Astir était parti aux pâturages à l’aube
car Saturne – le sixième mois de l’année – touchait à sa fin et la saison
froide ne tarderait pas à poindre, il fallait engraisser un maximum les
triglopodes avant la saison morte. Septem avait prévu de le rejoindre vers neuf
heures mais elle n’arrêtait pas de s’arrêter pour cueillir des sicophores, une
herbe médicinale efficace contre les rhumes. De ce fait elle arriva peu avant
dix heure, Astir qui l’attendait commença à diriger les triglopodes vers l’abri
des grottes quand il l’eu vu. Il ne fallait pas tarder, l’éclipse matinale ne
tarderait pas à commencer et il n’était pas recommandé de rester dehors à ce
moment-là. Ils venaient d’arriver à la grotte quand l’obscurité se fit totale,
il ne put s’empêcher de maudire Septem, à cause d’elle il avait risqué la vie
de ses bêtes. Et le plus frustrant, c’est que ce n’était pas pour cela qu’il
était aussi remonté. Il s’était inquiété ; il la connaissait et savait
pertinemment qu’elle aurait continué à avancer malgré la noirceur du jour et
les animaux nocturnes pour le retrouver au risque de se briser le cou ou se
faire attaquer.
Septem ne comprenait pas pourquoi son ami était aussi grognon ce matin, sans se douter une seule seconde que c’était sa faute. Ils restèrent ainsi dans un silence de mort, par moment brisé par le bruit des bêtes, à ruminer leurs pensées car ni l’un ni l’autre ne voulait parler et ce pendant trente longues minutes puis la lumière de Steredenn réapparue. Ils sortirent des grottes en s’étirant, la colère d’Astir s’était estompé, il était juste heureux que son amie soie arrivée sans encombre et puis maintenant ils allaient pouvoir profiter de huit heures de tranquillité avant la prochaine éclipse. Septem était radieuse savourant le vent dans ses cheveux et admirant le paysage de montagnes s’étalant devant ses yeux violine. Les roches ocres et rouges s’étendaient à perte de vue, parsemées par de grandes étendues d’herbe verte jaunissant par endroit.
Septem vit une sorte d’amas de poils noirs et de sang au pieds d’un pic rocheux à une centaine de mètre de là. Elle pointa du doigts sa trouvaille en appelant Astir, puis commença à courir en sa direction avec son ami sur les talons. Surement un animal tué lors de l’éclipse par une chute ou une attaque ennemie. Si la fourrure n’était pas trop abimée, ils pourraient en faire des vêtements chauds. Cela dépendra de la taille de l’animal.
Plus elle se rapprochait et plus l’animal paraissait gros, avec un peu de chance ils auraient assez pour se faire un manteau chacun. Ils s’arrêtèrent à une quinzaine de mètre et jetèrent quelques cailloux sur la bête, aucune réaction, elle était bien morte. Elle s’apparentait vaguement à un loup de deux mètre deux long, un coup de chance ! il était rare de voir ce genre d’animal aussi haut dans les montagnes, d’ailleurs c’était la première fois qu’ils en voyaient un en vrai. Des voyageurs de passage au Igga avaient mentionné leur existence mais jamais ces deux-là auraient cru en voir en vrai. Ils firent le tour de l’animal en s’extasiant de la douceur de son pelage et à quel point celui-ci était noir. Les autres au village seront jaloux quand ils reviendront avec la fourrure noire de jais de ce magnifique spécimen.
L’animal s’était empalé sur un pic rocheux mais de là à savoir comment cela était arrivé c’était un mystère. De toute façon les deux adolescents n’en avaient que faire de savoir comment elle avait pu mourir, ils repartirent sur leurs pas pour chercher leurs couteaux pour dépecer la bête. Septem revint aussi vite qu’elle put et commença le long travail de dépeçage qui les attendaient. Après tout, ils n’avaient plus que sept heures avant de devoir retourner à l’abri en prévision de la prochaine éclipse. Cependant Astir ne pouvait pas juste abandonner ses triglopodes, il les rassembla et se contenta de les diriger à proximité de leur trouvaille avant d’aider Septem. Ils mirent trois heures pour arriver à la moitié de la créature. Leurs estomacs gargouillaient de faim, ils firent donc une pause pour se sustenter puis reprirent leur labeur avec acharnement.
L’éclipse de Logrenn commencerait dans deux heures, ils avaient presque fini lorsqu’ils remarquèrent deux cailloux luisant d’un bleu azur entre le flan du fauve et les pics rocheux. Septem entreprit alors de les attraper, Astir dut lui tenir les chevilles pour qu’elle ne se retrouve pas coincé à côté de ces petits rochers attrayants. Une fois remontée, ils descendirent de l’animal et observèrent de plus près ces curieuses opales. Elles ressemblaient à s’y méprendre à des œufs. Leurs regards se croisèrent :
"On en fait quoi ? demanda Septem.
Je ne sais pas, c’était surement une femelle si elle a pondu des œufs, à condition que ce soient des œufs. Répondit-il.
Humm, marmonna-t-elle, On les garde ! ils mourront si on ne le fait pas et au pire s’ils n’ont pas éclos dans quelques semaines on pourra toujours les revendre ou en faire des bijoux.
Je te suis ! clama-t-il ".
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