Le soleil pointait à peine que déjà, les six garçons s’agitaient… ou presque.

Albert, accroupi, le regard fatigué, s’énervait à ramasser les vêtements et draps éparpillés dans la pièce, tandis que Shadow, en équilibre instable sur un tabouret, tentait de raccrocher une étagère tombée pendant la nuit.

Albert (agacé) : Quel bazar…

Albert (soupirant) : Trafalgar, lève-toi, bon sang…

Mais Trafalgar, fidèle à lui-même, ne répondit pas.

Affalé sur le tapis, la bouche entrouverte, il semblait littéralement fusionné avec le sol.

Quelques minutes plus tard, après des bains express et un rangement à la hâte sous le regard strict d’Albert et Shadow, ils descendirent dans la salle à manger.

Alexandra y essuyait calmement une assiette.

Alexandra (souriante, debout près de l’évier) : Bien dormi ?

Bass (bâillant, frottant les yeux) : Plutôt bien, ouais...

Arnaud (curieux, regardant autour) : On s’attendait à voir du monde ici. Ils sont où, les autres ?

Alexandra (calme, désignant la fenêtre) : Les enfants sont partis passer la journée chez leurs amis. Solano est allé au port et Tiger est dans sa chambre. Solano a un départ prévu.

Maxime (compréhensif) : Ah d’accord, je vois...

Albert (s’asseyant) : On voulait poser deux-trois questions à Solano, mais on attendra, du coup.

Alexandra (posant l’assiette) : Oh, mais si vous voulez les rejoindre, il n’y a aucun problème. Il faudra juste qu’un de vous reste ici pour ne pas surcharger le bateau.

Albert (levant un sourcil) : C’est Solano qui a dit ça ?

Alexandra (petite hésitation) : Oui… c’est lui qui me l’a dit.

Shadow : On veut y aller, ouais. Mais… qui va rester ?

Arnaud (enthousiaste) : On règle ça à pierre-feuille-ciseaux ?

Trafalgar (allongé sur le canapé) : Pas la peine. Moi, je reste.

Bass : Quoi ?! Mais pourquoi ?

Trafalgar (calme) : Flemme.

Albert (haussant le ton) : T’es sérieux ? T’as pas envie de voir la mer ?

Trafalgar (blasé) : Non. Debout pendant des heures, cramé par le soleil, à risquer de finir bouffé par un requin ? Très peu pour moi. Ici, je suis bien.

Albert (exaspéré) : T’es vraiment pas croyable…

Alexandra : Quoi qu’il en soit, vous feriez mieux de partir. Leur départ est prévu pour 10h… et il est presque l’heure.

Albert (inquiet) : Quoi ?! On va les manquer !

Tous sauf Trafalgar (criant) : ON Y VA TOUT DE SUITE !

Ils foncèrent vers la sortie.

Albert (les rattrapant) : Bande d’idiots ! Vous savez même pas où est le port !

Ils s’arrêtèrent net.

Alexandra (riant doucement) : Le port est derrière la forêt, juste à l’arrière de la maison. Emportez un peu de nourriture pour la route.

Arnaud (attrapant des provisions) : Avec plaisir ! Allez, on y va les gars !

Ils quittèrent la maison à toute vitesse, traversant la forêt avec entrain.

Arnaud, Bass, Maxime (chantant) : Bateau, Bateau, BATEAU !

---

Au port, quelques minutes plus tard…

Les cinq garçons arrivèrent, en sueur.

Le port était presque vide. Une trentaine de bateaux, des caisses empilées, et une forte odeur de poisson.

Un navire quittait lentement le quai, s’éloignant sur les flots. C’était sûrement celui de Solano.

Albert (haletant) : Ils viennent juste de partir… On les a ratés de peu.

Maxime : On aurait dû courir plus vite.

Arnaud (dégoûté) : J’voulais trop monter sur ce bateau…

Tous observaient le navire avec frustration.

---

À bord du navire

Solano, chemise serrée, cheveux blancs attachés, pantalon noir flottant.

À ses côtés :

Un vieil homme au regard perçant, mèches grises, kasa traditionnel, deux sabres à la taille, pipe fumante et bâton carré.

Un homme plus jeune, calme, en pull orange sans manches, pantalon cargo, bottes et poignets bandés.

Un petit garçon crasseux, bandage au front, dent manquante, T-shirt trop long, tuyau métallique en main.

Le petit garçon (pointant du doigt) : Ce sont pas vos invités là-bas, vieux Solano ?

Solano (amusé) : Ouais, on dirait bien.

Le vieux au kasa (grognon) : Ils sont censés être six, non ?

Solano (le bousculant) : T’as raison, il en manque un !

Le petit garçon (sautant) : On fait demi-tour ?!

Le vieux (agacé) : Non, on continue. On n’a pas toute la journée.

Solano (avec ardeur) : Nan, on les prend avec nous, tête de parapluie.

Le vieux : C’est toi, la tête de parapluie, nhhh !

Les deux allaient se disputer, mais le jeune homme leva la main.

Le jeune homme (posé) : Je vais les chercher. Rattrapez-les.

Solano et le vieux (en cœur) : OK !!!

---

Sur le quai

Albert : On dirait que… quelque chose vient vers nous ?

Arnaud (plissant les yeux) : Il a sauté ?! Du bateau ?!

Un sifflement fendit l’air.

Une masse sombre traversa le ciel avant d’atterrir dans un souffle puissant, soulevant la poussière du quai.

Le jeune homme se tenait droit, mains dans les poches, parfaitement calme.

Bass (éberlué) : C’était… QUOI, ça ?!

Arnaud (paniqué) : Il a sauté du bateau en marche… c’est un monstre ou quoi ?!

Albert : C’est QUI ce type ?!

Le jeune homme (souriant) : Je suis Izak Leinbert. Je suis venu vous chercher.

Shadow (méfiant) : Attends… comment t’as sauté comme ça ?

Arnaud : Mec, c’était super loin !

Albert (décontenancé) : T’es pas humain…

Sans un mot, Izak saisit Albert et Arnaud… et les lança.

Albert & Arnaud (en vol) : WAAAAAAHHHH !

Ils furent rattrapés de justesse sur le pont.

Izak (revenant vers les autres) : À votre tour.

Maxime : Tu plaisantes ?!

Bass : J’suis pas un ballon, moi !!

Shadow : Je… me sens pas bien…

Trop tard.

Ils furent projetés à leur tour, rattrapés par Solano et le vieux.

Enfin, Izak sauta lui-même, bras croisés, atterrissant comme si de rien n’était.

Izak (enthousiaste) : Parfait, tout le monde est là.

Solano : Bon… mais où est Trafalgar ?

Maxime : Il a eu la flemme. Il est resté à la maison.

Albert : De toute façon, fallait bien qu’un de nous reste pour pas surcharger le bateau, non ?

Solano (sourcil levé) : Hein ? Qui vous a dit ça ?

Albert : Alexandra. Elle a dit que c’était toi.

Solano (fronçant les sourcils) : Moi ? J’ai jamais dit ça. Le bateau peut largement supporter six personnes de plus.

Silence.

Un vent froid passa.

Shadow (hausse les épaules) : Tant pis. C’est pas si grave.

Solano (riant) : Si j’avais su, j’aurais mis Trafalgar en laisse.

Solano (s’éclaircissant la gorge, joyeux) : Bon, maintenant que vous êtes tous là, laissez-moi vous présenter mon "équipage" !

Lui, c’est Izak Leinbert, l’homme le plus fort du village — et sans doute le plus fort des alentours !

Izak (souriant, un peu gêné) : Je fais de mon mieux.

Solano : Ensuite, voici le vieux grognon, l’homme au kasa : c’est mon petit frère, Yosuke. Et il est cinglé.

Yosuke (grognon) : Tais-toi, Solano.

Solano (montrant le petit garçon) : Et enfin, le plus jeune, mais non le moins important : Bunny ! C’est lui qui a prévenu tout le village de votre arrivée ! Un vrai héros !

Bunny (sautant fièrement) : Hey !

Yosuke (mains sur ses sabres, regard sombre) : Hmph. Si j’avais été au village à ce moment-là, je me serais fait un plaisir de vous massacrer. C’est mon devoir d’éliminer toute menace.

Les cinq garçons (frissonnant) : ...

Izak (ignorant Yosuke, enthousiaste) : Mais Solano nous a dit que c’est vous qui avez mis Tiger dans un sale état... Si c’est vrai, vous devez être très forts ! Dites-moi, tous les types de l’autre monde sont comme vous ?

Shadow (étonné) : Attendez ! L’autre monde ? On n’a jamais dit ça à personne ! Comment vous savez ?

Izak (s’asseyant près de la cabine) : Tout le monde est au courant, Shadow.

Il ramassa un journal et le lança.

Izak : D’ailleurs, vous êtes dans le journal d’aujourd’hui.

Shadow attrapa le papier, le cœur battant.

Les cinq jeunes se regroupèrent autour de lui.

Sur la une, en lettres massives :

« APPARITION DE NOUVEAUX ARRIVANTS DE L’AUTRE MONDE APRÈS 2 ANS »

L’article détaillait leur arrivée.

Le sang d’Albert se glaça.

Maxime : Mais… comment c’est possible ?

Solano (sérieux) : Il y a une personne dans ce monde capable de voir absolument tout ce qui se passe, à chaque instant. Il s’appelle Carl Woodward.

Arnaud (sous le choc) : Un pouvoir de voir absolument tout !? C’est… c’est fou !

Bass (déglutissant) : On dirait un dieu...

Solano (gravement) : Et il agit comme tel. Il est le PDG de la seule et énormissime entreprise de presse au monde, la GLOBAL NEWS AGENCY.

Son journal, THE WORLD, est distribué partout, chaque jour.

Grâce à lui, plus rien n’échappe à personne.

On dit qu’il ne dort jamais... qu’il écrit pendant que le monde dort, et que rien n’échappe à sa plume.

---

Yosuke (crachant au sol) : Assez de bavardages.

Maintenant que vous savez que nous savons d’où vous venez… parlons affaires.

Vous tous, les étrangers, devez trouver cinq clés situées sur les îles les plus dangereuses de ce monde pour pouvoir rentrer chez vous, n’est-ce pas ?

Albert (silencieux un instant, puis d’une voix basse) : … Oui. C’est exact.

Les autres (acquiesçant, les yeux grands ouverts) : Oui.

Yosuke (sourire froid) : Eh bien, ce n’est pas gagné pour vous, les gosses.

Vous avez deux ans de retard sur la course aux clés.

Certaines ont déjà été récupérées.

Si vous voulez espérer les atteindre, vous allez devoir acquérir une puissance colossale… en très peu de temps.

Un frisson parcourut le pont.

Le silence pesait, oppressant.

Bass (chuchotant) : Deux ans de retard… c’est énorme.

Arnaud (tremblant) : D’autres… sont déjà en train de les chercher ?

Yosuke (froidement) : Pas chercher. Se battre pour les garder.

Les visages des cinq amis pâlirent.

Albert serra les poings, regardant l’horizon.

Le vent marin fouettait son visage. Pour la première fois depuis leur arrivée, il sentit le poids réel du monde dans lequel ils venaient d’entrer.

Albert (d’une voix ferme) : A propos de la force, j’ai une question mais avant ça dites nous d’abord où nous allons.

Solano (pointant) : Gévina Island.

Maxime : Pourquoi là-bas ?

Yosuke (bousculant solano) : Pour chercher les cinq combattants qui nous ont représentés au Pangé Squad Clash.

Arnaud : Hein ? C’est quoi ce truc ?

Mais Yosuke fut interrompu par une bagarre ridicule avec Solano.

Albert : Ils sont… sérieux ?

Izak (sans les regarder) : Le Pangé Squad Clash est un tournoi annuel. Chaque île envoie cinq combattants. C’est un battle royal en équipe.

Shadow (yeux brillants) : Incroyable…

Izak : Nos cinq gars ont fini deuxièmes. Mais leur bateau a été endommagé. On va les chercher.

Arnaud : Si t’es le plus fort, pourquoi t’as pas participé ?

Bass : Ouais, pourquoi ?

Izak : J’avais… des choses à faire.

Arnaud & Bass : Aaaah…

Un silence

Albert (sérieux) : Comment on devient fort ici ? Genre… vraiment fort.

Un silence.

Même Solano et Yosuke cessèrent leur querelle. Bunny lui souriait de toutes ses dents impatient d’entendre la réponse. 

Izak (regard tourné vers l’océan) : Ah… bonne question.