Du sang.

Si je le pouvais, je pleurerais.

Pourquoi ai-je cherché des réponses ?

Je m’en veux.

Je me déteste.

Pour une fois que je me sentais bien.

J’étais presque heureuse.

Fichu journal ! Sans toi, je n’aurais peut-être jamais eu l’idée de poser toutes ces questions ! J’aurais pu rester dans ma douce ignorance.

Ce qu’il s’est passé ? C’est si simple. Je suis sortie de ma cachette. Lors de la réunion. Elle était au centre. Je ne pouvais plus attendre, alors je me suis avancée. Erreur fatale. Ça ne faisait plus rien que les autres me voient. Ce que j’ignorais c’est que je ne voulais pas les voir. Parmi eux, pas la moindre étoile de mer.

Je restais là pétrifiée face à la minuscule psychologue. Alors que tout en moi me hurlait d’oublier ce que me yeux me montraient. L’écrevisse essayait de me faire reculer, retourner dans ma planque avec des mots doux. Mais c’était trop tard, je les avais vu, ils m’avaient vu. C’étaient des huitres, des anguilles, des poissons, des créatures aquatiques de toutes sortes, toutes sortes exceptées des étoiles de mer.

Il n’y a jamais eu la moindre étoile de mer à ces rassemblements. Moi non plus. Ça me déchire le cœur d’écrire ça. Je ne souffre même pas de me sentir trahie, non, la vérité est encore plus douloureuse.

Je revoie mes tentacules se resserrer sur la petite psy. Et puis tout est noir. Je réentends mon précédent psy dire « Vous n’êtes pas une astéride, je pense que vous souffrez d’une schizophrénie et que vous pensez en être une mais voyez vous-même, j’ai un miroir juste là. Eh ! Qu’est-ce que vous faites ? Non ! Lâchez ça ! Pas la peine de réagir ainsi ! Calmez-vous ! On va parler et vous verrez qu’avec le temps … » Mon cœur se serre en réentendant la peur dans sa voie. La pauvre écrevisse n’a pas eu le temps de parler autant.

Je suis une pieuvre. Ça fait bien de moi un mollusque … Mais je ne veux pas être ça ! Je veux être une étoile ! Je vais partir loin, il me suffit d’oublier tout ça, ça va aller. Je vais partir loin, très loin, vivre parmi des étoiles de mer. Et je ne laisserais personne m’en empêcher.