La salle où j’attends pour passer l’examen est grande. Les murs sont blancs et la décoration est très sobre. Cette pièce ressemble à une salle d’attente d’hôpital. J’ai hâte mais je suis stressée. J’ai l’impression d’exploser. J’entends les battements de mon cœur qui résonnent. Il y a environ une dizaine d’autres candidats. Je déchiffre leurs émotions : Ils sont tous très différents. Certains ont peur de l’échec tandis que d’autres sont très sûrs d’eux. Il y en a même un ou deux qui n’ont pas envie d’être là. Je trouve ça triste que des personnes soient forcées à faire quelque chose qu’ils n’ont pas envie de faire. Pourtant garde du corps n’est pas un métier très prestigieux. Je pensais qu’il n’y avait que des personnes qui voulaient le faire par vocation mais apparemment non. Les autres partent et reviennent. On dirait que je vais passer la dernière. Tiens, ce garçon est réconforté après son épreuve. Celui-là est heureux et lui est déçu. Je me demande en quoi consiste l’épreuve. Je pense que tout va bien se passer. Je ne suis pas comme les autres. Je suis hyper athlétique, mes sens surdéveloppés me permettent d’anticiper et puis j’ai mes talents particuliers. Ça y est. C’est mon tour. J’y vais. La femme qui vient me chercher a une allure stricte mais elle ressent de la sympathie pour moi. On dirait que je suis arrivée. La salle dans laquelle je me trouve est vide à l’exception d’un arc et d’un poignard accrochés au mur. Cette salle à l’air d’une salle d’entraînement. Le sol semble composé de tatamis. Je vais devoir combattre ici. J’attrape le poignard. Le poignard et pas l’arc, car le poignard est mon arme de prédilection, même si je peux bien tirer à l’arc. De plus, si je deviens garde du corps, il est hors de question que je m’éloigne de mon principal1. J’ai le poignard en main il est bien équilibré. Là. Dans mon dos. Quelqu’un. Danger. Clé de bras. Plaquage. Poignard sous la gorge. C’est bon. Je le tiens. C’est un homme. Il doit avoir un ou deux ans de plus que moi. Il est grand et bien bâti. Ça se voit qu’il s’entraîne beaucoup. Et régulièrement. Ses cheveux châtains sont coupés très court. Attends. Quoi ? Pourquoi ? Il ? Sourit ? Il rit. Il parle : « ça ne se fait pas trop d’agresser son futur instructeur ». Sa voix est chaude et dure à la fois. Il doit être un bon instructeur mais il a l’habitude d’être obéi. Dans le doute, je sonde ses émotions. Il est honnête. Je vais le relâcher mais je suis prudente par nature. Je le lâche. Je m’éloigne. Vite. Il se redresse. Danger. Il jette un poignard. Sa vitesse est surnaturelle. Par terre. Vite. J’ai esquivé. Je me transforme en loup. Aïe. La transformation est douloureuse, comme toujours. Sur lui. Je le tiens. Il ne peut plus bouger. Il est coincé par terre. Je montre les crocs. Je me retransforme. Je matérialise des habits sur moi. Vite. Les lambeaux de ma tenue précédente gisent par terre. Dommage, je l’avais bien réussie. Je sens sa peur. Essayons de le déstabiliser pour obtenir des informations : « Je pensais qu’un garde du corps professionnel ne ressentait pas de peur et ne relâchait jamais sa garde ». Je souris. Il est surpris : « De quoi parles-tu? ». Je souris : « Vous étiez honnête tout à l’heure, quand vous avez dit que vous étiez mon futur instructeur. J’en ai déduit que vous étiez un garde du corps. Vu votre réaction, mon hypothèse était correcte. Vous comptez me dire ce que vous attendez ou je continue à vous plaquer ? ». Je souris de nouveau. C’est important la convivialité. D’ailleurs, ça marche : il sourit. Quelqu’un arrive. Je me transforme. J’en ai marre. C’est fatiguant de matérialiser des fringues. Deux tenues en une après-midi. Je vais être fatiguée demain. C’est pas pour rien que normalement je les couds mes tenues. Bon, revenons à nos moutons. Je marche sur l’homme en me tournant vers le nouveau venu qui est en fait une nouvelle venue. Je grogne. La femme parle à l’homme : « Vassilis, qu’est-ce qui s’est passé ? Je m’attendais à mieux. ». On dirait que mon futur instructeur s’appelle Vassilis. Elle me regarde et me parle : « Tu as réussi ton examen jeune louve, comment t’appelles-tu ? ». Je visualise une tenue militaire, me transforme et la matérialise. Je cesse de plaquer l’homme avant de répondre : « Je m’appelle Katlyn. Ça me surprend que vous ne connaissiez pas le nom des candidats ». L’homme, Vassilis parle à son tour : « Cette jeune femme est incroyable, Kena. » Ah, la femme s’appelle Kena « Elle a senti ma présence avant même que je ne rentre et je pense qu’elle t’a perçue dès que tu es arrivée dans le couloir. » Je suis flattée. « Elle perçoit également les sentiments. » Bon, on dirait qu’il a deviné que je savais qu’il était honnête grâce à ses sentiments. Il a de bonnes capacités de déduction mais je n’en attendais pas moins.
1Dans ce livre, la personne protégée sera appelée le principal.
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