Avec la prohibition, la vente illégale d’alcool est devenue une activité très lucrative aux maritimes. Le bootlegger est devenu un personnage de folklore incontournable. Antonine Maillet a créé Mariaagelas, Chris Leblanc a fait un documentaire sur eux, Gerald Leblanc et 1755 en ont parlé dans leur chansons.
Et y’a Cayouche. Lui, c’est la mascotte des bootleggers!
D’habitude, j’ai une sainte horreur de la musique country. J’ai lu Victor Hugo, Dante ou Maurice Druon!
...mais j’ai jamais eu besoin ni de Hugo, ni de Dante ni de Druon. Cayouche, avec ses vers analphabetes et son accent acadien, per exemple, lui j’en ai eu besoin.
J’en ai eu besoin parce que y’a un problème d’alcool et de dépendances dans ma famille qui s’étale sur des générations, moi y compris. Deux de mes oncles étaient bootlegger et après chaque brosse, ma grand-mère appelait à la maison: “Vous étiez encore partis, mes deux saoulons!?!” Beaucoup de gens pensent encore comme ça, en Acadie comme ailleurs. Mon père tenait le même genre de réflexions sur les problèmes de consommations de mes frères et j’ai dit ma part de conneries moi aussi.
C’est compréhensible, c’est humain...mais pas ben ben utile.
Entre le moralisateur qui a raison mais qui te crache dessus et le codépendant qui t’accuses de laisser tomber la gang si tu bois pas, Cayouche est là avec son humour, sa voix chaude et ses trois accords pour donner une leçon de modération, d’égal à égal, pas faite pour être dite par vos académiciens;
“L’alcool au volant c’est criminel,
la bière vient chaude pis la poche te gèle,
Si tu bois en drivant, t’est tout l’temps arrêté
A toute les cinq miles pour pisser
C’est l’fun a prendre une bière
Des fois, même deux
On a du fun quand’s qu’on est su l’bootlegger
Mais c’est quand tu timbes dans l’chemin
Avec un char dedans les mains
C’est la que tu deviens dangereux!”
Bref, il nous parle comme ce que vos academiciens appellent “un ami” mais qu’en Acadie on appelle “un chum”.
Comments (0)
See all