Le chat géant me posa délicatement sur le sol avant de m'adresser un sourire bienveillant.
“ Que fais-tu ici, d'ailleurs ? Les humains ne sont pas censés être ici, nya. ”
“ Comment ça ? Ce n'est pas le paradis ici ? ” me suis-je demandée, encore troublée.
“ Le paradis ? Bien sûr que non grosse bêta. Ici, nous sommes dans le monde de Nyankou. ”
Nous restâmes un moment à nous observer, chacun perplexe face à la situation.
“ Mais tu viens d'où, alors, nya ? ” insista-t-il.
“ Du ciel, je suppose ? ” ai-je répondu avec un sourire confus, pointant le ciel du doigt sans savoir comment expliquer ma situation.
La nuit commençait à tomber, allongeant les ombres des arbres autour de nous.
“ Il commence à faire nuit. Tu n'as nulle part où aller, n'est-ce pas ? ”
“ Pas vraiment… ”
“ Viens chez moi. Ma mère sera ravie de te rencontrer. ” proposa-t-il chaleureusement. “ Et quand elle me demandera où je t'ai trouvée, je pourrai enfin dire que quelque chose, ou plutôt quelqu'un, est tombé du ciel, nyehehe. ”
Sa blague le rendait visiblement fier, et je dois avouer que c'était amusant.
Encore sous le choc de la journée, mais réconfortée par la présence bienveillante de ce grand chat, j'acquiesçai face à sa proposition. Nous marchâmes ensemble à travers la forêt féerique, éclairée par la douce lueur des lucioles et des champignons bioluminescents.
“ Au fait, je ne t'ai pas demandé, mais comment tu t'appelles, nya ? ”
“ Yui ! et toi ? ”
“ Kumo ! Enchanté, nyehe. ”
“ C'est mignon, Kumo. ”
Après un court trajet, nous arrivâmes devant une charmante petite maison nichée au cœur des arbres. La maison semblait sortie tout droit d'un conte de fées, avec son toit en paille et ses murs de bois recouverts de lierre.
Des décorations félines ornaient l'extérieur : des sculptures de chats, des girouettes en forme de queue de chat, des fleurs plantées dans des pots en forme de patte, des clochettes qui tintaient doucement au gré du vent.
Kumo ouvrit la porte et m'invita à entrer. L'intérieur de la maison était chaleureux et accueillant, décoré de tapis moelleux et de meubles en bois sculpté avec des motifs félins. Une douce lumière dorée émanait de lanternes suspendues au plafond, et des coussins en forme de poissons étaient éparpillés un peu partout.
“ Maman, je suis rentré ! ” appela Kumo.
Une chatte élégante au pelage soyeux et aux yeux verts perçants sortit de la cuisine. Elle s'arrêta net en me voyant, ses yeux s'écarquillant de surprise et d'incompréhension.
“ Une humaine ? Mais que fait-elle ici, Kumo ? Où l'as-tu trouvée ? ” demanda-t-elle en s'approchant de moi avec curiosité.
Impatient de sortir sa blague, Kumo répondit fièrement :
“ Tu ne vas pas me croire, mais elle est tombée du ciel, nyehehe. ”
La blague ne semblait pas amuser la chatte, qui regarda Kumo avec un air embêté. Est-ce si grave que je sois ici ? Vu leur réaction, il semblait que les humains étaient rares dans ce monde.
La chatte se tourna vers moi avec un regard doux et accueillant.
“ Je suis Mizu, la mère de Kumo. Bienvenue chez nous, ma chérie. ”
“ B-bonsoir, madame Mizu. ” dis-je timidement, légèrement intimidée par sa présence gracieuse.
“ Oh, mais tu es toute trempée ! Tu vas t'enrhumer si tu ne te changes pas rapidement. Viens, je vais te montrer où tu peux prendre une douche et te changer. ” dit-elle avec une gentillesse maternelle qui réchauffa mon cœur.
Mizu me conduisit à une petite salle de bain charmante. Elle sortit des vêtements de poupées, parfaitement adaptés à ma taille.
“ Ces vêtements de poupées devraient te convenir. Ils sont peut-être petits pour nous, mais parfaits pour toi. ” dit-elle en souriant.
Après une douche chaude et réconfortante, je mis les vêtements de poupée. Ils étaient étonnamment confortables, bien plus agréables que les vêtements que j'étais forcée de porter dans mon monde.
Je pouvais bouger librement mes jambes et mes bras dans ce pull roux avec des oreilles de chat sur la capuche, et ce short gris avec un queue de chat à l'arrière. Mes mouvements me semblaient si légers et libres.
Je me regardai dans le miroir, m'apprêtant à faire une queue de cheval, mais je m'arrêtai net en relâchant mes cheveux. Finalement, j'optai pour une natte plutôt qu'une queue de cheval. Plus rien ni personne ne m'obligerait ici à faire cette maudite queue de cheval douloureuse.
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Je rejoignis Kumo et Mizu à table, où un festin m'attendait. Les plats étaient magnifiquement présentés, et l'odeur délicieuse éveillait mes papilles. Parmi les mets, je reconnus des plats que j'avais toujours rêvé de goûter, mais que ma mère ne m'avait jamais permis de manger.
Il y avait des sushis variés, du tempura croustillant, des onigiris garnis de saumon et de thon, du katsudon avec son porc pané juteux, et des takoyakis bien dorés. Un bol de ramen fumant, avec ses nouilles moelleuses et son bouillon savoureux, trônait au centre de la table. Des mochis colorés et des dorayakis garnis de pâte de haricots rouges faisaient office de desserts.
“ Yui, c'est bien ça ? Viens à table, on t'attendait. J'ai préparé quelques plats, j'espère qu'ils te plairont ! ”
Quelques plats ? C'est tout un festin là !
Mizu m'invita à table avec son sourire chaleureux qui pourrait réchauffer n'importe quel cœur glacé. J'étais émerveillée par tous ces plats, mais encore un peu incrédule à l'idée de pouvoir en manger.
Je pris une bouchée de sushi, et la saveur fraîche du poisson fondit dans ma bouche. C'était tellement bon que je ne pus retenir un soupir de satisfaction. Mizu m'observait attentivement.
“ Est-ce à ton goût ? ” demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude.
“ Oui, c'est délicieux ! ” répondis-je, les larmes montant à mes yeux.
“ Ma chérie, tu es sûre que c'est bon ? Je peux te faire autre chose si tu le désires. ”
Elle semblait perdue en voyant mes larmes, pensant que je pleurais parce que la nourriture ne me plaisait pas.
“ Non, non, madame, c'est vraiment trop bon. Vous êtes la meilleure ! ”
“ Nyehehe, la cuisine de ma maman est vraiment la meilleure ! ” dit Kumo en avalant une grosse bouchée de katsudon, visiblement fier de sa mère.
Cela faisait si longtemps que je n'avais pas mangé quelque chose d'aussi bon et que je désirais réellement. Pouvoir partager un repas aussi chaleureux… Je me demande à quand remonte la dernière fois que j'ai mangé comme ça? Cela me faisait fondre le cœur, je ressentais un apaisement.
Mizu sourit doucement et ajouta une portion de katsudon dans mon assiette.
“ Mange autant que tu veux alors, Yui. Contente que ma cuisine te plaise, c'est bien la première fois que quelqu'un pleure de joie pour ma cuisine. ”
Je continuai à manger, chaque bouchée un délice, tandis que des larmes de joie coulaient sur mes joues. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais aimée et acceptée, comme si je faisais partie de cette famille étrange mais merveilleuse.
Autour de cette table, dans cette maison enchantée, je trouvais un peu de la liberté et de l'affection que j'avais toujours recherchées. Et bien que le chemin à venir soit encore incertain, pour cette nuit-là, je savais que j'avais trouvé un refuge, un endroit où je pouvais enfin être moi-même.
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Après le repas, Mizu me conduisit à la chambre de Kumo. Elle prépara une place à côté de lui pour que je puisse dormir. Après avoir enfilé nos pyjamas, nous nous glissâmes dans des futons moelleux.
Le plafond de la chambre était en verre, offrant une vue imprenable sur le ciel étoilé.
“ La vue est si… ”
“ Magnifique, n'est-ce pas ? nyehehe ”
Allongée là, je me rendis compte que ce n'était pas au paradis que j'avais atterris, bien qu'en apparence ça y ressemblait.
Je réalisai alors que je n'étais pas morte, mais que j'avais potentiellement traversé un portail m'amenant dans ce monde. Alors le lac était potentiellement une sorte de portail entre deux mondes? Peut-être avais-je complètement disparu de la Terre.
Je me demandais comment mes parents allaient réagir, puis je me dis qu'au final, cela m'importait peu.
Épuisée par cette journée harassante, le sommeil me prit rapidement.
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Du côté de Mizu, après avoir quitté la chambre, elle semblait inquiète et perturbée par ma présence dans ce monde. Elle savait que ma présence ici ne présageait rien de bon pour moi, une humaine.
“ Ce n'est pas bon… pas bon du tout. J'espère qu'il n'est pas encore trop tard. Je devrais aller prévenir le gardien… ”
Mizu, par crainte, décida qu'elle se mettrait en route tôt le matin, pour rencontrer le gardien de ce monde, afin de régler le problème et me permettre de retourner d'où je viens.
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