Nantes, janvier 2019. Une brise frigorifiante parcourait les toits de la Faculté de Droit.

“Mais madame, on a déjà trois notes ce semestre-ci dans votre matière !”

“Ah mais ce n'est pas mon problème ! Votre diplôme est proche, vous avez donc tout intérêt à donner un coup de collier.”

Un brouhaha se fit entendre dans la salle de classe alors que le cours s'était terminé. Les étudiants piaillaient à propos de cette quatrième évaluation d'Histoire du droit général, de la virée des bars qui allait s'opérer dans la soirée ou divers ragots plus ou moins croustillants. Ils sortirent en attroupement avant de se disperser après cette dernière heure de cours de la journée. Un étudiant cependant tarda un peu plus que les autres. Il avait prit l'habitude de ranger ses affaires plus doucement pour ne pas sortir au beau milieu de la cohue.

“Monsieur Ravenholdt ?”

“Oui ?” Sursauta l'intéressé.

Il était assez grand, et d'une apparence parfaitement androgyne, fin, svelte, avec de très longs cheveux bruns. Ses yeux bleus glace fixaient d'un air interrogatif madame Herbert, sa professeure qui l'avait interpellé.

“S'il vous plaît, à l'avenir, participez un peu plus à l'oral. Vous avez de très bonnes notes dans ma matière, faites profiter vos connaissances à toute la classe.”

“Hem … Je … Je ne suis pas très à l'aise en public, madame Herbert …”

“Si c'est votre accent qui vous bloque, rassurez-vous, on l'entend à peine”, dit la professeure, le sourire au lèvres. “On aurait peine à croire que vous venez d’Écosse !”

“Ahah … euh … non, je suis juste, hem …”

“Timide ? Ne vous en faites pas, monsieur Ravenholdt, si vous ne voulez pas participer, je ne vais pas vous forcer, mais ce serait profitable à toute votre promotion.”

La quinquagénaire porta son regard sur une petite montre à son poignet.

“Bien, je dois y aller aussi, j'ai des choses à faire. Bonne soirée, monsieur Ravenholdt !”

“Appelez-moi Lys, s'il vous plaît …”

“Vous n'aimez pas votre nom de famille ?”

“Simple préférence …” dit-il, en empoignant son sac. ”Bonne soirée madame, à la semaine prochaine !”

“Bonne soirée à  vous aussi, Lys !”

C’était le mois de janvier. Une légère brise pinçait les joues couvertes de taches de rousseur de Lys. Il marchait d’un pas à la fois rapide et calme. Le ciel était couvert d’un manteau gris clair, et les rues de Nantes étaient bondées de monde. L’heure de pointe battait son plein, les gens sortaient en masse du travail ou de l’école.