant. Mais la fatigue ne les avait pas encore vaincus.
Un grognement rauque fendit l’air, glacial.
— Qu’est-ce que vous faites… sur cette île ?
Tous se figèrent.
Lentement, ils se retournèrent.
Le tigre, blessé mais debout sur un genou, les scrutait d’un regard sombre, presque humain, chargé d’une lourde question.
Arnaud, abasourdi, murmura :
— Il vient de parler, là, non ?
Shadow, sur ses gardes, haussa un sourcil méfiant.
— Comment c’est possible ?
La voix grave et lente du tigre résonna à nouveau :
— Répondez à ma question.
Après un silence chargé, Shadow s’avança, déterminé :
— On vient d’une autre dimension…
Le tigre ferma un instant les yeux, ses mâchoires se serrant.
— C’est ce que je pensais.
Bass fronça les sourcils.
— Comment ?
Le tigre raconta, sa voix grave emplie de regrets :
— Il y a deux ans, un humain est apparu ici. Seul. Il disait venir d’une autre dimension aussi. Et sans explication, il a attaqué. J’ai dû le tuer.
Albert resta bouche bée.
— Bordel…
Trafalgar demanda d’une voix tremblante :
— Et… tu as cru qu’on était comme lui ?
Le tigre hocha la tête.
— J’ai vu le portail par lequel vous êtes arrivés. Le même que celui qu’il a utilisé. J’ai paniqué. J’ai attaqué sans réfléchir.
Shadow serra les poings.
— Mais nous, on a juste voulu se défendre.
Le tigre baissa les yeux, visiblement honteux.
— Oui… je le vois maintenant. Je n’ai senti ni haine, ni cruauté. Seulement de la peur. Et du courage.
Arnaud s’approcha prudemment, la voix douce.
— Nous, on n’est pas ce type-là. On ne veut de mal à personne.
Le tigre, apaisé, répondit lentement :
— Peut-être que je me suis trompé. Que ma peur a pris le dessus. Si c’est le cas… je vous dois des excuses.
Shadow hocha la tête.
— Tu t’es protégé, on comprend.
À ce moment-là, c’était comme si le tigre était leur semblable humain. Personne, ou presque, n’en avait peur désormais. C’est quand le puissant révèle ses faiblesses qu’il devient moins imposant.
Arnaud s’approchait de lui pour l’aider à se mettre sur ses deux jambes. Mais alors qu’il tendait la main, un bruit précipité fendit les fourrés, suivi d’un cri.
— Le Gardien est attaqué ! À l’attaque !
Des silhouettes armées surgirent : hommes et femmes brandissant lances, arcs, fourches et machettes rouillées. Ils encerclèrent aussitôt le groupe.
Trafalgar, Albert, Bass, Shadow et Arnaud se mirent en garde. Maxime se leva brusquement.
Un homme armé d’un arc braqua sa flèche vers Shadow :
— Ne bougez pas ! Vous avez blessé notre Gardien !
Un autre, machette levée :
— Laissez-moi faire, Tiger. Ça ne prendra qu’une minute.
Le tigre, voix ferme et autoritaire :
— NON. Baissez vos armes.
Un silence glacial s’installa. Puis une voix grave, rocailleuse, pleine d’expérience, émergea des rangs.
Un vieil homme, grand, sec, couvert de cicatrices, s’avança, brandissant une lance sculptée.
— Tiger… tu saignes. Tu veux vraiment leur faire confiance ?
Le tigre, calme, répondit :
— Oui. Je me suis trompé. Ce ne sont pas des ennemis. Ils se sont juste défendus. Ils n’ont montré ni haine ni plaisir à se battre. Seulement peur… et respect.
Le vieux scruta longuement les étrangers. Albert baissait les yeux, Trafalgar tremblait, Arnaud gardait la main levée, Shadow soutenait le regard. Bass et Maxime restaient silencieux.
Le chef gronda, les doigts serrés sur sa lance, puis soupira.
— Très bien. On les épargne. Mais ils restent sous ta surveillance. Une seule erreur, et je les efface moi-même.
Le tigre hocha la tête.
— J’en prends la responsabilité.
Les villageois abaissèrent leurs armes. Un souffle de soulagement parcourut la clairière.
Bass murmura, soulagé :
— On a frôlé la mort.
Trafalgar sourit faiblement :
— Elle nous colle à la peau.
Arnaud s’adressa au tigre :
— Merci… vraiment.
Le tigre chancela, et Arnaud le retint.
— Vous êtes en sécurité… pour l’instant.
Shadow déclara :
— On restera dignes de ta confiance.
Le vieux regarda les villageois, puis Tiger.
— Viens te faire soigner au village. Et si tu veux qu’ils t’accompagnent, qu’il en soit ainsi.
Le tigre sembla ému par tant d’humanité.
— Oui, je voudrais bien qu’ils viennent avec nous. Ils sont venus d’ailleurs, comme l’autre. Mais eux, ils sont différents.
Shadow hocha la tête.
— On te suit… si ça ne te dérange pas.
Le tigre sourit faiblement.
— Non. Ça me rassure. Je vous dois ça.
Les autres hochèrent la tête.
Shadow, en leader, s’avança vers le vieux et lui tendit la main.
— N’ayez crainte, monsieur.
Le vieux la saisit fermement, mais ne dit rien.
Après cela, les villageois ouvrirent la voie, écartant branches et feuillages.
Tous s’enfoncèrent lentement dans la forêt.
Tous… sauf Albert.
Figé, immobile, son regard perdu dans l’abîme de ses pensées.
Arnaud posa une main sur son épaule.
— Hé, cerveau… on y va.
Albert cligna des yeux, reprenant conscience.
— Ouais. J’arrive.
Puis il se mit en marche.
Maxime, à ses côtés, avançait aussi, le visage fermé, le regard fixé au sol, cherchant une réponse invisible.
Shadow s’approcha doucement.
— Ça va aller, Max ?
— Ouais, je suis remis.
Ils marchaient en silence, sous le poids de la forêt, escortés par les regards méfiants des villageois.
À l’arrière, le tigre observait discrètement, admirant leurs pas vacillants, leur courage fragile.
Il baissa la tête, une lueur d’espoir au fond des yeux.
— J’espère ne pas me tromper.
Et ainsi, le groupe s’enfonça plus profondément dans la forêt, vers le village caché, encore invisible derrière les arbres, porteur d’espoirs… et de promesses.
Une simple journée d’octobre. Une salle de classe presque vide. Six amis, un téléphone fraîchement réparé… et une notification qui va tout faire basculer.
En une fraction de seconde, Trafalgar, Shadow, Maxime, Albert, Arnaud et Basse sont projetés dans un monde numérique inconnu : ExitCode. Un jeu ultra-réaliste où le danger est réel, les règles sont impitoyables, et la mort... bien plus qu’un Game Over.
Mais ils ne sont pas les seuls. Des centaines d’autres personnes ont été aspirées avant eux. Et tous n’en sont pas revenus.
Pour espérer s’échapper, une seule voie : rassembler les 5 Clés de Système, éparpillées aux quatre coins de ce monde fracturé. Chaque clé est protégée par des épreuves, des factions, et des ennemis capables de tout pour survivre.
Trahisons, stratégies, pouvoirs, confrontations mentales et physiques.
Le jeu ne fait que commencer.
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