2019. J’avais une histoire de pirates en tête depuis un moment. J’avais vu un documentaire sur l'âge d’or de la piraterie dans les Caraibes et les dates, les guerres et les traités que j’y avaient vu étaient les mêmes qui avaient rythmé le Grand Dérangement.
J’arrête pas d’en parler! A chaque fois que je vais voir ma friend de pot, j’arrête pas de lui parler de cette histoire que je prépare. Elle semble pas trop comprendre mais sourit parce qu’elle comprend que j’adore dessiner. Je lui en parle jusqu'à ne plus comprendre ce que je dis…

Oh, juste un soir, une fois de temps en temps…

Au hasard de Youtube, je trouve un des films que mononc’ avait enregistré pour moi et pour une autre fois, je pense “Oui, y’a fait des choses horribles, mononc’ Raymond mais y’était l’f…”

Oh, ciboire, Cynthia! Qu’est ce que tu penses qu’un pédophile pouvait bien faire avec des films pour enfants?

Trente ans plus tard, je savais moi aussi ce que c’est de se mentir pour avoir juuuuste un petit peu de dopamine, juste pour un soir le temps de tromper la solitude un soir après l’autre pendant que sa vie part à la dérive.
Je savais ce que c’était que d’avoir oublié le bonheur et de le remplacer par une substance.
C’est là qu’il m’est apparu comme un monstre conscient du pouvoir que l’alcool lui donne sur ses proches et qui s’en est servi pour violer leurs enfants. Un parfait personnage pour mon histoire de pirates.

Les communautées rurales ont tendance a faire comme si les drogues, l’abus sexuel et autres dépravations n’existent que dans les grandes villes alors qu’à la campagne tout est bon, tout est beau, tout est sain. En plus, les acadiens sont romancés comme un beau petit peuple tout cute, tout innocent depuis Longfellow jusqu’à Wilfred Lebouthillier en passant par La Sagouine mais on est pas des personnages de romans, ni des attractions touristiques.

On est juste des humains.

Des humains avec un passé qu’il faut guérir.