Solano leur avait raconté l’histoire de son père. Capturé. Torturé. Retenu quelque part.
Et ce nom… Édouard. Il planait encore dans les esprits comme un poison lent.
Personne n’avait ajouté un mot. Même Bass, d’habitude sarcastique, était resté silencieux.
Arnaud, les bras croisés, semblait agacé, mais ne disait rien. L’ambiance était plombée.
— Allez… vous devez être fatigués, dit Solano.
— Euh… ouais, les choses sont allées très vite, répondit Trafalgar.
— Venez, je vais vous conduire à votre chambre, ajouta Solano en se levant.
Les autres le suivirent, lançant un petit au revoir aux enfants et remerciant les femmes de Solano pour le bon dîner — et même le tigre, allongé au loin.
Ils traversèrent les couloirs de la grande maison jusqu’à arriver devant une porte.
La chambre était simple, calme, éclairée par une lanterne suspendue au plafond.
Des matelas posés au sol, des couvertures pliées, un peu d’espace.
— Entrez, chers invités. J’espère que cette chambre vous plaira.
— Oh oui, elle a l’air parfaite ! Je sens que je vais dormir comme un bébé, plaisanta Bass.
Tout le monde éclata de rire, relâchant un peu la tension. Ils entrèrent tous les six dans la chambre et s’installèrent, chacun à une distance raisonnable, posés, dos contre le mur ou allongés sur les matelas.
Peu à peu, la fatigue laissa place à une réflexion plus profonde.
Trafalgar fut le premier à souffler :
— Tout est allé trop vite… vous trouvez pas ?
Maxime hocha doucement la tête, la voix posée :
— C’est clair. On n’a même pas eu le temps de respirer… On est passés de chez nous à… ce monde-là. En passant par un hologramme, un tigre humanoïde qui parle… et j’en passe.
Shadow, recroquevillé dans un coin, parla à voix basse, presque brisée :
— J’devrais être à la maison, là. En train de regarder la télé. Ou de jouer à des jeux.
— J’aurais dû rigoler avec mon frère… me faire engueuler parce que j’avais pas rangé ma chambre, ajouta Arnaud.
Il se mit à trembler.
— Là, on est dans un monde où on doit trouver des clés, où des gens sont prêts à nous tuer… Et on n’a aucun moyen de rentrer, dit Albert.
— C’est quoi ce cauchemar… souffla Maxime. J’ai même failli mourir.
— Bizarrement, je pense qu’on n’est pas assez bouleversés, remarqua Trafalgar.
— C’est à cause des films et des animés qu’on regarde tout le temps, répondit Albert avec un petit rictus.
— Oui, je pense que t’as raison. Je me suis tellement imaginé dans un anime, avec des pouvoirs… et maintenant, j’y suis vraiment. C’est un rêve qui se réalise, dit Arnaud avec un peu d’enthousiasme.
— T’es pas le seul. Moi aussi, c’est un "rêve" devenu réalité. Mais c’est justement ça le problème : c’est réel, pas virtuel. Ici, on meurt vraiment. Et puis…
Il mit sa main sur ses yeux. Les larmes commencèrent à couler.
— … Y’a les gens de notre vrai monde. Ma mère. Ce qui lui arrive est terrible… Perdre toute sa famille en si peu de temps…
Les autres compatirent. Bass et Maxime, en particulier, se sentirent gênés, presque coupables de quelque chose.
Ce qui arrivait à Shadow et à sa mère était bouleversant.
Eux aussi pensaient à leurs parents, à leurs amis… tous sans doute en larmes, désespérés.
Un silence s’installa. L’ambiance était morne.
Puis Trafalgar se leva. Il essuya ses larmes, serra les poings.
— Maintenant, il n’y a que deux options : soit on fait tout pour dégager d’ici, soit on reste vivre dans cette dimension. Alors ? Vous choisissez quoi ?
Moi, en ce qui me concerne, je veux sortir d’ici. Il tendit la main. Qui est avec moi ?
Arnaud se leva, le visage froid, et déclara avec conviction :
— Moi, je sors d’ici. Je veux retrouver ma famille, mes amis. J’ai aussi plein de mangas à finir… et je dois devenir footballeur professionnel. Alors, hors de question de rester ici.
Il posa sa main sur celle de Trafalgar.
Puis Shadow se leva, aussi déterminé :
— Quant à moi, je dois être aux côtés de ma mère… et de mon frère. Et puis…
Il ne termina pas sa phrase, mais posa sa main.
Maxime et Bass se levèrent en même temps.
— Nous, on doit devenir les hommes les plus riches du monde et ne rien faire de nos vies, dit Bass avec un grand sourire.
— Exact ! ajouta Maxime. Et puis, même si les filles du village sont super belles, je dois retourner dans notre monde pour sortir avec Élise, l’amie d’Arnaud !
Ils posèrent leurs mains à leur tour.
— T’es trop obsédé, mec… N’y pense même pas, dit Arnaud en riant. Ma meilleure amie ne pourra jamais sortir avec un gars aussi charo que toi.
Tout le monde éclata de rire.
Enfin, Albert se leva.
— Hum, parfaitement, les cons. On doit aller accomplir nos rêves, dehors.
Et il posa sa main, en dernier.
— Alors parfait, dit Trafalgar avec joie.
Tous ensemble, ils levèrent la main au ciel et crièrent à l’unisson :
Une simple journée d’octobre. Une salle de classe presque vide. Six amis, un téléphone fraîchement réparé… et une notification qui va tout faire basculer.
En une fraction de seconde, Trafalgar, Shadow, Maxime, Albert, Arnaud et Basse sont projetés dans un monde numérique inconnu : ExitCode. Un jeu ultra-réaliste où le danger est réel, les règles sont impitoyables, et la mort... bien plus qu’un Game Over.
Mais ils ne sont pas les seuls. Des centaines d’autres personnes ont été aspirées avant eux. Et tous n’en sont pas revenus.
Pour espérer s’échapper, une seule voie : rassembler les 5 Clés de Système, éparpillées aux quatre coins de ce monde fracturé. Chaque clé est protégée par des épreuves, des factions, et des ennemis capables de tout pour survivre.
Trahisons, stratégies, pouvoirs, confrontations mentales et physiques.
Le jeu ne fait que commencer.
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