La nouvelle fait rapidement le tour de la ville et du district, et les oreilles de Nobanion finissent par entendre parler de cette fameuse prime, et il ne peut s'empêcher de fulminer intérieurement.
{ On a intérêt à ne pas trop se faire connaître des hautes sphères par ici... }
L'homme regarde un peu partout autour de lui, il semble s'intéresser à tout bâtiment en ruines ou encore des maisons abandonnées. Suite à des ragots qu'il a entendu, il décide de se rendre à l'est du district et se rapproche de la mer.
Alors que l'air frais du matin fait frissonner l'homme, ce dernier repense à la jolie fleur qu'il a vue hier.
{ Haaaa... Si seulement je l'avais cueillie... Je pourrai être sous les draps en compagnie d'un corps ardent pour me réchauffer... }
Le visage de l'homme trahit son désir brûlant de charmer et embellir cette femme de sa présence. Mais une odeur de souffre le tire rapidement de son fantasme. Une vision de désolation s'étend à perte de vue devant l'homme: un champ de ruines calcinées et ce sur plusieurs centaines de mètres. Nobanion se met à chercher rapidement des informations mais la seule chose qu'il trouve, c'est que tout semble avoir été purifié par le feu. Il glisse alors ses mains dans ses poches et tente de trouver des habitants.
{ Bordel, quelqu'un doit bien être au courant de ce qu'il s'est passé ici, ce n'est pas possible que tout se soit passé dans le plus grand secret. }
De retour à la périphérie de la catastrophe, l'homme animal se met à errer à la recherche d'une personne d'un âge mûr. Mais quand ce dernier approche, la population s'éloigne rapidement de lui, le laissant un peu seul.
{ Mais ils ont quoi les gens du coin ! Ils sont tous cinglés ou quoi? Je ne suis pas habillé comme un noble non plus... }
L'homme regarde sa bourse et soupire. Il récupère quelques pièces de bronze et se dirige vers un sans-abri et en jette une devant lui.
« Vous savez ce qui s'est passé ici?
— Y'a eu une bataille entre criminels. Et le résultat est ce merdier monumental. »
Le sans-abri récupère la pièce avec un petit sourire en coin quand une seconde pièce tombe devant lui.
« Ha oui, j'me souviens mieux maintenant, c'était un conflit de territoire entre un groupe de pirates et une bande de voleurs du coin. Les combats ont commencé à toucher les civils, la garde est intervenue rapidement, mais ils 'ont pas réussi à contenir le combat.
— Et?
— Je sais plus messire... Ma mémoire se fait vieille vous savez... »
Nobanion râle un peu avant de lâcher une autre pièce.
« Un conflit général s'est créé et a fini qu'lorsque quelqu'un à tout brûlé avec une seule attaque. Les gardes et les deux factions y sont tous passés. Aujourd'hui, tout le monde dit qu'cet endroit est maudit et qu'il doit rester en cendres.
— Quand est-ce que ça a eu lieu ?
— Y a environ 3 mois, la garde est encore à cran à cause de c'genre de choses. »
Nobanion regarde le mendiant et lui donne ses 3 dernières pièces de bronze.
« Merci pour votre petite histoire, monsieur. »
L'homme rit un peu et se met à tousser. De son côté, le renard se gratte la tête.
{ Y a que des mages qui sont capables d'une telle dévastation, je sens que notre intégration va être pénible... Je ferai mieux de demander à Azan des gens spécialisés dans la détection et d'acheter du minerai... Se mettre la population dans la poche serait un plus, et bien que la garde puisse réagir vite, le mieux serait d'être de véritables fantômes... Cette tâche sera longue et difficile... Haaaa... Me faut une jolie fleur pour que je puisse me détendre... }
Dans la partie ouest du district, non loin de la frontière entre les plaines et la ville, le petit homme à la rose semble interroger les habitants. Ce dernier, bien que pas spécialement loquace, semble être investi dans ces recherches. Il ne lui faut pas longtemps pour apprendre où se trouve un groupe de petites frappes. Conscient que les groupes ont forcément plus d'infos que les citoyens, il fait craquer les jointures de ses mains et effectue quelques étirements au niveau des jambes.
{ Attendez-moi mes belles bières, je vais bientôt pouvoir vous savourer sans limite héhéhé. }
Alors que l'homme arrive dans ce qui semble être leur lieu de rendez-vous, il est choqué lorsqu'il voit une femme achever le dernier loubard. Il observe l'attaquante, a la recherche du plus d'informations possible à son propos. De longs cheveux blancs qui descendent jusqu'au milieu du dos, des yeux bleu océan tout comme la couleur de sa veste, plus grande que l'homme de presque trente centimètres, elle se retourne vivement en entendant des bruits de pas.
« Oh j'en ai oublié un? J'espère que tu te défendras un peu mieux qu'eux.
— Euh... Je ne veux pas me battre hein. »
Mais après un déplacement rapide, la femme arrive devant le petit homme et frappe au niveau du ventre. Surpris, il ne pare pas l'attaque et sent son corps se soulever du sol. Projeté au loin, il disparaît soudainement et réapparaît derrière son adversaire, lui assénant un coup de pied dans le creux du genoux. Elle accuse alors le choc, et profitant de l'inertie qui la pousse en avant, elle pose ses mains au sol, et envoie un coup de pied derrière elle, droit dans la garde du petit homme qui glisse en arrière à cause de la puissance de l'impact.
« T'es pas humaine hein.
— Je peux en dire autant de vous
— Je peux connaitre votre prénom?
— Jasmine, et le vôtre?
— Fhritz. »
La femme profite du dialogue pour se mettre en garde face à ce petit être.
{ De la téléportation... Azan m'a interdit d'utiliser mes compétences magiques... J'arriverai pas à le battre sans ça... }
À peine ses réflexions terminées qu'elle récupère un caillou et s'élance rapidement vers Fhritz. Ce dernier disparaît soudainement, mais Jasmine se retourne vivement, ayant prévu ce coup, et lance le caillou. Le projectile heurte l'homme à l'épaule à l'instant où il réapparaît. Il reprend ses esprits pour voir Jasmine juste devant lui, prête à lui décrocher un coup de poing, mais une silhouette dans l'ombre prend soudainement la parole.
« Jasmine ça suffit, il ne fait pas partie de ce groupe. »
Dans un grognement, la femme s'arrête et se retourne.
« Tu ne vas quand même pas m'empêcher de m'amuser non?
— Tu as oublié à qui tu as fait allégeance? »
Fhritz profite de l'échange pour se glisser dans l'obscurité et écouter la conversation.
« Bien sûr que non, Azan.
— Alors laisse-le, il est sûrement là pour la prime des ravisseurs. Rentrons chez nous. »
Jasmine se retourne et s'aperçoit qu'il s'est enfui. L'instant d'après, un bruit de verre brisé se fait entendre et la rue s'illumine, la poussière et les débris sont balayés par un puissant vent froid. Azan et Jasmine disparaissent de l'autre côté du miroir avant de disparaître soudainement sans laisser de traces.
Le temps continue de défiler et Fhritz ne bouge pas. Les membres survivants au tabassage de Jasmine finissent par se réveiller. C'est ce moment que choisissent des inconnus pour arriver sur la scène du massacre.
« Putain c'est qui cette tarée? Elle est dangereuse !
— On a tous failli y passer ! Faut prévenir les libérateurs !
— Ouais, il vont la retrouver et la déchiqueter, cette salope passera un mauvais quart d'heure ! »
Fhritz sourit et se met à suivre les hommes dans l'ombre, ses art de filature et de ténèbres n'étant même pas nécessaires tant ses cibles sont dissipées dans leur colère. Et c'est lorsqu'il arrive dans le centre district que le soleil commence à décliner.
Au même moment, à quelques rues de là, Sharess regarde tristement le contenu de sa bourse.
{ Pfff, malgré les quelques clients que j'ai eu ces derniers jours, pas moyen de mettre de l'argent de côté. Cette auberge est certes pratique, mais c'est un gouffre à pognon... }
Ne pouvant se permettre de vivre au jour le jour, la femme se met à la recherche d'une petite chambre où loger, et ramener ses clients pour leur offrir ses services, le tout à un coup plus modique qu'une nuit à l'auberge. Tout en continuant sa route, une conversation capte l'attention de ses oreilles.
« Tu as entendu parler de ça ? Il va y avoir un festival en ville !
— Tu parles de la fête du renouveau ? Mais ça dure une semaine non ?
— La fête oui, mais le festival, c'est que le premier jour. Paraît qu'la nouvelle prêtresse fera la bénédiction au peuple, c'est dommage qu'on puisse pas y aller... Va encore y avoir le blocus des gardes pour l'inauguration.
— Et on est loin d'avoir les dix-sept pièces de bronze nécessaires... C'est presque deux semaines de salaire... En tout cas, comme ils ont changé de prêtresse, ils vont sûrement mettre le paquet pour la sublimer. Elle sera sûrement magnifique, je me souviens, y a treize ans quand l'ancienne prêtresse est apparue... Sa beauté n'a jamais quitté mes fantasmes.
— Fait gaffe que je dise pas ça à ta femme ! »
Les deux personnes se mettent à rire fortement alors qu'ils avancent tranquillement vers la taverne non loin. Sharess semble se perdre dans ses pensées, quand une veille femme ouvre une porte en bois, d'un bâtiment qui semble relativement mieux entretenu que les bâtisses adjacentes.
« Pfff, satanés règlements de comptes, me voilà avec une nouvelle chambre de vide... La fin de ce mois-ci va être difficile... »
C'est maintenant où jamais, une telle chance ne se reproduira pas deux fois. Sharess se précipite vers la vieille femme qui s'apprête à refermer la porte.
« C'est pourquoi ? Je ne fais pas dans la charité !
— Bonjour madame. »
Sharess s'incline légèrement.
« Je suis nouvelle et...
— Quoi que vous vendiez, je ne suis pas intéressée. »
Alors que la porte allait se refermer, Sharess glisse son pied dans l'ouverture, l'empêchant de se refermer.
« Je cherche juste une chambre où dormir, et je suis prête à payer tant que les bruits ne vous dérangent pas. »
Elle sort sa bourse précipitamment pour lui présenter une pièce d'or.
« Je peux même payer deux semaines à l'avance si vous voulez. »
La vieille semble réfléchir un instant, rouvrant légèrement la porte pour mieux admirer la pièce brillante dans la main de son interlocutrice.
« Du bruit ? Quel genre de bruits ?
— Des grincements de lit ? »
La sexagénaire éclate de rire, ouvrant entièrement la porte.
« Bah, ça me rappellera ma jeunesse, j'ai été une belle femme vous savez, j'avais facilement une dizaine de prétendants qui me tournaient autour, pour obtenir mes faveurs. Ha, c'était la bonne époque, si seulement on pouvait remonter le temps, aucun homme ne pourrait me résister, et je pourrais en profiter. Ha ce Jonathan quel bel homme, enfin surtout son petit c...»
La vielle femme part dans un monologue interminable, et le visage de Sharess devient compliqué à déchiffrer. Pour la couper dans son récit, la danseuse lui présente la pièce dorée, que ma pipelette s'empresse de saisir.
« Eh bien, ça suffira pour les deux prochaines semaines, héhéhé... »
Alors que la porte de la veille femme se referme derrière Sharess, au loin dans la citadelle royale, une autre porte se verrouille, enfermant Inari dans une pièce à la fenêtre agrémentée de gros barreaux d'acier...
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