Elle aimait mon silence et surtout le manque de ma présence.

J’évitais grandement d’être dans leurs pattes… et on m’oublia.

Deux semaines après, ma grand-mère sortit mais resta au lit très longtemps… je n’ai pas eu le courage d’aller voir comment elle allait.

Amélie :

— Bien sûr que tu peux pas, c’est de ta faute de toute façon… crois-moi, je suis ta seule et véritable amie. Tu dois être seule car personne ne t’aime.

— Henriel ?? Henriel ?? Eh ça va ?? (c’était ma tante Denise, une autre aînée de ma mère) Tu ne veux pas me répondre ?? Je ne t’ai pas vue depuis l’autre fois à l’hôpital, tu vas bien ?

(hochement de tête pour dire oui)

— Hum, tu es sûre ??

(Encore un signe de tête)

— Ok, tu as mangé ?

(Signe de tête pour dire non)

— Mais comment ça ? Viens, je te ferai à manger.

À ce moment-là, j’ai cru que c’était un piège… Mon cœur lourd, je me disais : « Non ! Pas encore. Non, je veux voir personne, ici je suis bien, personne ne me voit… »

Elle insistait et me tira fortement sans le savoir et je l’ai mordue.

— Aïe !!!! Henriel ??? Ça va pas ? Qu’est-ce qu’il y a ?? Tu veux pas te nourrir ?

Vu que je ne répondais pas, elle est partie… J’étais triste, mais Amélie me disait que j’avais bien fait. Sinon elle aussi finirait par me jeter.

Une heure plus tard elle revint avec de la nourriture. Malgré mon silence, elle parla… Et ce fut ainsi jusqu’à la fin de leur séjour à tous.

Le jour de son départ j’ai pleuré tellement fort que je tremblais. Elle me regardait et me dit :

— Tu vas me manquer aussi. Je dois m’en aller, je suis désolée.

— Si tu me parles pas, comment je saurais ce dont tu as besoin ?!

Et là je suis rentrée dans ma chambre et j’ai dormi jusqu’au lendemain, car je ne voulais pas savoir si elle était partie ou pas.

Et ce fut ainsi… jusqu’à ce que je décide de partir de cette maison.

Ah oui, j’ai reçu un billet pendant les vacances. C’était une invitation de ma tante, elle voulait me revoir… J’étais heureuse jusqu’à ce que j’écoute une conversation entre elle et ses enfants, qui disaient du mal de moi.

— Maman, la famille dit qu’elle est une sorcière, pourquoi elle reste avec nous ?? N’as-tu pas peur ?

— Arrêtez un peu. Certes, elle agit bizarrement, mais elle est gentille, votre cousine.

— Non maman, le diable sait charmer.

— Arrêtez, les enfants de Dieu n’ont pas peur… et si je tourne le dos aussi comme les autres, que deviendra votre cousine ??

Elle se leva et ajouta :

— Le malheur ne frappe jamais à une seule porte.

— Mais maman…

— Silence, vous ne savez même pas comment vous serez demain.

Elle tourna la tête à cause du signe que faisait Lili, sa fille aînée, qui m’avait vue… À ce moment je me suis enfuie sans savoir où j’allais.

Nouvelle ville, des chemins que je ne connaissais pas et une amie intérieure fidèle à ce genre de moment :

— Oui, cours, cours et traverse, ils sont derrière toi et veulent te faire du mal.

Au moment où dans ma course je me rapprochais de la route, c’est comme si une lumière s’était éteinte… Était-ce un accident ?? Non, juste ma batterie intérieure lâcha. Et bim.

Je me réveille après deux ans avec une voix étrangère.

Je n’étais pas dans le coma où on reste endormi.

J’avais juste perdu l’énergie, je ne prenais plus conscience de ce qui était autour de moi.

J’avais arrêté tout suivi de connaissance du monde par ma propre volonté.

Et voilà que :

— Henriel ?? Yaya, comment tu vas ??

J’ai juste bougé la tête.

C’était elle, ma sœur Meliane. Elle avait grandi, devenue une femme. Accompagnée d’elle, mon grand frère… Lui qui était absent depuis que je vis toutes ces horreurs, était là en larmes.

— Je suis désolé petite sœur, Yaya est là.

— Moi aussi Yaya, je suis revenue exprès pour te voir.

Au fond de moi je disais : « Allez vous faire voir ailleurs… pourquoi maintenant ?? »

Ils ont agi comme ça un mois, me parler et prier même pour moi.

Je revoyais de l’espoir, mais Amélie me rappela combien j’ai toujours été seule. Elle était mon amie… pas les autres.

Alors j’ai continué à ignorer leur présence jusqu’à ce soir-là.

Elle entra dans ma chambre, pria et me prit dans ses bras.

Je ressentais une chaleur légère, comme un manquant à mon…

— Je voulais te dire de venir avec moi. J’ai écouté la conversation de maman et la famille sur ton état et j’ai décidé de venir.

Je me tournai vers elle et souris, un sourire amer… qui disait : « Vas-y, sors d’ici. »

Mais elle resta près de moi et finit par dormir avec moi comme à notre jeune âge.

Et je voulais poser tellement de questions, mais ça ne sortait pas.

À chaque fois que j’ouvrais la bouche j’avais l’impression de trahir et vouloir du mal à ma petite sœur.

Alors je me suis encore endormie