Vers 1992 je savais que quand mes parents débarquaient chez l’oncle Raymond “pour une minute”, c’était pour y rester la fin de semaine et je refusais de sortir de l’auto! Je me plantais dans le back seat comme un hippie en plein sit-in et refusais de bouger. Non madame!
Je savais pas encore ce que les mots “alcooliques” ou “ivrogne” voulaient dire, même si je les entendait souvent dans les chicanes d’adultes. Je l’ai appris d’un demi-frère adolescent qui me gardait quand mes parents étaient partis et j’ai eu une relation très positive avec lui. Il m’a montré une autre façon de voir les “saoulons”, les “ivrognes” quand j'ai trouvé un dépliant sur ce qu’on appelait a Tracadie le "détox”, l’aile de l'hôpital qui fait face à la rivière.
-“Le cen-tre de trai-te-ment des dé-pen-dances off-re des soins aux gens souf-frant d’al-coo-lisme, de to-xi-co-ma-nie, ou de pro-blè-mes de jeu. C’est quoi une dépendance?
-Une dépendance, c’est quand quelqu’un boit trop ou prend trop de drogue pis c’est une maladie qui se soigne.”
Des années plus tard, ma nièce m’a demandé: “Pourquoi t’a toujours l’air endormie?”. Un an et une thérapie après ça, je lui ai dit: “Matante était tout l’temps fatiguée parce qu’elle fumait trop. On appelle ça une dépendance mais matante a été chercher de l’aide pis ça va mieux.”
On arrange pas un problème familial en un mot mais dire le mot, dépendance, pas "soulon" ni “drogué” ça enlève déjà la honte qui nourrit la dépendance elle-même. La honte, ça oblige à cacher des horreurs!
Il y avait un secret mal gardé qui circulait sur mon oncle. Le genre de secret qu’on dit pas dans un village, on dit juste “Tu sait...” ou une platitude homophobe comme “Qu’est ce que tu penses que deux t*pettes faisent ensemble, anyway?”
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